Les typologies d’habitat
Les fermes
Le plan terrier de la seigneurie de Cormeilles, levé au 18e siècle, ainsi que la copie du cadastre dit napoléonien (2e tiers du 19e siècle) illustrent bien, en particulier le long de la rue du Sac, cet alignement de granges le long de la voie, typique des villages picards. En effet, la ferme picarde traditionnelle avec sa grange percée d’une entrée charretière et son logis en fond de cour a bien été le type d’habitat principal à Cormeilles. De telles fermes étaient les sièges de petites et moyennes exploitations, sur lesquelles pouvaient vivre autant des familles de cultivateurs que des ménagers ou manouvriers employés à l’extérieur. Plusieurs sont encore visibles dans le village, qu'elles soient le siège d'importantes exploitations (n°11 rue du Sac (ill.) avec un imposant logis en brique en fond de cour) ou plus modestes (n°15 rue de Breteuil (ill.) ou 5 Grande Rue (ill.)). Nombreuses sont les fermes de ce type qui ont perdu leur grange alignée sur la rue. Leur logis reste toujours visible en fond de cour (exemple au n°25 rue du Sac).
Les fermes à cour, souvent plus imposantes, constituent le second type de ferme. Les bâtiments agricoles sont distribués autour d'une vaste cour fermée. La grange n'est pas alignée sur la rue. Deux exemples ont été repérés au n°3 rue de Breteuil (ill.) et au n°4 rue du Crocq (ill.). Le logis est en fond de cour et l'accès s'effectue par un portail.
Les maisons d'artisans et de commerçants
La seconde forme d’habitat la plus représentée comprend les maisons dont l'usage renvoie à une activité artisanale ou commerciale. Dans le premier cas, ce type d'habitation comprend souvent un atelier (reconnaissable apr la présence d'une baie allongée) aligné sur la rue et percé d'une entrée charretière ou piétonne tandis que le logis se trouve en fond de cour (n°5 rue Fiscale (ill.), n°6 rue de la Mairie (ill.), n°3 rue Neuve (ill.) qui comprend également une grange). Le logis peut également se trouver directement aligné sur la rue avec une pièce servant d'atelier (n°40 Grande Rue ?).
Dans le cas d'une activité commerciale, les logis sont le plus souvent alignés sur la rue et comprennent un étage. La partie sud de la Grande Rue présente une enfilade régulière de ce type d’habitat (n°38, n°39 à 43 par exemple (ill.)). Comme l'indiquent les recensements de population de la seconde moitié du 19e siècle de nombreux marchands se trouvaient dans cette rue.
Les maisons de ville
Enfin, plus exceptionnelles, des maisons de ville associées à un usage strictement résidentiel plus ou moins imposantes ont pu être identifiées (n°49 Grande Rue (ill.), n°12 rue des Jardins). Elles comportent des éléments de décor en façade. Le n°9 rue de Breteuil (ill.) présente un décor en céramique vernissée au-dessus du linteau d’une ancienne porte d’entrée, ainsi que des garde-corps portant un décor végétal (ill.).
Les matériaux de construction
Le type de maçonnerie le plus ancien dans les constructions du plateau picard est le pan de bois torchis. Des logis et bâtiments agricoles réalisés avec ces matériaux sont encore visibles à Cormeilles (n°19 rue de l'Église (ill.), n°5 rue Fiscale (ill.) ou n°40 (ill.) et 23 (ill.) Grande Rue, dont la grange présente un agencement régulier des pans de bois). Les solins associés à cette mise en œuvre sont souvent faits de brique et de pierre en alternance (15 rue de Breteuil (ill.)). La pierre de taille est parfois employée seule (n°7 rue de l'Église (ill.), n°5 Grande Rue (ill.)) ou bloquant des sections de moellons (n°7 Grande Rue).
L’emploi de la brique se généralise dans la seconde moitié du 19e siècle, en lien avec l’industrialisation de sa production. La présence d'une briqueterie à Cormeilles a pu encourager l'emploi de ce matériau. Ainsi, les fermes les plus importantes bénéficient de reconstructions en brique qui concernent aussi bien les logis (n°11 rue du Sac (ill.), n°11 (ill.) ou 14 Grande Rue portant la date de 1851 (ill.)) que les bâtiments agricoles (n°3 rue de l'Église (ill.), n°3 rue de Breteuil (ill.), n°52 Grande Rue (ill.)). Les murs des pignons sont cependant souvent conservés, comme pour la ferme du n°4 rue du Crocq (ill.), qui présente des maçonneries en brique et calcaire anciennes (au moins du premier quart du 19e siècle).
Plusieurs exemples illustrent également l’emploi de la brique au cours du 20e siècle : dans le premier quart (9 Rue de Breteuil (ill.)), ou à partir des années 1950 après les destructions provoquées par le bombardement de 1940 (n°63 (ill.) et 61 Grande Rue).
Quant aux couvertures, le chaume est abandonné à la suite d’un règlement municipal prohibant son usage au début du 19e siècle. Aujourd’hui, comme dans les villages des environs de la vallée de la Selle, l’ardoise est majoritaire sur les toits de Cormeilles.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).