Les types d’habitat

La grande majorité des exemples d’habitat ancien de Froissy ne sont pas antérieurs au XIXe siècle et se composent principalement d’un logis sur rue, modèle caractéristique de ceux de l’artisan et du commerçant. C’est d’ailleurs cette forme d’habitat qui est la plus nombreuse dans le village. Viennent ensuite les fermes anciennes et enfin quelques maisons de notables à l’architecture qui se démarque.

Une majorité de commerces et d’artisans le long de l’axe nord-sud (rue de Beauvais et rue de Provinlieu)

                Les commerces encore visibles

Les cartes postales du début du XXe siècle et les renseignements fournis par monsieur Claëys permettent de localiser et qualifier la plupart des anciens commerces de Froissy, toujours visibles dans les années 1950. Ils sont alors soit toujours en activité, soit reconnaissables à leurs devantures, et se situent le long de l’axe nord-sud (rues de Beauvais et de Provinlieu). Le magasin et/ou le logis donnaient directement sur la rue.

Dans la rue de Provinlieu, outre l’ancien Hôtel de la Croix Blanche puis magasin Hua reconstruit dans les années 1950 (voir ill.), l’actuelle pizzeria (n°5) a remplacé l’Hôtel de la Gare. Une droguerie se trouvait juste après, au n°9. Une pompe à essence était installée devant. Le n°4 était un café-tabac. Sa devanture est toujours en place (ill.). Un magasin de vêtements se tenait au n°1 de la rue de Troussures. À l’intersection avec la rue du Château se trouvait un garage avec pompes à essence (n°14).

Dans la rue de Beauvais une boulangerie est toujours ouverte (n°5). Une caisse d’épargne était localisée juste après (n°9). Deux épiceries se faisaient face (n°15 (ill.) et n°16). Une quincaillerie était installée au n°24 et juste à côté une droguerie avec un magasin de peinture (n°28). La supérette (enseigne Vival) au n°21 était un ancien hôtel-restaurant et encore avant un relais de poste (visible sur une ancienne carte postale). Le n°27 est occupé par une pharmacie. Un peu plus loin se trouvait une épicerie "La Ruche", à la place du salon de coiffure (n°35). Une boulangerie se situait au n°42 et une charcuterie au n°46. Le n°52 était une station-service dont le bâtiment en retrait de rue est toujours reconnaissable. Une dernière pompe à essence se trouvait à la sortie sud, au n°61.

La rue de l’Église comptait une boucherie (n°2), un café (n°12) et un coiffeur (n°10), tandis qu’une barbière (n°3 (voir ill.)) et un café-épicerie (n°2) étaient installés dans la rue de la Plaine.

                Les maisons d’artisans

En réalité, il est difficile de distinguer fermes ou maisons d’artisans avec les ateliers en raison des ressemblances entre ces formes d’habitat. Il faut avoir à l’esprit que les villages comptaient une majorité de paysans-artisans, le plus souvent en lien avec les activités textiles. Ainsi, une famille d’artisan pouvait très bien cultiver un lopin de terre et avoir ses propres animaux et donc habiter dans ce qui peut être appelé une ferme. De plus, un charpentier pouvait très bien travailler dans une ancienne ferme, naguère habitée par un cultivateur. Toutefois, une constante se retrouve dans l’habitat des artisans de Froissy : le logis est directement aligné sur la rue. Les renseignements fournis par monsieur Claëys et madame Hua ont permis d’identifier plusieurs anciens artisans de Froissy.

La rue de Beauvais comprenait un menuisier (n°1 rue du Moulin), un horloger (n°36), un bourrelier (n°18b) et un maréchal ferrant (n°15). Dans la rue de Provinlieu, un cordonnier était situé à côté de la droguerie au n°13. Enfin, la rue de l’Église était occupée par un menuisier (n°7b) et un maçon (n°26). Ce dernier a construit la salle des fêtes. D’autres habitations avec leur logis sur rue, prolongé par une entrée charretière, ont pu être relevés comme par exemple les n°1 et 3 (voir ill.) de la rue du Château.

Un petit nombre de fermes

Même si les cultivateurs sont nombreux dans les recensements de population du XIXe siècle, le nombre de fermes diminue fortement après la Seconde Guerre mondiale et très peu d’exemples demeurent dans le village.

Comme ailleurs sur le plateau picard, les anciennes fermes à la forme toujours reconnaissable sont soit "picardes" avec leur logis en fond de cour et leur grange sur rue (n°15 de la rue de Provinlieu, n°2 de la rue de Troussures (voir ill.), n°29 et 31 rue de Beauvais (voir ill.)), soit organisées autour d’une vaste cour fermée (n°9 rue de la Plaine, n°59 rue de Beauvais, ancienne ferme au n°20 de la rue de Provinlieu, aujourd’hui habitation et fleuriste).

Plusieurs maisons de notables

Froissy comptait quelques familles de médecins ou notaires dont sont issus plusieurs maires de la commune. Les demeures de notables sont plus nombreuses que dans d’autres villages de l’ancien canton.

La demeure la plus remarquable est celle de la famille Taboureux, qui a compté des notaires, avocats et maires de Froissy. Elle est située dans la partie sud-est du carrefour. Elle est épargnée par les bombardements de 1940. Seules les anciennes écuries ont été touchées par des impacts d’obus toujours visibles dans le bâtiment en brique aligné sur la rue du 8 mai 1945. L’ancienne orangerie de ce manoir se trouvait en face, de l’autre côté de la rue. Sur les cartes postales, cette demeure est nommée "Le Château", "Les Acacias" puis "La Source".

Une autre maison de notables est implantée dans la rue de Provinlieu juste après le carrefour (au n°2). En retrait de rue, elle adopte le vocabulaire de l’architecture classique avec ses toitures à croupes brisées et son toit-terrasse au-dessus d’un pavillon latéral. Au n°8 de cette même rue, une maison de style anglo-normand du début du XXe siècle est alignée sur la rue (voir ill.). Elle est parée d’un décor de céramique et de briques qui forment des motifs géométriques en façade. L’ancienne maison du notaire Dedreux, rue de Beauvais, adopte le même style (n°45 de la rue de Beauvais (voir ill.)).

Au n°2 de la rue de Troussures se trouve la maison d’un ancien huissier et notaire. Aligné sur la rue, le logis à étage, en brique, a son entrée côté rue.

Dans la rue de l’Église se trouve la maison du médecin Sommaire (n°17, voir ill.). Alignée sur la rue, c’est une imposante maison en brique sur solin de pierre de taille. Un peu plus loin, juste à côté de l’église, se dresse la demeure de la famille Vasselle avec son vaste parc (n°23). Le logis est implanté dans la cour, perpendiculairement à la rue, et est accessible par un portail en brique bordé de deux entrées piétonnes et fermé par une grille en fer. 

Les évolutions dans l’emploi des matériaux de construction

Le pan de bois et le torchis sont les matériaux de construction traditionnels. À Froissy, ils se retrouvent dans les anciennes fermes picardes (n°29 et 31 de la rue de Beauvais (voir ill.)) ou les logis sur rue (n°14 (voir ill.), 32 rue de Beauvais (voir ill.), n°33 rue de Provinlieu (voir ill.) ou n°9 à Petit Froissy). Les entrées des habitations comprennent parfois des portes charretières au traitement soigné (n°15 de la rue de Beauvais (voir ill.)) ou des impostes ornées de motifs géométriques dessinés par un agencement particulier des poutres (n°46 avec une imposte ajourée portant la date de 1836 (voir ill.) ou n°51 de la rue de Beauvais). Au n°18 de la rue de Beauvais (voir ill.) le portail a conservé ses chasse-roues (gros blocs de pierre permettant de rediriger les roues des charrettes lors de leur passage par l’entrée charretière).

Les constructions anciennes de Froissy sont toutefois majoritairement en brique. La diffusion de ce matériau s’accélère à partir de la seconde moitié du XIXe siècle sur l’ensemble du plateau picard. Ainsi, des bâtiments de ferme sont reconstruits avec ce matériau : grange sur rue du n°18 de la rue de Beauvais (voir ill.) avec ses larges arcs en anse de panier en pierre, grange sur rue du n°2 de la rue de l’Église (voir ill.), tout comme plusieurs maisons (n°24 et n°17 de la rue de l’Église). De nombreuses maisons datent du premier quart du XXe siècle comme les n°15 (voir ill.) et n°46 de la rue de Beauvais (linteaux métalliques au-dessus des ouvertures) ou les constructions de style anglo-normand (n°45 de la rue de Beauvais, n°8 de la rue de Provinlieu (voir ill.)).

Les bâtiments reconstruits en brique dans les années 1950 après les bombardements de 1940 sont localisés autour du carrefour : poste, perception, mairie, magasin Hua (voir ill.) et dans la rue de Beauvais (n°4, n°6 et n°8).

Enfin, l’ensemble des maisons édifiées dans le cadre des programmes de lotissements initiés à partir des années 1960 emploient le béton, matériau privilégié de nos jours (quartiers autour du collège, le long de la rue de Crèvecœur, autour du Clos et dans le lotissement des Hallaux).