La piscine de Soissons est composée de plusieurs éléments datant d’époques différentes.
Ainsi, les deux premiers bassins de la piscine d’été ont été construits au début des années 1930, tandis que la piscine couverte n’a été rajoutée qu’en 1976. Depuis la fin des années 1970, la piscine comprenait donc quatre bassins extérieurs et trois bassins intérieurs, auxquels s’ajoutaient des équipements annexes tels qu’une fosse à plonger avec plongeoir de 3 mètres, des bains-douches, un foyer-bar et même un sauna. Ce programme assez exceptionnel et très ambitieux pour une ville de 30 000 habitants, témoigne de la volonté de la ville de Soissons d’offrir à ses administrés un ensemble nautique d’envergure, adapté à toutes les pratiques natatoires.
Son insertion dans un cadre paysager répond aux prescriptions du secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports : "Leur exposition appellera la plus large participation d’espaces verts sous les formes les plus diverses : parcs, places et jardins publics, promenades largement plantées indépendantes des circulations automobiles, plans d’eau qui doivent affirmer la présence de la nature dans le paysage urbain en évitant toute banalisation et assurant la continuité de la coulée de verdure vers les autres quartiers ou le centre principal de la ville"1.
Elle est associée à camping municipal, pratique assez fréquente dans les années 1960-1970, dont on trouve des exemples à Château-Thierry dans l’Aisne (1971) ou encore à Bergues dans le Nord (piscine construite 1960 au milieu des anciens remparts Vauban).
La piscine couverte est réalisée d’après un projet-type de piscine à deux bassins et pataugeoire, agréé en 1970, imaginé par l’architecte Jean Doldourian, en collaboration avec l’entreprise CIMEG. Ce projet-type est également réalisé dans le Nord à Ronchin (1972), Wattrelos (1973) et Villeneuve-d'Ascq (1977) ; une variante simplifiée de ce projet est construit dans le Pas-de-Calais à Noeux-les-Mines (1976) et à Harnes (1975).
Ce "projet-type" émane d’une procédure d’agrément mise en place par le ministère de la Jeunesse et des Sports en 1966. Cette procédure visait à faire valider, par une commission spéciale, des projets d’équipements sportifs (et notamment des piscines) proposés par des groupements d’architectes et d’entreprises. Les projets présentés devaient notamment respecter les normes (de sécurité, sanitaires, techniques), présenter une certaines originalité architecturale. Le but était d’encourager les municipalités à s’équiper d’une piscine, en leur proposant de choisir parmi des modèles agréés par l’état, aux programmes et à l’architecture variée, et livrables "clé en main", le prix étant fixé par l’entreprise. Le processus de réalisation d’une piscine se trouvait par conséquent largement simplifié.
La piscine de Soissons est construite d’après un projet-type, qui a été modifié afin de s’adapter au terrain et installations préexistantes. Elle constitue donc un exemple unique dans cette série de piscines. Des vestiaires à porte-habits (aujourd’hui inutilisés) étaient aménagés au sous-sol, où se trouvent également les locaux techniques. Contrairement aux autres piscines du même type, le bassin n’est pas construit directement dans le sol, mais de manière surélevée. Cela peut s’expliquer par le fait que la piscine se trouve dans une zone facilement inondable par l’Aisne. Cette disposition du bassin hors-sol, si elle n’est pas prévue à l’origine, n’est pas une nouveauté : on retrouve ce système dès les années 1930, car il permet de dégager une galerie technique sous le bassin et de laisser une marge de dilatation au béton armé. Du fait de cette surélévation et de la disposition des bassins extérieurs, l’entrée ne se fait pas, comme sur le plan type, au rez-de-chaussée, façade nord, mais par une terrasse à l’étage, à laquelle on accède par un escalier.
Jean Doldourian est un architecte installé à Vaudricourt (Pas-de-Calais). Il s'est spécialisé dans l'utilisation de charpentes en bois lamellé collé pour la construction d'équipements publics variés. Ainsi, il participe à la construction de l'église Notre-Dame-de-la-Paix d’Arnouville-lès-Gonesse (Val-d’Oise) (1958-1960), aux côtés d'Antoine Debré, René Serraz et Jacques Small. Sur le même modèle (plan triangulaire ; avancée du toit en deux pans lambrissés formant un auvent), il conçoit avec René Evard l'église de Givenchy-lès-la-Bassée (Pas-de-Calais), en 1960. En 1975, il réalise également un modèle d'école maternelle, adapté aux nouvelle méthodes pédagogiques, dont la forme générale est caractérisée par des coques sphériques accolées (ex : école maternelle Sévigné de Béthune ; école Chateaubriand de Villeneuve d'Ascq). Il imagine également des structures en bois innovantes pour les équipements sportifs, par exemple pour un modèle de piscine agréé par l’État en 1970 (réalisé à Thiers, Modane, Ronchin, Wattrelos, Villeneuve d'Ascq et Soissons), ou encore pour le stade d'athlétisme couvert de Liévin (vers 1985). Il est enfin à l'origine de projets de Maison de jeunes évolutive, de patinoire, et de gymnases.