Historique
Origines
Le toponyme "Le Boudinière" est matérialisé sur la carte de Cassini datée du 18e siècle. Il est très fréquent en Normandie. Ce hameau se situe alors juste en dessous de l’ancienne Via Agrippa, entre Oroër et Reuil-sur-Brêche. "Boudinière" pourrait tirer son origine du nom de la "vallée Boudin", dans laquelle le hameau est installé. "Boudin" viendrait alors de l’anthroponyme germanique "bod-" qui signifie "messager" (É. Lambert, 1982). D’après la carte de Cassini, il était un simple hameau sous l’Ancien Régime, regroupant certainement quelques fermes.
Morphologie et parcellaire
La route de Crèvecœur à Clermont, mentionnée sur le cadastre napoléonien de 1826, est l’actuelle D9 qui passait juste au-dessus du noyau d’habitations. Ces dernières étaient alors surtout réparties le long de l’actuelle "impasse des vignes", renvoyant certainement à la présence de vignobles. Seules deux habitations (aujourd’hui disparues) étaient situées le long de l’actuelle rue Saint-Martin.
Une mare se trouvait à l’intersection de la rue Saint-Martin et de l’impasse des Vignes, à l’emplacement de l’actuel abri de bus. Le hameau comptait huit maisons en 1831. En 1936 elles ne sont plus que quatre. Une croix de chemin marquait l'intersection avec la route menant à Reuil-sur-Brêche (ancienne voie romaine dite Chaussée Brunehaut) au nord du hameau. L'association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis (A4CB) l'a identifiée en 2008. Cette croix avait été restaurée en 1835 par Claude Thieble. Il n'en reste plus que le socle en pierre aujourd'hui.
C’est dans la seconde moitié du 20e siècle que La Boudinière s’étoffe d'habitat pavillonnaire le long de la rue Saint-Martin.
Activités
Comme dans les autres agglomérations du territoire d’Oroër (Boursines, Hénu, Oroër), les habitants ont longtemps travaillé essentiellement dans les champs. "Cultivateur" est la mention la plus fréquente dans les recensements de population. S’ils sont nombreux tout au long du 19e siècle, ils ne sont plus que deux en 1936.
Les formes du bâti
Les fermes anciennes de La Boudinière
Seules les fermes des n°2 (ill.) et n°6 (ill.) sont antérieures à 1826 (logis en brique du n°2 reconstruit dans la seconde moitié du 19e siècle). Le n°2 possède un imposant logis en briques comportant trois niveaux d’élévation. La façade, tournée vers l’ouest, est ouverte sur la rue avec une travée à pan coupé à gauche. Deux corniches en pierre calcaire rythment la façade et séparent les niveaux. Si chaque niveau est percé de deux baies, une fenêtre de mansarde ouvre le niveau de comble. Un toit à quatre pans en ardoise couvre l’édifice. À l’arrière de la cour, un imposant bâtiment agricole en brique semble antérieur à 1826 (indiqué sur le cadastre napoléonien). Il comporte des étables et une grange. Le second niveau est percé de portes à engranger le foin et la paille. Un pigeonnier se dresse près du bâtiment agricole, sur le côté méridional de la parcelle.
De l’observation du cadastre napoléonien, il ressort que deux fermes se trouvaient au n°6, sur deux parcelles distinctes (0245 et 0237 sur le cadastre actuel). La première était constituée de la grange sur rue toujours en place avec un logis en fond de cour. Ce dernier a été détruit et remplacé par un autre bâtiment. Quant à la seconde ferme, elle comprenait l’actuel logis en brique avec sa façade ouverte sur l’impasse ainsi qu’une entrée charretière permettant d’accéder à la cour. Avec une emprise sur la parcelle identique à celle visible sur le cadastre napoléonien, le bâtiment agricole en fond de cour semble antérieur à 1826.
Les matériaux de construction
En ce qui concerne les matériaux de construction, la brique est la plus représentée dans les constructions anciennes de La Boudinière (n°2 et n°6 impasse des Vignes). Plus résistante que le pan de bois et torchis (pourtant typique des constructions du plateau picard), elle a également été utilisée plus précocement qu’ailleurs sur le territoire de la communauté de communes de l’Oise Picarde. Quant aux matériaux utilisés pour les couvertures, en 1846, 6 des 8 maisons étaient en chaume. Elles ne sont plus que 4 sur 8 en 1866. La majorité des habitations visibles actuellement sont des pavillons modernes en béton.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).