Dossier d’œuvre architecture IA02010856 | Réalisé par
Barbedor Isabelle (Rédacteur)
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
  • patrimoine de la Reconstruction
Ancien village de Vouël
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Chauny-Tergnier-La Fère - Tergnier
  • Commune Tergnier
  • Lieu-dit Vouel
  • Précisions anciennement commune de Vouël
  • Dénominations
    village
  • Destinations
    village, quartier
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Le village apparaît sur la carte de Cassini, en bordure d'une voie de grandes communications : la chaussée reliant Coucy à Ham. La carte figure également un tertre à l'ouest du village.

D'après le Pouillé de l'ancien diocèse de Noyon (1905), Fargny dépend de la paroisse de Vouël, jusqu'en 1687. Au 18e siècle, la paroisse compte 120 feux, dont 44 dans le hameau de Tergny. Une maîtresse d'école est attestée en 1729.

Selon Joubert (1889) "A partir de 1620, ou peut-être même avant, la petite église protestante de Falaise (Ardennes, arr. de Vouziers), était une annexe de l'église de Vouël (Aisne, arr. de Laon, con de La Fère) qui faisait partie du colloque de Champagne, province de l'Ile-de-France. Cette église de Vouël, qui exista de 1564 à 1665 au moins, eut plusieurs pasteurs connus, dont Philippe de Gastineen en 1603 et N. Duval de 1616 à 1624. Un croit que le culte réformé se célébra à Vouël jusqu'à la révocation de l'Edit de Nantes.(Note communiquée par M. N. Weiss, membre de la Société de l'Histoire du protestantisme français)".

Le cadastre de 1824 donne une représentation plus précise du village qui compte quelques maisons regroupées le long et aux abords de la Chaussée Brunehaut, qui en forme la rue principale. Dans la traverse du village-rue, la voie de largeur inégale est ponctuée de chicane et de mares entravant le passage, à chaque entrée du village et au niveau de l'église. A l'ouest du village, le tertre figurant sur la carte de Cassini se situe au lit-dit La Tombe. Le tableau d'assemblage de 1824 le montre surmonté d'un moulin.

La carte d'Etat-Major (1820-1866) ne montre aucune évolution significative et signale le tertre, dit Tordoire.

Les recensements de population montrent une croissance régulière de la population de la commune qui passe de 258 habitants en 1793 à 803 en 1911. Croquet (1887) attribue à l'établissement des grands ateliers de la Cie du Nord cet afflux de population, qui s'accompagne de la reconstruction de l'église et de la construction d'une mairie-école, dans le 3e quart du 19e siècle.

Complètement détruit durant la Première Guerre mondiale, le village ne compte plus que 582 habitants en 1921. Il voit cependant sa population augmenter fortement dans l'immédiate après-guerre (1179 habitants en 1926), en raison de la construction de la cité-jardin de la Cie du Nord sur une partie de la commune, et jusqu'en 1936 où elle atteint 1647 habitants.

La carte spéciale des régions dévastées (1920) localise les cités provisoires à l'est et au nord du village.

Les délibérations du Conseil municipal (AC Tergnier) documentent partiellement le processus de reconstruction de Vouël. Le conseil municipal vote l'adhésion à la coopérative de reconstruction de l'arrondissement de Laon en novembre 1919 et demande une aide pour le déblaiement de la commune en août 1920. Le plan d'alignement et d’extension est réalisé en 1920 par A. Brethollon, architecte expert de l’Etat, sous la direction de Jean Guichard, ingénieur conseil du service d’études et de contrôle industriel de France. En octobre 1921, Maurice Rondoni est recruté comme architecte municipal mais l'approbation du Plan d'alignement et d'extension est ajournée, comme la révision de l’étude sommaire du plan d’alignement. En mai 1922, J. Gilbert Vorbe remplace Rondoni qui n’a pas l’agrément de la préfecture pour la reconstruction des bâtiments communaux. Il propose un plan général de reconstruction adopté par le Conseil municipal en juillet 1922. L'approbation définitive du plan d’alignement, en décembre 1922, rend possible la reconstruction ou la construction par les particuliers ou la commune. Des cités provisoires sont aménagées (cité de l'Orient / cité de la commune). La construction de nouvelles voies et le redressement des voies existantes (allée du Repos, rue Guynemer) sont réalisés par l'entrepreneur J. Marot, en 1923.

Les vues aériennes (IGN) de 1931 montrent que la reconstruction du village de Vouël est achevée avec un développement urbain majoritairement à l'est de la voie principale (vers Tergnier : rues Jean-Mermoz, Henri-Barbusse, Léon-Blum et Albert-Calmette ouvertes depuis la rue Guynemer et la rue de Chateaudun ou encore l'allée des Pavillons), et plus ponctuel au sud du village (allée de l'Espérance) et à l'ouest avec d'un groupe de logements ouvriers construit rue de l'Egalité. Au nord, le développement est empêché par la mobilisation des terrains utilisés par la Cie du Nord pour y construire sa cité.

Vouël obtient le parrainage de la ville de Grasse, qui adresse une subvention de 10 000 F. La rue principale prendra ainsi le nom de rue de Grasse.

L'annuaire industriel (1935 et 1938) signale la société de bonneterie de Tergnier, dont le siège social est à Paris et l'usine à Vouël.

Le village est partiellement touché par les bombardements durant la seconde guerre mondiale. Quelques constructions provisoires sont élevées dans les années 1940 mais on n'observe pas de modifications significatives jusqu'au regroupement avec Tergnier. Les derniers aménagements identifiés comprennent le rond-point de la rue de l'Egalité (1985-1990), l'ensemble d'immeubles construit rue de la Première division française libre (1975-1980), la zone d'activités et la construction de l'usine Vabel cosmétique (2006-2010).

L'ancien village de Vouël est aujourd'hui un quartier de l'agglomération du Grand-Tergnier. Sa structure ancienne n'est plus perceptible que le long de la voie principale qui a conduit son développement nord/sud, en particulier aux abords des bâtiments communaux qui forment une centralité linéaire (église, mairie, monument aux morts et groupe scolaire). Le sentier du tour de ville est partiellement conservé, reliant la chaussée à la rue de Chateaudun, au sud, et prolongeant la rue Jean-Mermoz jusqu'à la rue Jean-et-Marceau-Toussaint, à l'est.

Le bâti se caractérise par un habitat de la première reconstruction (1925-1930), construit en briques et couvert de tuiles mécaniques flamandes ou d'ardoises, et plus ponctuellement de la seconde (1940-1950), construit en parpaings de béton masqués par un enduit et couvert d'ardoises, mais également par la présence de nombreux pavillons de construction récente, sur les axes historiques.

Bâti présentant des qualités architecturales à signaler : une importante ferme (114 rue de Grasse) et une demeure (98 rue de Châteaudun), un café toujours en activité (106-108 rue de Grasse) et un ancien café-restaurant, 15 rue Guynemer (angle de la rue Pierre-et-Marie-Curie). Enfin plusieurs ensemble de logements sous un même toit : groupe de deux maisons à deux unités d'habitation sans retrait d'alignement (125 à 131 rue de Grasse), deux ensembles de quatre logements en rangée (94 à 100 rue de Grasse, 65 à 71 rue de Grasse), un ensemble de cinq logements en rangée (51 à 57 rue de Grasse), un ensemble de treize logements en rangée (21 à 43 rue de l'Egalité) et une maison à deux unités d'habitation (2 rue de Grasse/196 boulevard Gambetta).

  • Typologies
    village-rue

Village-rue totalement détruit durant la Première Guerre mondiale, dont le développement reste dépendant du bassin d'emploi de Tergnier. Les équipements reconstruits en bordure de la voie, constituent une centralité faible.

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série T ; 13T 483. Vouël. Monographie communale, 1888.

  • AC Tergnier. Vouel. Registre des délibérations du conseil municipal (1897-1924).

  • CHRETIEN, Abbé (d'après le manuscrit de). Pouillé de l'ancien diocèse de Noyon. Montdidier : J. Bellin, 1905.

    p. 106.
  • Annuaire industriel. Répertoire général de la production française. Paris.

    1935, 1938.

Bibliographie

  • CROQUET. "Notes et additions [à la notice historique sur Vouel]. Bulletin de la société académique de Chauny, janvier 1887.

    p. 111-119
  • JOUBERT, André. "Histoire de l'église réformée de Laval". Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1er janvier 1889, p. 150.

  • LABBE, père. "Notice historique sur Vouel". Bulletin de la société académique de Chauny, janvier 1887.

    p. 109-110.
  • MARIVAL, Guy. "La France et le monde au secours de l'Aisne dévastée après la Grande Guerre". In A la conquête des ruines. Actes du colloque de Soissons, 29 et 30 novembre 2019.

    p. 150.

Documents figurés

  • Carte de la subdelegation de Chauny et de ses environs, levée sur les lieux par ordre de Monseigneur l'Intendant de la Generalitée de Soissons, à quoi ont été ajoutées les parties de rivieres de Somme et d'Oise qui s'y trouvent representées et tirées d'une carte de projet du canal de Picardie, par Legrand, 1750 (Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE DD-2987 ; 909 B)

  • Vouël. [Copie du] plan cadastral. Section B, dite du village, 1824 (AD Saisne ; 3P1041_04).

  • Carte spéciale des régions dévastées. 22 SE, Laon [Sud-Est], [Service géographique de l'armée], 1920 (BNF Cartes et plans, GE CC-698 /22 SE-1920-2).

  • Plan de schématique l'agglomération de Tergnier et de la cité, par R. Crevet. Le maître-d'oeuvre de la reconstruction française, 1946.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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