En 1879 l’administration de l’Assistance publique de Paris passa convention avec Pierre Cornu pour qu’il prît en charge un certain nombre d’enfants dans le but de désengorger le grand hôpital maritime. Aussi Pierre Cornu procéda-t-il cette année-là à un agrandissement de son établissement dont la capacité d’accueil n'excédait pas une cinquantaine de lits. Cette capacité d'accueil se vit doublée à la suite de ces travaux d'agrandissement. Une gravure, datée de 1880, montre l'édifice tel qu'il se présentait alors. Face à l'afflux de petits malades adressés par l’Assistance publique de Paris, un second agrandissement fut exécuté dès 1884, ce qui permit d’atteindre le triple de l’effectif initial, soit cent cinquante lits. Outre les patients adressés par l’Assistance publique de Paris, l’établissement recevait des enfants moralement abandonnés que lui envoyait l’administration des enfants assistés du département de la Seine. Au surplus, cette même administration lui expédiait, pendant l’été, des pupilles de la ville de Paris afin que ceux-ci séjournassent un ou deux mois au bord de la mer. L’établissement fut acquit, en 1890, par madame Bouville et, après ce rachat, se trouva désigné désormais sous le nom d’hôpital Bouville. Après la construction en 1902 par la famille Bouville d’un second l’hôpital, les locaux de l’ancienne maison Cornu furent affectés aux services de quarantaine et d’isolement de la nouvelle entité hospitalière désormais double. L’édifice fut cédé en 1911 par la famille Bouville à Charles Lemaire et, à partir de ce moment, rebaptisé clinique orthopédique Lemaire. Durant la Première Guerre mondiale, l’établissement se trouva réquisitionné par l'armée française et devint l’hôpital militaire temporaire numéro 43.
Dans les années 1920, Charles Lemaire procéda à l'acquisition d'un terrain circonvoisin à son hôpital, situé de l'autre côté de la rue Pierre-Cornu, et y fit édifier une annexe réservée exclusivement aux filles, qui disposait d'un grand jardin. Il semble qu'un corps de logis haut de deux étages, qui se dressait sur ce terrain en bordure de la rue Pierre-Cornu, ait été réutilisé pour abriter cette annexe et qu'il ait été simplement prolongé sur l'arrière par une aile neuve en retour d'équerre, élevée d'un seul étage. Les larges baies vitrées de cette aile sont en effet davantage conformes au style de l'époque que les fenêtres du corps de logis principal qui correspondrait ainsi à une maison plus ancienne. En avant de la façade du même corps de logis donnant sur la rue Pierre-Cornu fut établie, au niveau du rez-de-chaussée, une large terrasse en béton armé reposant sur des poteaux. Cette terrasse formait auvent pour la galerie de cure du rez-de-chaussée, mais était complétement découverte au niveau du premier étage où elle servait de solarium.
Charles Lemaire agrandit ensuite l’édifice d’origine, voué donc désormais à l’accueil exclusif des garçons, en lui ajoutant, sur l’arrière, deux longs corps de bâtiments parallèles, élevés chacun de deux niveaux et dotés d’une large galerie de cure à l’étage. Ces travaux de construction furent exécutés en 1933-1934 sur les plans des architectes César Michel et Jules Chiossone par l’entreprise Maurice Debosque, concessionnaire de la société de béton armé Hennebique. Ce fut probablement lors de ces travaux d'extension de l'ancienne maison Cornu que le corps de logis de l'annexe réservée aux filles, donnant sur la rue Pierre-Cornu, fut l'objet de profonds remaniements : les ouvertures de la façade sur rue furent alors entièrement repercées : de larges baies barlongues furent substituées aux fenêtres oblongues sur chacun des trois niveaux, faisant passer le nombre de travées de six à quatre. Par ailleurs une courte aile haute d'un étage, fut accolée au flanc gauche du même bâtiment sur rue pour y loger un escalier plus ample que le précédent ainsi que des locaux pour y installer des sanitaires.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale l’établissement se trouva occupé, du moins pour partie, par l’hôpital municipal qui venait d'être tout juste fondé. Cet hôpital s'installa dans l'ancienne annexe réservée aux filles dont les bâtiments furent modernisés en 1951 sous la conduite de l'architecte André Messager. En 1952 les bâtiments de l’ancienne maison Cornu furent rachetés par la caisse régionale de sécurité sociale pour le dédier à une fonction médico-sociale, à savoir un centre de post-cure et de réadaptation fonctionnelle pour anciens malades, baptisé dès lors centre La Mollière, qui fut installé en en ces murs en 1953 et qui est toujours en activité de nos jours comme institution de formation pour handicapés. Quant au bâtiment annexe construit originellement pour recevoir des filles, il continua pendant longtemps à abriter l’hôpital municipal jusqu’à ce que ce dernier quittât les lieux en 1980 pour aller emménager dans des locaux plus spacieux qui lui étaient concédés par l'Assistance publique de Paris dans un corps de bâtiment du grand hôpital maritime. Le bâtiment annexe fut, par la suite, abattu.
Né en 1950 en Algérie. Titulaire d’un doctorat en médecine - thèse soutenue en 1995 : « Histoire et architecture des amphithéâtres d’anatomie et des salles de dissection à Paris sous l’Ancien Régime » -, d’un certificat de médecine tropicale-santé dans le monde, d’une licence de langue et civilisation arabe, enfin d’un D.E.A. d’histoire de l’art soutenu en 1999 : « Histoire des locaux destinés à l’enseignement de l’anatomie dans les institutions parisiennes : de la création de l’École de santé de Paris à la construction du premier institut d’anatomie (1794-1832) ».
Après sa réussite au concours de conservateur du patrimoine en juin 1985, Pierre-Louis Laget a occupé de 1985 à 2017 un poste de chercheur dans le service de l’Inventaire de la Région Nord-Pas-de-Calais (puis Hauts-de-France).