Origine
Un bois, nommé Saint-Martin apparaît sur la carte de Cassini (1757), sur le bord oriental de la route d’Amiens à Beauvais. La proximité de ce bois pourrait être à l’origine du toponyme du hameau. Ce dernier a pu se développer à la fin du 18e siècle, en lien avec la déviation de l'ancienne route de Breteuil à Beauvais qui traversait Abbeville-Saint-Lucien. Une activité d’hébergement et de restauration pour les voyageurs de passage se développe alors. Les recensements de population de 1831 d'Abbeville-Saint-Lucien et d'Oroër mentionnent l'existence d'une auberge par commune, l'une gérée par la famille Lesage (côté Abbeville-Saint-Lucien, dans la section nord-est du carrefour d'après le plan d'état-major du milieu du 19e siècle) et l'autre par la famille Oucher (côté Oroër). Le hameau s'est donc constitué autour de ces deux auberges.
Le cadastre napoléonien (1826) n'est disponible que pour la section d’Oroër, c’est-à-dire le quart sud-est du carrefour. Cette zone est aujourd’hui occupée par le café-restaurant. Sur le cadastre napoléonien figurent trois bâtiments, certainement ceux de l’ancienne auberge. Ils sont inscrits sur une même parcelle. Une carte postale du début du 20e siècle reproduite dans l'ouvrage de Daniel Delattre (voir en bibliographie) permet de situer un café dans le bâtiment à l'angle de la D1001 et de l'ancienne route menant à La Boudinière. Le café-restaurant actuel était alors une grange, transformée dans la 2e moitié du 20e siècle.
Une râperie est créée entre 1866 et 1872 (Gérard Davesne, 2020) afin d'approvisionner la sucrerie de Bresles. Les betteraves étaient lavées et cuites et le jus qui en était extrait était acheminé par des tuyaux souterrains jusqu'à Bresles. D'après la Notice Statistique de l'Oise, 50 ouvriers y travaillaient en 1902. Pendant l'Occupation les Allemands réquisitionnent un hangar pour y entreposer de la paille. Les résistants brûlent ce bâtiment en 1943. L'activité de la râperie cesse en 1968. Aujourd'hui, seul le logis en brique de l'ancien patron de l'usine est toujours visible.
Morphologie et parcellaire
Le hameau est situé au carrefour de deux voies anciennes : la première (orientée nord-sud) est la route d’Amiens à Beauvais, la seconde (est-ouest) conduit d’Abbeville-Saint-Lucien à Lafraye par La Boudinière. Le côté oriental de cette dernière, vers Lafraye, a été déclassé en chemin au début du 20e siècle, tandis que la partie occidentale vers Abbeville-Saint-Lucien a peu à peu été transformée en voie sans issue (rue du Bois Saint-Martin), en raison de la constitution d’un quartier résidentiel qui cherchait à s’éloigner d’un axe de circulation trop bruyant. Ainsi, c’est la D9, qui passe un peu plus au nord du hameau, qui dessert les directions est et ouest, d’Abbeville-Saint-Lucien à Lafraye.
Au milieu du 19e siècle, le hameau ne semble compter que les deux auberges (l'une côté Abbeville-Saint-Lucien, l'autre côté Oroër). Une râperie est ensuite installée dans l'angle sud-ouest du carrefour. Elle est encore visible sur la carte de 1950 (voir sur le site geoportail.gouv.fr).
Plus tardivement, le cadastre de 1939 (section d’Abbeville) figure plusieurs édifices dans les sections nord-est, mais surtout sud-ouest du carrefour (vestiges de l'ancienne râperie ou ancienne ferme ?). Actuellement, la section ouest, vers Abbeville-Saint-Lucien est essentiellement constituée de pavillons résidentiels modernes, construits à partir de la seconde moitié du 20e siècle, période la plus marquante pour l’expansion démographique du Bois Saint-Martin.
Jusqu'au milieu du 20e siècle, le Bois Saint-Martin est resté un petit hameau. D'après les recensements de population, la section d’Oroër n’a jamais compté plus de 2 habitations, tandis que dans celle d’Abbeville, il y a eu jusqu’à 4 maisons (en 1881 et 1936). Au mieux, les deux sections confondues, le hameau a compté 5 habitations. Il s’est donc principalement développé dans la seconde moitié du 20e siècle autour de l’habitat pavillonnaire de la rue de Saint-Martin.
Activités anciennes
Le Bois Saint-Martin semble bien s’être développé autour d’une activité d’hébergement, les auberges étant les seules habitations mentionnées dans le recensement de population de 1831 d’Abbeville-Saint-Lucien et d'Oroër. Cette activité a perduré jusqu’à aujourd’hui où un café-restaurant est toujours en activité sur la section du hameau rattachée à la commune d’Oroër. Une auberge se trouvait également dans la section d’Abbeville. Elle ferme entre 1866 et 1872, le propriétaire devient cultivateur à temps plein, alors qu’il partageait précédemment cette activité avec celle d’aubergiste. Du côté d’Abbeville encore, un débitant a exercé des années 1900 à la veille de la Première Guerre Mondiale.
Outre ce secteur de l’hébergement et de la restauration, la râperie créée dans le 3e quart du 19e siècle a employé jusqu'à 50 ouvriers en 1902. Le Bois-Saint-Martin comptait également un cultivateur dans le dernier quart du 19e siècle. En outre, un cantonnier et un garagiste mécanicien habitaient le hameau autour de 1931.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).