Origines
Les plus anciennes traces de l'occupation humaine sur le territoire de Catheux remontent à l'époque mérovingienne. Des fouilles réalisées au 19e siècle pendant la construction de la voie ferrée ont en effet permis de découvrir l’emplacement d’un cimetière mérovingien à la sortie est du village en direction de Fontaine-Bonneleau. Le cimetière actuel a certainement été installé plus tard au cours du Moyen Âge. L’église Saint-Denis, est construite dans le dernier quart du 12e siècle.
La première mention connue de "Catheu" apparait en 1197 dans le cartulaire de l'abbaye de Beaupré (E. Lambert, 1982). Ce toponyme d’origine picarde, correspond à l’ancien français "castel", "château". Il indique ainsi la présence d’un château-fort ou mieux, d’un bourg fortifié. L’origine castrale de ce village est attestée par l’emplacement de l’ancien château, dans l'enceinte duquel Amicie de Breteuil, fille de Valéran III de Breteuil, fonde une chapelle où elle meurt en 1226. À cette époque, Catheux était donc une châtellenie qui dépendait du comté de Breteuil. Implantée sur la butte juste à l'ouest de la place du village, la forteresse est détruite lors de la jacquerie de 1358.
Au 15e siècle, c’est la famille de Mailly qui détient la seigneurie de Catheux puis la maison d’Ailly à partir de 1470. Au début du 16e siècle, elle entre dans la maison de Gouffier, qui possède également la seigneurie de Crèvecœur. C'est pour cette raison qu'un des membres de la famille fait transporter dans le bourg de Crèvecœur les halles de Catheux (aujourd'hui détruites). Complètement ruinée, la famille met en vente le domaine de Catheux en 1777. Il est racheté par Jean-Baptiste Lesage, qui fait construire un nouveau château, entre l'ancienne forteresse et l'église. En 1817, le château est vendu pour démolition. Utilisé comme carrière, ses pierres ont notamment permis la reconstruction du presbytère de Crèvecœur et la nef de l'église de Choqueuse-Les-Bénards. Aujourd'hui, il ne reste que la maison du gardien (n°3 Place de la Mairie), le logis de l'ancienne ferme du château (n°14 rue Principale) et les piliers en brique et pierre de l'ancien portail du potager (n°16 rue Principale, visible sur la photographie aérienne du village). Un pavillon construit dans le style Louis XVI se trouvait à l’arrière (témoignage oral). Certainement à l'initiative de Jean-Baptiste Lesage (témoignage oral), un calvaire monumental est érigé en 1822 au sommet de la butte, à l'emplacement de la forteresse médiévale détruite.
La chapelle Notre-Dame des Sept Douleurs (3, rue de la Chapelle) a été érigée en 1864 par l'abbé Pointier, curé de Cormeilles, village où il a également élevé la chapelle du Planton et celle du cimetière de Cormeilles). Il la cède à la fabrique de Catheux dans son testament daté de 1870 (Archives de l'association des croix et calvaires du Beauvaisis). Les extérieurs ont été restaurés à partir de 1996, tandis que l'intérieur de l'édifice est réhabilité en 2015 (replâtrage de la voûte, rehaussement du sol, menuiseries, peinture). Les travaux sont terminés en 2019.
Évolution de la morphologie et du parcellaire du village
Installé dans le giron de la vallée où la Selle prend sa source, Catheux se développe autour d’un noyau constitué de l’église et de la motte castrale. De la place filent deux rues: la rue Principale et rue de Choqueuse qui forment une patte d’oie, reconnaissable sur le cadastre napoléonien et toujours perceptible aujourd’hui. L’église et l’ancienne motte castrale se font face, séparées par cette vaste place centrale de forme triangulaire.
Les deux rues qui partent de cette place sont bordées d’un habitat aggloméré, au parcellaire serré mais irrégulier. En effet, la présence de l’ancienne motte et des variations géographiques ont entraîné la formation de rues et de parcelles au tracé sinueux.
Dans un second temps, le maillage du village s’est élargi au nord du centre primitif, de l’autre côté des petits cours d’eau donnant naissance à la Selle. Le parcellaire y est plus régulier. Visible sur le cadastre napoléonien, un second noyau s’est constitué autour de la place Dupriez (aujourd’hui disparue). Enfin, un dernier quartier s’est développé autour de l’emplacement du cimetière. Le bâti y est plus dispersé.
Si le noyau primaire conserve un bâti dense, constituant encore aujourd’hui le cœur du village, les deux autres quartiers plus au nord se sont amincis, en particulier autour du cimetière. En effet, de nombreuses zones d’habitations figurées sur le cadastre napoléonien (rue de Choqueuse autour de la place Dupriez, autour de la place principale, ou encore le long de la rue Principale) se sont dégarnies entre la fin du 19e siècle et les années 20, en raison de l'exode rural qui a touché l'ensemble des villages du plateau picard.
Lieux partagés et structurants
Collecter et partager l'eau
Certains aménagements toujours en place aujourd’hui témoignent d’une gestion commune des ressources en eau. Rue de la Vacquerie, un escalier maçonné permet de descendre jusqu’à la source de la Selle. Cet endroit est dit "La Fontaine" sur une carte postale du début du 20e siècle et a donné son nom à la rue de la Fontaine (rue de Lavacquerie aujourd’hui). Un ponceau a été édifié rue de Choqueuse, ou encore à la sortie du village après l’église, rue Principale.
Une fontaine (rue de Choqueuse) et un puits (rue du Chauffour) encore visibles permettaient d'autres accès aménagés à l’eau de source.
Des croix de chemin pour délimiter le village
Pour marquer les limites du village, des croix de chemin sont encore visibles. L’une ferme le village au nord, au bord de la route en direction de Lavacquerie. Elle est dédiée à Louis François Becquerel, décédé d'un accident de charrette à cet endroit en 1875. La seconde croix se situe à l’extrémité de la rue du Chauffour. Elle a été érigée par Camille Baticle en 1893, probablement après le décès de son mari. Enfin, une dernière s’élève au croisement de la route vers le Gallet et de l’ancienne voie de chemin de fer (actuelle Coulée Verte).
Équipements publics du 19e siècle
L'actuelle mairie-école est installée dans une ancienne boulangerie, construite vers 1835 par M. Langlet, ancien meunier (témoignage oral). Des archives de l'administration communale indiquent que l'acquisition et l'aménagement de cet établissement s'est déroulé à partir du milieu du 19e siècle. Le bâtiment d'école est construit à l'arrière de la mairie (voir la photographie aérienne de la place du village).
Le bâtiment de remise des pompes à incendie est construit autour de 1885 (AD Oise).
Enfin, une section de la ligne de chemin de fer au sud du village (actuelle coulée verte) est construite à partir de 1874 (AD Oise).
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).