Dossier d’aire d’étude IA59001551 | Réalisé par
Grembert Lucie (Rédacteur)
Grembert Lucie

Chargée de mission à l'Inventaire général du patrimoine culturel Région Hauts-de-France (depuis 2020).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
Luchier Sophie (Rédacteur)
Luchier Sophie

Chercheur de l'Inventaire général du patrimoine culturel.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique départementale, Patrimoine XXe Maubeuge et Val de Sambre
Présentation de la commune de Maubeuge
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Communauté d'agglomération Maubeuge Val-de-Sambre
  • Adresse
    • Commune : Maubeuge

La ville à la veille de la Première Guerre mondiale

Au début du XXe siècle, la ville de Maubeuge, fortifiée par Vauban, s'étend sur près de deux-mille hectares où vivent près de vingt-mille personnes dont seulement 3 321 dans la "citadelle" intra-muros. Les faubourgs se sont lotis grâce au développement industriel qui se fait dès le début du XVIIIe siècle mais surtout à partir du milieu du XIXe siècle. La volonté de "désenclavement" de la ville intra-muros et la réunion des différents faubourgs est l'enjeu majeur de l'urbanisme à Maubeuge au XXe siècle. Au début du XXe siècle, des travaux de rectification de la Sambre sont entrepris, destinés à rendre la navigation des péniches plus aisée.

Les destructions de la Première Guerre mondiale

Le 25 août 1914 la ville est attaquée par les Allemands. Elle se rend le 8 septembre et subit le siège jusqu'au 1er novembre 1918. Le bilan des destructions à l'issue de la Première Guerre mondiale est important : 48 % des immeubles sont partiellement ou complètement détruits ainsi que l’église Saint-Pierre, le collège, la salle Sthrau (ancienne chapelle des Jésuites abritant le musée), les casernes, le pont de la Sambre, de nombreuses usines qui ont été endommagées pendant l’occupation.

L’ aménagement de la ville durant l’Entre-deux-guerres

La loi de 1919, obligeant les communes de plus de 10 000 habitants à établir un projet d'embellissement, d'agrandissement et d'extension, est appliquée à Maubeuge, Louvroil, Marpent et Jeumont.

Pendant l’occupation, le rempart avait été percé à l’ouest, près de la rue de l’Hospice, en vue de faciliter la communication avec le quartier de Sous-le-Bois. Le déclassement de la place militaire en 1928 entraine la destruction progressive des fortifications. En 1932, la partie sud des fortifications (Porte de France) est nivelée. En 1935, les fortifications de la partie nord sont elles aussi en partie détruites (bastion des Capucins près de la porte de Mons).

L’architecte Lafitte (probablement Henri), auteur de plusieurs projets à Maubeuge avant-guerre, réalise un plan (non conservé) en 1920. La ville invalide le projet lorsque l’État estime que le projet doit se limiter au quartier de la Porte de France et confie l’étude à messieurs Duval et Robert des Ponts-et-Chaussées.

En 1922, un marché est conclu avec messieurs Chrétien et Hellebois pour la réalisation d’un plan qui prévoit le démantèlement des fortifications, la réunion des différents bourgs et la constructions d’installations hygiénistes. Les plans de la ville et de l’agglomération sont terminés en 1929 et proposent des projets de raccordement et de circulation de la ville, l’aménagement d’un parc dans le faubourg de Sous-le-Bois et la construction de nouveaux édifices tels qu’un terrain de sport, des bains-douches, une nouvelle gare, un nouveau théâtre, une mairie, un port fluvial.

Pendant cette période de réflexion, Jean Lafitte (1854-1928) et son fils Henri (1888-1966) étudient un projet de restauration de l’église (non réalisé), aménagent la salle Sthrau et construisent l’hôpital Saint-Pierre (détruit en 1940).

Les grandes orientations du plan de circulation sont adoptées au cours du XXe siècle mais tous les projets n’ont pas abouti. Les grandes orientations du plan proposé en 1929 sont reprises par André Lurçat en 1945.

La Seconde guerre mondiale et la Reconstruction d’André Lurçat

La ville est bombardée en mai 1940 et détruite à 80 %. La ville est dégagée de ses décombres et nivelée dès juillet 1940. Paul Janin, architecte des bâtiments civils et des palais nationaux, D.P.L.G. et expert près les tribunaux, est en charge du plan d'aménagement et de reconstruction de la ville pour le Commissaire technique à la Reconstruction immobilière en 1941. Entre 1942 et 1945, quinze projets sont refusés. Des bâtiments en "semi-dur" sont construits pour abriter la mairie, un hôpital, des cités-jardins.

À la fin de l'année 1944, le Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme Raoul Dautry, charge André Lurçat de la reconstruction de la ville. Il en est l’urbaniste et architecte en chef, adjoint des architectes d’encadrement Jean Badovici et Maurice Gouvernet (également architecte-conseil au remembrement), du colonel Leveaud, commissaire au remembrement, de Dégrémont, directeur des services de reconstruction et de Pierre Veyer, ingénieur des Ponts-et-Chaussées. André Lurçat visite la région, rencontre de nombreuses personnalités et travaille en collaboration avec l’association syndicale de remembrement et de reconstruction et le comité local d’urbanisme – créé par lui – qui regroupe les quinze membres élus de l’assemblée représentant toutes les catégories socio-professionnelles, les syndicats et les décideurs.

Le plan « zéro » présenté lors du meeting d’avril 1945 s’articule autour des axes majeurs :

-        Conservation des remparts.

- Restitution d’un centre-ville commercial.

-        Abandon des anciens tracés, laissant place au grand axe nord-sud et intégration de la Sambre.

-        Place donnée aux édifices publics, dont le nombre et l’emplacement seront modifiés sur le plan définitif de 1947.

-        Réduction de la densité de la construction avec augmentation de la surface des îlots lotis d’immeubles.

Lurçat souhaite reconstruire une "ville moderne, claire, verte, aérée et insolée", reliée aux faubourgs grâce à un réseau viaire important.

Les architectes maubeugeois sont associés à la reconstruction : deux équipes sont constituées d’un chef d’îlot et un architecte d’opération en alternance. La reconstruction de Maubeuge se poursuit jusqu’en décembre 1963, date à laquelle l’association syndicale de reconstruction est dissoute.

L’aménagement de la ville dans la seconde moitié du XXe siècle

Entre 1950 et 1962, trois-mille logements sont construits. Mais, dès 1959, un manque de logements est ressenti. Des études estiment que deux-mille logements supplémentaires sont nécessaires, aboutissant à l’établissement de programme locatifs importants, répartis en immeubles et cités, conçus par les architectes Simone Menez (qui deviendra l’architecte de la ville) et André Gaillard, successeur d’Adolphe Danis, architecte des "Provinces françaises", du lycée technique (1964), de l’Hôtel de Ville (1969) et urbaniste du quartier de l’Épinette (1972) dans lequel se trouve l’immeuble le Vilvoorde.

À partir de 1954 et jusqu’en 1970, les anciennes casernes sont démolies. La Caserne Joyeuse, démolie en 1964, fait place à un programme d’habitat réalisé vingt ans plus tard. La nouvelle gare est inaugurée en 1978.

La ville est une agglomération complexe composée d'une ancienne citadelle et de nombreux faubourgs.

La ville intra-muros conserve des vestiges de remparts au nord. Elle est traversée par la Sambre canalisée et délimitée au sud par la voie de chemin de fer. Le faubourg de Sous-le-Bois, à l'ouest, le plus ancien, est conçu selon un maillage en quadrilatère, avec des corons qui logent les ouvriers de l'industrie métallurgique. Le quartier de Saint-Lazare et l'avenue de Ferrière sont lotis en grande partie entre 1900 et 1930 et sont composés de maisons individuelles. Le quartier du faubourg de Mons et le Pont Allant connaissent un développement important après la Seconde Guerre mondiale. L'Épinette est un quartier conçu en 1970, organisé autour d'un centre commercial. Dans la ville intra-muros, les constructions anciennes, en brique, côtoient les immeubles de la reconstruction en béton ou en brique répartis en îlots le long des deux axes nord-sud et est-ouest, conçus eux aussi lors de la reconstruction, alliant les zones commerciales et d'habitation. Le centre abrite également la plupart des équipements publics tels que mairie, église, théâtre, écoles, gare.

Documents figurés

  • Plan de nivellement des fortifications de Maubeuge : sur le rive droite de la Sambre, de Corbeil (géomètre) vers 1932 (AD Nord ; série O : 396/685).

  • Maubeuge : plan général d'aménagement, d'embellissement et d'extension, par Hellebois, 1929 (AD Nord ; série O : 396/394 bis).

  • Hôpital Saint-Nicolas (détruit) : plan de l'élévation nord partielle du bâtiment B, par Lafitte et fils, 1926 (AD Nord ; série X : 220 367).

  • Ville de Maubeuge, cadastre de 1844, section C (AC Maubeuge).

  • Plan de reconstruction et d'aménagement de Maubeuge approuvé le 15 mai 1949, par André Lurçat (AC Maubeuge).

  • Vue aérienne de la ville, photographie ancienne, [vers 1950] (AC Maubeuge).

  • Vue aérienne du centre-ville et des immeubles I.D.T. route de Valenciennes : en perspective, photographie ancienne, [vers 1950] (AC Maubeuge).

  • Vue aérienne du chemin de fer, de la Sambre et du quartier Sous-le-Bois, photographie ancienne [vers 1950] (AC Maubeuge).

Annexes

  • Identification des îlots de la Seconde Reconstruction de Maubeuge. Travail réalisé par MM. Lamy, Thierry et Mme Colaert en 1993 (archives communales de Maubeuge).
Date(s) d'enquête : 2001; Date(s) de rédaction : 2002, 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Grembert Lucie
Grembert Lucie

Chargée de mission à l'Inventaire général du patrimoine culturel Région Hauts-de-France (depuis 2020).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Luchier Sophie
Luchier Sophie

Chercheur de l'Inventaire général du patrimoine culturel.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.