La première mention d’un hôtel seigneurial à Viefvillers remonte à 1595 lors de l’inventaire des biens de Jean de Carvoisin, alors seigneur de la terre de Viefvillers. Il semblerait toutefois que c’est à son héritier et neveu Jean II que l’on doit la construction d’un nouveau manoir au début du 17e siècle dont il reste aujourd’hui plusieurs bâtiments. En fond de cour, le linteau de l’ancien logis porte la date de 1616. Les dépendances agricoles appareillées en silex et brique sont édifiées à cette époque. Excepté le bâtiment qui se trouvait dans le prolongement de la maison d'habitation actuelle (encore visibles sur le cadastre de 1933 et sur une carte postale), elles sont encore en place. L’aménagement du parc au nord de la parcelle, le long de la rue, et les murs de clôture associés peuvent également remonter à cette période.
Au 18e siècle, le domaine appartient aux familles du Hem puis Chappuzeau de Baugé avant d'être acheté par Adolphe Duranti de Lironcourt juste avant la Révolution. L'une de ces famille est peut-être à l’origine de la construction d’un nouveau logis, plus grand et spacieux. Le plan d’état-major du milieu du 19e siècle figure en effet un autre bâtiment, dans le prolongement du logis de 1616. Un chemin partant de l'église et dont le parcellaire actuel conserve la mémoire du tracé est dessiné sur ce même plan. C'est peut-être à cette époque que le parc du château s'agrandit de l'autre côté de la rue actuelle (voir le plan d'état major levé au milieu du 19e siècle). Une grille en fer et un mur de clôture sont encore visibles autour de la place plantée.
Duranti de Lironcourt faisant partie des émigrés à la Révolution, c’est le régisseur du domaine, Pierre Allart qui achète le manoir et ses terres à la veuve de Duranti en 1795. Sa fille vend le château et le fait liquider en 1854. Le parc est alors mis en culture et les terres affermées. C’est certainement à partir de cette date que l’ancien logis du 17e siècle est transformé en grange et en étable, tandis que le bâtiment à l'ouest du logis actuel devient une porcherie. Le percement d’une porte de grange dans la seconde travée avant le premier quart du 20e siècle (visible sur une carte postale ancienne) témoigne de ce changement d’usage. Il semble que le bâtiment qui ferme le côté sud de la parcelle est construit à la limite des 19e et 20e siècles.
Le logis construit dans un second temps (au 18e ou début du 19e siècle) est abandonné et se dégrade au cours du 20e siècle. Il est toujours visible sur le cadastre de 1933 mais disparait toutefois après la Seconde Guerre mondiale. La ferme n'est plus en activité. À l'abandon, l’ensemble des bâtiments encore en place (parcelle 660) est racheté en 1978 par M. et Mme Dusehu. À la suite de travaux d'assainissement et de réparations, le bâtiment qui avait été transformé en porcherie est détruit et le puits déplacé à l'arrière de la cour. L'usage des bâtiments devient purement résidentiel. Les propriétaires habitent aujourd'hui dans ce qui semble être l'ancien logement du régisseur de la ferme.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).