Dossier d’œuvre architecture IA60003051 | Réalisé par
Rat-Morris Viviane (Rédacteur)
Rat-Morris Viviane

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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Fournis Frédéric (Rédacteur)
Fournis Frédéric

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

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  • enquête thématique régionale, Villégiature et tourisme en Hauts-de-France
  • patrimoine de la villégiature
Ancienne gare de Pierrefonds-les-Bains, actuellement logements
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes des Lisières de l'Oise - Compiègne-Sud
  • Commune Pierrefonds
  • Adresse 1 allée des Tilleuls
  • Cadastre 2014 B2 2157
  • Dénominations
    gare
  • Appellations
    Pierrefonds-les-Bains
  • Destinations
    gare, immeuble à logements
  • Parties constituantes non étudiées
    voie ferrée, quai, lampisterie, latrine, entrepôt commercial, château d'eau, logement

Une gare de villégiature sur un axe économique à développer

Le tracé de la ligne Amiens-Vallée de l'Ouche, c’est-à-dire Dijon, est l’objet de nombreux débats (cf. annexe 1). Pierrefonds obtient finalement le passage du train sur son territoire et la création d’une gare à proximité du bourg. Le percement de la forêt de Compiègne pour le passage de la voie ferrée est réalisé en 1882-1883 (BEAUVY, 2015).

Bien qu’étant encore un village, Pierrefonds est alors une station thermale et un lieu de villégiature prisé. Aussi sa gare n’est-elle pas directement issue d’un plan-type mais de ceux de l’architecte Charles Lecœur, recommandé par le prince Radziwill, important propriétaire local. Devenu principale porte d’entrée à Pierrefonds pour les villégiateurs, la gare s'inspire elle aussi de cette architecture de la villégiature utilisée déjà à Pierrefonds et à Compiègne. Par sa forme (notamment le traitement des toits avec des lambrequins et des faîtières festonnées), elle s'apparente à l'architecture pittoresque qui marque à l'époque le territoire de Compiègne et de Pierrefonds, s'inspirant notamment du chalet de l'Impératrice, érigé en forêt au bord des étangs de Saint-Pierre.

Dès l’année de son ouverture, les services qu’elle offre sont étoffés : le buffet du bâtiment des voyageurs est agrandi et doté d’une cuisine conçue dans une extension. La Compagnie des chemins de fer du Nord développe encore la ligne : des trains de plaisirs Paris-Pierrefonds sont mis en service à partir de 1887, selon Francis Martinuzzi (annexe 2). Comme pour d'autres stations (Enghien-les-Bains, Saint-Amand-les-Eaux, Serqueux/Forges-les-Eaux) et d’autres lieux d’excursion (Chantilly, Compiègne, Coucy-le-Château ou Villers-Cotterêts), la compagnie édite des "billets de saison" familiaux et des "billets d’excursion" à des tarifs avantageux pour la saison estivale et thermale, soit jusqu’à fin octobre. Cette politique tarifaire est par la suite étendue aux autres petites villes rurales du réseau.

Le train de Paris à Pierrefonds est alors associé à la forêt et à l’imposant château de Pierrefonds comme le montrent les affiches publicitaires. Les sceaux de la commune prennent à ce moment la dénomination "Pierrefonds-les-Bains". La gare a aussi une vocation économique liée à l’exploitation forestière et agricole : une scierie est ainsi implantée à proximité immédiate de la gare.

Les différents itinéraires touristiques et indicateurs précisent qu’il faut quinze à vingt minutes pour le trajet Compiègne-Pierrefonds, contre une heure quinze minutes précédemment pour traverser la forêt en omnibus hippomobile.

La création d'une gare à Pierrefonds

La gare de Pierrefonds-les-Bains est située sur le tronçon de voie ferrée créé entre Compiègne et Villers-Cotterêts entre 1870 et 1884 (annexe 1).

Les plans et élévations du bâtiment des voyageurs sont commandés à l’architecte Charles Lecœur et sont approuvés le 20 juin 1882. Ce même architecte est déjà intervenu pour l'hôtel de ville de Pierrefonds (plans de 1865) (IA60003158). Le bâtiment est construit selon le type "Nord 1ère classe" (mis au point par Sidney Dunnett, chef du service des bâtiments de la Compagnie des Chemins de fer du Nord) dans un style pittoresque avec l’ajout de lambrequins aux rives du toit et de festons sur le faîtage (MARTINUZZI, 2012). La gare est inaugurée le 23 décembre 1883 sous l'appellation "Pierrefonds-les-Bains" (année et mention portées sur l'édifice en façade nord). Le premier train arrive en gare le 24 janvier 1884.

La gare est constituée à l'époque d’un bâtiment des voyageurs et de divers bâtiments listés ainsi dans une étude de Danielle Blic (conservée aux archives de la CRMH) : une lampisterie, des sanitaires hommes et femmes, une halle aux marchandises, un quai aux bestiaux, un quai d’attente et son abri pour voyageurs sous forme de marquise en verrière. L'année même de son ouverture, en 1884, le bâtiment des voyageurs est encore agrandi, dans son extrémité ouest, par la construction d'une cuisine et d'une dépendance pour le buffet (Service Archives Documentation SNCF (SARDO). Série de plans d'élévations et de coupes donnant le détail de l'appareil des pierres des façades et du pignon du bâtiment voyageurs de la station de Pierrefonds, 1884). François Digues (2007) précise que l’infrastructure est dotée d’une ligne à voie unique, d’une voie de stationnement, d’un abri pour le train de plaisir et de voies de garage sur quatre hectares. Ces terrains se situent à l’ouest de la gare et sont visibles sur les photographies aériennes antérieures à 1966 (IGN, photothèque nationale, 1937-1966).

D'après Blic et Digues, les guides touristiques mentionnent, dès le XIXe siècle, l’existence d’un passage souterrain permettant aux voyageurs de traverser les voies pour rejoindre le chemin bordant la rive ouest du lac, qui enjambe par un pont le ru de Berne et qui mène au parc des thermes et à l’église.

Pour rejoindre le bourg, côté est, un portillon piéton est ajouté le 15 février 1886 au passage à niveau de la rue du Beaudon, d’après Digues.

Un gare perturbée par les deux guerres mondiales

Pendant la Grande Guerre, les transports militaires sont prioritaires et la gare accueille nombre de blessés. En 1916, Digues rapporte que les civils n’ont accès qu’à un seul train par jour sur la liaison Paris-Pierrefonds via Compiègne.

En 1911-1935, la matrice castrale de Pierrefonds liste les propriétés de la Compagnie des Chemins de fer du Nord :

- la gare et ses dépendances : halle et bureau (construit en 1913?), maison, maison du chef de district, réservoirs et annexe, plaques tournantes, voies, changement de voies, grue Nepveu, pont à bascule gabarit, grues hydrauliques, canalisation, treuil roulant et chemin de roulement, lampisterie, remise de pompe, gare, portique, cabinets d'aisance, "chantier" (acquis en 1925) ;

- les maisons de garde-barrière : maison de garde près de la ville, maison de garde à Batigny (cédée en 1917), maison de garde au bois d'Haucourt, maison de garde à Palesne, maison de garde au mont d'Arcy (acquis en 1917), presbytère à Riauvergne, et enfin maison de garde au Beaudon ;

- les alimentations en eau des locomotives et de la gare : réservoir d'eau rue de Fontenoy, réservoir d'eau au Voliard (acquis en 1912), décanteur à la fontaine des Roches (acquis en 1912).

La Seconde Guerre mondiale perturbe à son tour le trafic ferroviaire : la ligne est fermée une première fois pour les voyageurs le 17 octobre 1939 selon l’étude de Danielle Blic (op. cit.) ; le 25 novembre 1939 selon Digues (2007) ; en 1940 d’après Martinuzzi (2012). D’après Digues encore, elle est brièvement ré-ouverte de mai 1942 à juillet 1944 (démolition du pont de Palesne le 4 juillet). Le trafic ne reprend vraiment qu’après-guerre.

La fin de l'histoire ferroviaire à Pierrefonds en 1966

Cependant le sort de la gare est scellé avec le déclassement de la ligne ferroviaire sur décision ministérielle du 12 novembre 1954. La ligne et la gare sont définitivement fermées à tout trafic, voyageurs comme marchandises, le 1er juillet 1966. Le démantèlement des voies avec la dépose des rails commence en 1967 selon François Digues, en 1970 selon l’étude de Danielle Blic.

Depuis 1990, l’ancienne gare de Pierrefonds-les-Bains accueille un ensemble de neuf logements locatifs (cf. annexe 3), après une réhabilitation réalisée en 1989-1990 (article de Oise-matin, 12 octobre 1989). Le souterrain, les sanitaires des voyageurs (condamnés), le quai central avec sa verrière, la lampisterie (devenue local poubelles), et les vestiges de la halle aux marchandises subsistent (2023).

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1883, daté par travaux historiques, porte la date
  • Auteur(s)

Implantée sur les remblais accumulés à l’extrémité nord-ouest du lac, la gare de Pierrefonds se situe entre les plates-formes des anciennes voies ferrées et la place reliée à la rue Séverine (ou ancienne route du Beaudon) par l’allée des Tilleuls (anciennement Allée de la Gare). Elle est composée de cinq bâtiments : le bâtiment des voyageurs, le quai, les toilettes, la lampisterie et la halle aux marchandises. Initialement s’ajoutait un château d’eau dont il ne reste aucune trace. Un tunnel passant sous les voies, pour rejoindre la rive du lac, complète l’ensemble.

Le bâtiment des voyageurs ferme la place qui lui sert de dégagement. C’est un bâtiment en pierre de taille couvert d'un toit en ardoises de zinc losangées.

Le bâtiment principal compte quatre travées symétriques sur deux niveaux. Précédées d'un perron couvert d'une marquise en verre, les quatre portes du rez-de-chaussée donnent accès à l'ancien hall des voyageurs. Le toit à longs pans crée une rupture autour du pignon qui forme la partie centrale de la façade au niveau du comble. Un oculus inscrit dans motif quadrangulaire en marque le centre.

Deux bâtiments symétriques plus étroits, en rez-de-chaussée à quatre travées, flanquent le corps central à étage carré. Ils sont couverts d'un toit à longs pans. L'ensemble des toits est agrémenté d'épis de faitage, de crêtes et de lambrequins.

Une extension est accolée au pignon ouest du bâtiment. Sous un toit à longs pans, couvert en ardoises de zinc losangées, cette annexe est formée de deux travées en parement de brique et chainage en pierre calcaire légèrement saillant. Sur le pignon, au niveau de la corniche, est reprise l’inscription "Pierrefonds-les-Bains" gravée dans une table en pierre de taille.

La même élévation se retrouve du côté des anciennes voies, mais avec l’ajout, au niveau de la corniche du rez-de-chaussée, d’une marquise en verre porté par des colonnettes en fonte et courant sur l’ensemble du bâtiment en pierres de taille.

L’ancien quai central séparant les voies est en grande partie conservé. Il est surmonté d’un abri à voyageurs, sur environ un tiers de sa surface. Il est protégé par une longue toiture à deux pans, couverte en zinc posé à joint debout avec une sous-face lambrissée. Les voyageurs étaient protégés du vent par des parois en vitrages, dont les menuiseries métalliques subsistent. Ces parois fermaient les deux pignons de l’abri et scindait son espace en deux dans le sens de la longueur, en reposant alors sur un mur bahut en ciment portant les bancs dont il reste les consoles métalliques.

Dans l’alignement du bâtiment des voyageurs côté voies, à l’est côté bourg, un petit édicule abritait anciennement les toilettes de la gare. Il est d’un seul niveau, construit en moellons recouverts d’enduit imitant l’appareil en pierre calcaire sous une couverture à deux longs pans en tuile mécanique, et formé d’une seule travée ouverte par deux portes.

Dans l’alignement du bâtiment des voyageurs côté voies, à l’ouest du bâtiment des voyageurs, la lampisterie est un édicule en moellons recouvert d’enduit imitant l’appareil en pierre calcaire, formé d’un seul niveau de 2 travées : l’une ouverte par deux fenêtres en vis-à-vis, l’autre par une large porte en plein-cintre en vis-à-vis d’une fenêtre, sous une couverture à deux longs pans en tuile mécanique.

En retrait du bâtiment des voyageurs et de la lampisterie, les vestiges de la halle aux marchandises s’élèvent à l’ouest de la gare. La halle est constituée du quai de déchargement dans la continuité d’une vaste plate-forme, retenue par des murs en pierre calcaire et aujourd’hui enherbée. Côté nord, la façade a été préservée : ses quatre travées sont ouvertes sur toute leur hauteur par de grandes portes en plein-cintre aux encadrements en pierre de taille calcaire avec une clé d’arc saillante ; les trumeaux et écoinçons sont enduits. La façade est couronnée par une petite corniche restituée pour accueillir la couvertine en pierre calcaire ou dalles de ciment. La façade est soutenue, côté plate-forme, par cinq contreforts : les deux latéraux reprennent une partie de la maçonnerie des pignons de la halle démolie, les trois centraux sont en ciment.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise, zinc en couverture
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Protections
    inscrit MH, 1977/10/04, 1944/07/28
  • Précisions sur la protection

    Abords de la gare : site inscrit par arrêté du 28 juillet 1944.

    Gare (ancienne) (cad. B 401) : inscription Monuments historiques par arrêté du 4 octobre 1977. PA00114805

    La gare, avec ses bâtiments annexes, est représentative de l'architecture soignée et élégante du XIXe siècle qui domine à Pierrefonds. Construits sur le talus de chemin de fer qui surplombe l'étang, les quais offrent une vue remarquable vers le château.

  • Référence MH

L'emprise de l'ancienne gare est répartie entre le domaine public et des des parcelles cadastrales appartenant pour certaines à la commune et pour d'autres à une société privée.

Documents d'archives

  • AD Oise. Série P ; PP 4319. Pierrefonds. Matrices des propriété bâties et non bâties, 1911-1935.

    AD Oise : PP4319
  • AC Pierrefonds. [non coté]. Documents relatifs à la gare.

  • Direction régionale des affaires culturelles de Picardie, conservation régionale des Monuments historiques. [non coté]. Dossier Gare de Pierrefonds.

  • Direction régionale des affaires culturelles de Picardie, Conservation régionale des Monuments historiques. [non coté]. Dossier Gare de Pierrefonds. La gare de Pierrefonds-les-Bains, extrait d'une étude intitulée L'habitat traditionnel et la construction à Pierrefonds. Danielle Blic, Université de Paris 8, [date inconnue].

Bibliographie

  • Une journée en train de plaisir. Compiègne. Pierrefonds. Compiègne : C. Hideux, 1852.

  • BEAUVY, François. Le Siècle de Pierrefonds 1832-1914. Cuise-la-Motte : Le Trotteur ailé, 2015.

    pp. 79-85.
  • CARON, François, GERNIGON, Alain, GRIFFATON, Marie-Laure, LAMMING, Clive, MACHEFERT-TASSIN, Yves, POLINO, Marie-Noël. Le Patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français. Paris : Flohic Éditions, 1999. (2 tomes).

    p. 152.
  • DIGUES, François. Histoire du village de Pierrefonds. Pierrefonds : Mairie de Pierrefonds, 2007.

    pp. 124-132.
  • FABRE, Xavier, ARNAUD, Françoise. Cinq cas de réutilisation d'analyse [en ligne]. Paris : Ministère de l'urbanisme et du logement / Comité de la recherche et du développement en architecture (CORDA) ; Association pour la recherche urbaine et architecturale (ARUA), 1982. [rapport de recherche]

    pp. 78-94.
  • MARTINUZZI, Francis. De Compiègne à Pierrefonds. Architectures monumentales et singulières. Compiègne : Société historique de Compiègne, 2012.

    pp. 220-221.

Documents figurés

  • Chemin de fer du Nord. Ligne d'Amiens à la vallée de l'Ourcq. Commune de Pierrefonds-les-Bains. Plan parcellaire et tableau indicatif des terrains à acquérir, plan, 1881 (AD Oise. Série S ; sous-série 5S : 979).

  • Détail de l'appareil des pierres des façades et du pignon du bâtiment voyageurs dans le cadre de la construction d'une annexe devant accueillir la cuisine et des dépendances. Plan (65 x 97 cm), papier, 17 avril 1884 (Service Archives et Documentation SNCF (SARDO) ; tr_sardo_149_1).

  • Pierrefonds, photographies aériennes [en ligne] (IGN. Photothèque nationale. 1950-1965).

Annexes

  • Les origines de la ligne Compiègne-Pierrefonds et les débats préalables à la création de la gare de Pierrefonds (1)
  • Les trains de plaisirs à Pierrefonds (2)
  • La conversion de la gare de Pierrefonds en logement (3)
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014, 2020
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Rat-Morris Viviane
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Fournis Frédéric
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