Les maisons
L'habitat se compose essentiellement de maisons élémentaires en rez-de-chaussée non mitoyennes, construites pendant la seconde moitié du 19e siècle.
L'essor industriel entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle a entraîné la construction de rangs de maisons ouvrières (quartier du Nouveau Jeu, maisons de la sucrerie), et de maisons patronales.
Deux remarquables exemples sont situés 163, rue Paul-Delannoy et 163 place de la Gare (notice IA59002207). La première, bâtie dans un jardin agrémenté d'une gloriette en bois et chaume, se distingue par une façade à deux niveaux et comble ornée d'un décor enduit d'inspiration éclectique (fig. 1, 2).
Des maisons à un étage datant de la fin du 19e siècle se remarquent aux abords de l'église (dont celle située 83, rue du Général-Koenig).
Le hameau de l'Alêne possède quelques maisons à un ou deux niveaux et comble habitable bâties pendant l'entre-deux-guerres (dont 550 et 561, rue des Rosiers).
Les fermes
31 fermes ont fait l'objet d'un repérage sur fiche individuelle :
- 1 ferme en L, adjointe d'une laiterie,
- 11 fermes en U : 9 possèdent une grange en fond de cour, disposée parallèlement à la rue et les corps de logis et d'étables-écuries perpendiculaires,
- 1 présente la grange (fig. 3) perpendiculairement à la rue et les étables-écuries en fond de cour (16, rue du Capitaine-Deken),
- 1 agrandie d'un second logis parallèle à la rue (287, rue du Grand Rosult),
- 6 ont une dépendance (fournil, laiterie ou autre) adjointe à l'étable-écurie et formant un retour sur la rue,
- 16 fermes sont à cour fermée dont 11 avec un porche pigeonnier en façade principale,
- 3 avec un chartil indépendant (dont le remarquable chartil du 18e siècle, situé 692, rue Adèle-Wion) et 1 avec fournil indépendant (idem).
- 2 fermes présentent un plan atypique en raison de leur implantation ou de la reconstruction de certains éléments :
la ferme située 13, rue du Grand Rosult bâti vers 1860 avec une grange perpendiculaire à la rue et un logis à deux niveaux, façade sur rue précédée d'un jardin (fig. 4) ; la ferme située 303, rue du Capitaine-Deken avec logis en front à rue, le corps d'étable-grange en fond de cour avec accès latéral de biais.
Parmi ces 31 fermes, 3 possèdent un second adjoint pendant le premier tiers du 20e siècle (dont 1323, rue du Capitaine-Deken).
- 10 fermes possèdent un édicule religieux.
Les anciennes censes et grandes fermes indiquées sur le plan terrier et les cadastres successifs ont été détruites, exceptée la ferme de Hongrie qui a conservé un important ensemble des 17e et 18e siècles (fig. 5).
Cependant quelques fermes possèdent des bâtiments ou des vestiges antérieurs à La Révolution : 692, rue Adèle-Wion, (notice IA59002245), 86-96 rue de Zéprés avec porche couvert en moellons de grès, ou la ferme située 93, rue des Censes conservant une étable (percée en pignon d'une baie à barreaux de bois) ornée d'une épaisse corniche, un porche-pigeonnier avec une clé armoriée, une remarquable porte en bois clouté et un soubassement de logis en pierre de Tournai appareillée.
La plupart des fermes sont agrandies et en partie reconstruites à partir de la seconde moitié du 19e siècle comme le montrent les nombreux millésimes inscrits sur les pignons en briques saillantes de la grange (1860, au 358, rue des Rosiers (fig. 6), 1861 au 13 et du 287, rue du Grand Rosult, ou par des fers d'ancrage (1847 (logis) et 1876 (étable) de la ferme située 16, rue du Capitaine-Deken, 1880 logis de la située ferme 556, rue du Plaquenard).
Bâti reconstruit après 1945
Un événement lié à la Seconde Guerre mondiale marque considérablement les constructions du secteur de Galmont (rue de la Cloyère (fig. 7, 8), rue du Moulin, actuelle rue Paul-Delannoy, rue des Soeurs-Liesse) . Le 22 novembre 1943, le sabotage d'un train de munitions allemand entraine son explosion à quelques dizaines de mètres de la gare, derrière la rue de la Cloyère. Une trentaine de maisons est détruite ainsi qu'une cinquantaine endommagée.
L'enquête de terrain a montré que dans un périmètre de 200 mètres alentours, les destructions ont été très importantes amenant la reconstruction partielle ou totale des habitations ou des fermes entre 1945 et 1950, voire ultérieurement.
Parmi l'ensemble des édifices reconstruits (partiellement ou non), les fermes sont les édifices qui témoignent le plus visiblement de cet épisode. Cinq exemples sont plus particulièrement intéressants : ils ont la particularité de conserver leur plan et disposition d'ensemble initiaux et de mêler les éléments d'architecture traditionnelle épargnés aux éléments reconstruits selon les critères et les normes de construction de l'après-guerre.
Les éléments combinant deux époques de construction différentes sont donc fréquents : ainsi la ferme en U sise au 38, rue Paul-Delannoy (notice IA59002226) a été en grande partie reconstruite en 1949. Elle conserve cependant son plan général, quelques soubassements, une partie de l'étable et la façade du logis ancien. Mais tous les bâtiments ont été surélevés.
Certains propriétaires ont su tirer parti du tragique épisode en reconstruisant en totalité afin de mettre aux normes d'hygiène et de confort des bâtiments probablement vétustes ou inadaptés, exemple ; la ferme, aujourd'hui scindée en deux habitations, située au 340 et 354, rue de la Cloyère (notice IA59002249) est le cas le plus évident : le logis datant de la seconde moitié du 19e siècle est conservé quasiment intact, tandis que l'étable-écurie, qui lui fait face, est entièrement reconstruite avec les matériaux et selon les règles d'architecture de l'époque (soubassement et dalle béton, pignon couvert et débord du toit, linteau droit en ciment, baies larges etc).
Surélévation des murs et modification des pentes de toitures sont les principaux remaniements apportés aux granges et étables des fermes situées 318 et 355, rue de la Cloyère.
La ferme (pc : AB 0070) rue de la Cloyère, fortement remaniée et modernisée, reste néanmoins fort emprunte des traditions vernaculaires : elle conserve sa forme générale de ferme à cour fermée dont l'entrée est marquée par un large porche-pigeonnier (à linteau droit en ciment) .
L'explosion du train a également entraîné la reconstruction de très nombreuses maisons particulières aux abords du croisement de la ligne de chemin de fer et de l'actuelle rue Paul-Delannoy (autrefois rue de Galmont).
On note cependant que leur (re) construction est un peu plus tardive, en raison d'un probable échelonnement de l'attribution des dommages de guerre, qui se situe entre la fin des années 1940 et la fin des années 1950 et plus particulièrement de 1947 à 1957 pour les édifices repérés. Parmi ceux-ci, plusieurs maisons traditionnelles de forme et implantation diverses (parcelles 2727, 2723 et 2724 sur le cadastre de 1912) ont fait place en 1947 (d'après la tradition orale) à un rang de trois maisons identiques sises au 17, 23 et 29 rue des Soeurs-Liesse (fig. 9). Leur reconstruction répond aux critères architecturaux de l'époque : façade généreusement ouverte de larges baies couvertes d'un linteau droit en ciment pré-formé.
Les maisons au 55 et 59 de la même rue (fig.10) ont été reconstruites en 1952 (d'après la tradition orale) à l'emplacement d'une ferme à cour fermée (parcelles 2732, 2731 et 2728 sur le cadastre de 1912). Elles sont caractéristiques de leur temps par la largeur et la mixité des ouvertures, la diversité des formes de toiture et l'emploi de la briquette de parement.
Le dernier témoignage oral de reconstruction suite à l'obtention des dommages de guerre est une maison de type pavillonnaire édifiée en 1957 à l'emplacement d'une ancienne ferme (parcelles 2543, 2544 sur le cadastre de 1912). Elle se signale par le large débord de toit protégeant les pignons et la baie d'angle sur pilier de béton.
unicum
Un ancien relais de poste (388-426, rue de l'Alêne d'or) construit en 1802 et scindé en deux exploitations agricoles dans la seconde moitié du 19e siècle se distingue par une longue façade en brique et pierre calcaire carbonifère (de Tournai) marquée par deux tours d'angle carrées (notice IA59002541).
Murs d'enclos
Le repérage a permis de mettre en évidence le nombre et l'importance des enclos bâtis protégeant les exploitations agricoles et les terrains attenants (potagers, vergers, pâtures). Cette caractéristique se remarque déjà sur le plan terrier de 1664 sur lequel est figuré une ferme protégée par un mur en brique ponctué de contreforts. Le souci de protection tend à se généraliser au cours du 19e siècle comme le prouvent les plans et cadastres anciens (fig. 11). Parmi les enclos les plus remarquables citons celui de l'ancienne ferme rue des Censes dont les terres alentours ont été divisées en plusieurs lots : ils conservent cependant des portions d'enclos en moellons de grès et de pierre de Tournai (fig. 12), ou de brique sur soubassement en moellons de grès. Il s'agit probablement du plus ancien mur d'enclos conservé. Au 93 de la même rue, la ferme a conservé un long et haut mur ceinturant la quasi-totalité des terres mitoyennes. La partie curviligne bordant la rue est en brique couverte d'un chaperon en panne flamande.
La cense de Hongrie présente la particularité de posséder un enclos en brique (fig. 13) qui intègre la chapelle, mais reste indépendant du corps de ferme. La ferme étant ceinturée jusqu'à une époque récente d'un large fossé, l'enclos bâti n'était donc pas utile. Il a été cependant édifié pour protéger vergers et pâtures. L'intégration des chapelles dans le mur d'enclos devient fréquente dans la seconde moitié du 19e siècle, comme ce fut le cas pour Notre-Dame de Lourdes située 295, rue des Rosiers.
Matériaux d'élévation associés à la brique
Le grés en moellons équarris ou en blocs appareillés est utilisé en soubassement dans les édifices repérés les plus anciens : porche, rez-de-chaussée du bâtiment dit "du Plaidoyable" de la cense de Hongrie, soubassement du presbytère (notice IA59002540) et de l'église, ponceau de la Caterie (fig. 14).
Il est utilisé en moellons de petite taille pour le soubassement de certains édifices plus modestes.
Son utilisation en pavage de cour ou de trottoir est fréquente : 22 trottoirs en pavé de grès ont été observés, 9 desservent le logis, 4 la grange et 8 l'étable-écurie.
La pierre de Tournai (pierre calcaire carbonifère) est associée à la brique, appareillée en soubassement dans le logis de la ferme située 93 rue des Censes et du relais de l'Alêne d'Or construit en 1802.
Elle est également associée à la brique en encadrement des ouvertures selon le type local dit "appareil tournaisien" [...] dans des constructions antérieures à 1850. Parmi celles-ci les portes charretières de la grange de la cense de Hongrie (698, rue du Capitaine-Deken), les étables-écuries de la ferme du 16, rue du Capitaine-Deken.
Elle a été observée dans un unique cas (remanié) en encadrement complet de porte charretière au 190, rue du Général-Leclerc (fig. 15).
Ce matériau est plus régulièrement employé en trottoir sous forme de grandes dalles rectangulaires bordant le logis (19 repérés) ou l'étable-écurie (3).
L'usage de l'enduit ciment gravillonné (ou en "gravier roulé") est observé sur 17 édifices.
Il est plus fréquemment utilisé en soubassement, mais il peut aussi recouvrir les murs intérieurs du calvaire couvert (1454, rue du Capitaine-Deken), les façades du logis de la ferme située 284, rue de l'Alêne d'or ou encore être associé au remarquable décor architectural en ciment du logis 359, rue de l'Alêne d'Or (notice IA59002250).
Menuiseries et huisseries traditionnelles
Les nombreux et remarquables éléments d'huisserie inventoriés sur la commune de Rosult témoignent de l'habileté et de la recherche technique, créative et ornementale des menuisiers-charpentiers locaux.
Parmi les linteaux chantournés, citons celui du logis de la ferme située 284, rue de l'Alêne d'Or (fig. 16), daté de 1784, à décor d'étoiles, entrelacs et quadrillage ; l'élément remployé sur une dépendance d'un ancien atelier de menuisier du 249, rue des Rosiers, daté de 1792, à décor de fleur de lys, quadrillage et volutes chantournées et celui du relais de poste de l'Alêne d'Or, portant date et monogrammes (1802 L.I.P / M.A.D.) et orné d'un décor de trophée et de motifs végétaux.
Parmi les portes charretières ou cochères, outre celles du relais, en bois de chêne clouté dont une des pentures fleurdelysées porte date et signature probable de l'artisan (Antoine Mailly, 1804), citons celles des fermes, sises au 93, rue des Censes et au 190, rue du Général-Leclerc, signée par "F. Debaisieux, charpentier" et datée 1820, à pentures fleurdelysées (fig. 17). Toutes présentent l'assemblage des bois caractérisé sur la face extérieure par des clous forgés formant une succession de lignes horizontales ondulantes et de segments droits en diagonale.
L'artisanat du bois semble avoir tenu un place importante au moins depuis la seconde moitié du 18e siècle, au regard des nombreuses productions repérées et précisément datées et a perduré jusqu'au 20e siècle. Elle a cessé sur la commune avec le décès du menuisier Gustave Duquesnoy au début des années 1950 (d'après la tradition orale). Sa maison et son atelier, maintenus en l'état jusqu'à nos jours (249, rue des Rosiers) offrent un étonnant mélange de décors et d'éléments architecturaux en bois de tous styles et toutes époques.
L'artisan a associé au gré de son inspiration et des éléments récupérés : un remarquable élément de boiserie dans le goût du 17e siècle, un linteau chantourné du 18e siècle, des frises de bois ajourées en rive de toit (façon chalet montagnard) ornent l'atelier, étonnante construction en pan de bois et remplissage de brique percée de larges ouvertures (fig. 18 à 20).
Il est probable que Duquesnoy soit l'auteur des rares huisseries à décor de pointes de diamant du logis, et de l'auvent décoré de frises ouvragées des étables de la ferme située au 172, rue des Rosiers.
Ces éléments ont été malheureusement détruits peu après leur repérage en 2005.
Les édicules religieux
De nombreux édicules religieux ont été repérés :
11 chapelles-oratoires et 2 calvaires (dont le calvaire-sépulture du cimetière). Ils ont été, pour la plupart, bâtis entre 1850 et 1880.
A l'exception de la chapelle Saint-Roch, rue des Censes (fig. 24), dont la façade de style néogothique en pierre calcaire est d'une richesse ornementale sans égale sur la commune, et la chapelle Saint-Joseph, 556, rue du Plaquenard, de plan octogonal, toutes possèdent des caractéristiques architecturales similaires. La chapelle Notre-Dame de Lourdes, 295, rue des Rosiers, se remarque par son autel-grotte.
Chercheur de l'Inventaire général du patrimoine culturel.