Les typologies d’habitat
Village où les activités agricoles sont majoritaires dès les premières décennies du 19e siècle, Campremy compte une majorité de fermes dont certaines sont encore visibles aujourd’hui malgré l’exode rural et la chute de la population à partir de la seconde moitié du 19e siècle.
Une majorité de fermes
La forme la plus fréquente est celle de de la ferme picarde avec sa grange et son entrée charretière sur la rue et son logis en fond de cour. Elle est majoritaire dans la rue Neuve (n°2 (ill.), 6 (ill.), 7bis, 26, 31) ainsi que dans la rue Jeannette (n°9, 11 (ill.) et 13 (ill.)). Rue des Belles Dames, le n°10 relève également de cette typologie.
Concernant la grange alignée sur la rue, deux portes charretières peuvent la percer, celle de la grange proprement dite et celle permettant d’accéder à la cour (n°6, rue Neuve et 9, 11 et 13 rue Jeannette).
Les dimensions des granges sur la rue donnent une idée de la taille de l’exploitation agricole. Ainsi, celles de la rue Jeannette renvoient à des fermes de grande taille, tandis que le n°31 rue Neuve révèle plutôt l’existence d’une petite exploitation. Ce sont toutefois les bâtiments des exploitations de taille moyenne qui sont surtout conservés aujourd’hui (n°6 ou 7bis rue Neuve par exemple).
Le second type de fermes renvoie aux exploitations de très grande taille dont les bâtiments s’organisent autour d’une cour. À Campremy, deux exemples de ce type ont pu être identifiés. Ces fermes étaient présentes sur le plan de 1872 qui illustrait le projet de déplacement du presbytère à son emplacement rue des Belles Dames (AD Oise : 2 O 19530). La première ferme de ce type toujours en place se trouve sur la place, contre la mare (20 rue des Belles Dames). Sur le plan de 1872, elle forme un quadrilatère complètement fermé. De nouveaux bâtiments sont construits à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle comme le montre le cadastre de 1934. Il reste aujourd’hui le bâtiment agricole longeant la mare ainsi que ceux qui sont alignés le long de la rue des Belles Dames dont l’un, en pierre de taille, semble être le plus ancien.
La seconde ferme à cour se situe autour de l’église (3 rue de l'Église). Sa proximité avec le centre paroissial pourrait faire remonter son origine au Moyen Âge où elle a pu constituer un domaine seigneurial. Le plan de 1872 indique la présence d’un pigeonnier dans la cour, construction réservée aux seigneurs.
Maisons d’artisans et magasins de commerce
Les habitations d’artisans sont reconnaissables grâce à la présence d’ateliers. Tel est par exemple le cas du n°7 rue des Belles Dames où les baies des ateliers (vitrées de plusieurs fins panneaux de verre) sont aisément identifiables.
Ce sont également les formes des baies qui permettent de reconnaître les anciens commerces (cafés, épiceries, débits de boissons). Rue de la Gare, plusieurs habitations ont pu être d’anciens magasins de commerce. L’ancien café de la Gare est toujours conservé au n°14 (ill.). Le n°9 semble également être une ancienne boutique (ill.).
Les demeures du village
Des demeures en brique à étage de la seconde moitié du 19e siècle appartiennent à cette catégorie comme l’ancien presbytère, n°12 rue des Belles Dames, la maison à côté de la mairie-école (n°9 rue de l’École (ill.)) ou encore la demeure au n°8 rue des Belles Dames ((ill.) ancienne habitation du patron de la briqueterie cité dans cette rue ?).
Il convient également de signaler que les logis des fermes à cour citées ci-dessus sont de véritables demeures de notables comme pour celui de la ferme de l’église qui comprend plusieurs travées ordonnancées et un étage. Ces demeures bénéficient de la diffusion de la brique dans la seconde moitié du 19e siècle.
Les matériaux de construction
Torchis, pierre et bois
Il reste peu d’exemples de bâtiments en torchis et pan de bois, matériaux traditionnels les plus anciens et les plus employés pour l’habitat ordinaire. Il est toutefois possible de relever plusieurs de ces constructions dans la rue Neuve par exemple (n°4, 6 ou 31). La présence de la pierre taillée ou sous forme de moellons est plutôt signe d’ancienneté et/ou de prestige pour le bâtiment car la brique la remplacera dans la seconde moitié du 19e siècle. La pierre calcaire de qualité est en effet rare dans la région et son usage est réservé aux bâtiments prestigieux (église) ou aux propriétaires aisés (bâtiment agricole de la ferme à cour rue des Belles Dames, logis n°1 rue de l’École (ill.), logis n°2 rue de l’Église (ill.)). Le démantèlement de châteaux ou manoirs seigneuriaux dans la première moitié du 19e siècle a permis la reconstruction de nombreux bâtiments dans les villages.
Ainsi, la présence de pierre employée seule dans les solins (n°6 rue Neuve) est un signe d’ancienneté de l’implantation du bâtiment car la brique l’a souvent remplacée par la suite. Elle reste souvent employée conjointement à cette dernière pour assurer une meilleure stabilité aux fondations (n°31 rue Neuve).
L’usage du bois ne se retrouve pas seulement dans la structure des bâtiments, il est également utilisé en essentage afin de protéger les maçonneries en torchis des intempéries (n°9-13 rue Jeannette). Enfin, les portes charretières sont l’occasion pour les charpentiers et menuisiers d’exprimer leur art (imposte ajourée pour la porte piétonne du n°6 rue Neuve, caractère monumentale des portes charretières à deux battants).
La diffusion de la brique à partir de la 2e moitié du 19e siècle
La brique se généralise dans la seconde moitié du 19e siècle, notamment grâce à l’activité de la briqueterie du village. Ce matériau est alors employé pour des constructions nouvelles, tant pour des équipements publics (mairie-école, gare, bâtiment des pompes), que pour des demeures de notable à étage (demeures citées ci-dessus rue des Belles Dames, logis des fermes à cour), des bâtiments agricoles (bâtiments alignés sur la rue de la ferme n°2 rue Neuve, bâtiments des deux fermes à cour), logis (n°15 rue de la Gare (ill.)) ou encore des commerces (Café de la Gare, n°14 rue de la Gare (ill.)). Ce matériau est majoritaire dans les constructions jusqu'aux années 1950 (maison n°6 rue de la Gare (ill.)).
Les matériaux de couverture
Si dans le premier tiers du 19e siècle les toitures de Campremy sont majoritairement couvertes de chaume (en 1831, sur 113 maisons, 71 sont couvertes en chaume), ce nombre tend à baisser au milieu du siècle (en 1861, seules 7 maisons sont en chaume sur 118 maisons). Cette évolution est commune à tous les villages de la région.
De plus, l’installation d’une briqueterie-pannterie (fabrication de tuiles pannes) à Campremy a certainement permis une diffusion plus rapide et généralisée de la tuile dans le village. Plusieurs bâtiments sont encore couverts de tuiles pannes aujourd’hui (n°5 rue de la Place, n°31 rue Neuve par exemple).
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).