Avant la construction de la râperie dépendant de la sucrerie centrale d'Eppeville, Montescourt possède une sucrerie importante, exploitée avant guerre par Louis Sébline. La date de fondation de la sucrerie n'est pas connue et toutes les archives ont été détruites lors de la Première guerre mondiale. L'établissement est en tout cas existant au début du 20e siècle. En 1905, il est géré par la société Louis Sébline, qui passe à l'époque sous le statut juridique de société en commandite simple (acte notarié du 5 juin 1905, passé devant Me Margat, notaire à Saint-Simon), Le bâtiment principal est construit en brique et mesure 26 m de long sur 12 m de large. Il abrite une batterie de diffusion de 12 vases de 50 hl chacun, qui permet de traiter 600 t. de betteraves par jour, soit 50.000 t.de betteraves par an. L'ensemble fonctionne avec une machine à vapeur de 300 chevaux.

Dès le 28 août 1914, l'armée allemande occupe l'usine. La campagne de l'automne 1914 démarre malgré tout, sur ordre de l'armée allemande qui se charge de l'alimentation de la sucrerie en betteraves. Compte-tenu des circonstances, et avec un personnel réduit et réquisitionné, l'usine produit néanmoins 15 tonnes de sucre. Mais rapidement après cette dernière campagne de production, l'équipement est démantelé. Le cuivre et les autres métaux des machines, ainsi que le cuir des courroies sont récupérés. Les bâtiments sont quand à eux détruits entièrement par explosions, lors du repli allemand de mars 1917. Les experts de l'Office de la Reconstitution Industrielle font un constat amère lors de leur venue en août 1919 : "A l'exception du four à chaux, il ne reste qu'un amas de bâtiment et de machines. la description détaillée des lieux est presque impossible à faire. Ce ne sera qu'au fur et à mesure du déblaiement qu'un inventaire pourra être fait du sauvetage qu'il y aura à faire". De sauvetage, il n'y en aura pas. En 1920, Louis Sébline décide de ne pas reconstruire sa sucrerie et de transférer la somme de 1.000.000 de francs à valoir sur ses indemnités de dommage de guerre à la Compagnie Nouvelle des Sucrerie Réunies qui construit l'un des établissements les plus importants et des plus modernes de France à Eppeville.

Le site de Montescourt est rapidement déblayé, ce qui rend difficile le contrôle des services chargés de l'indemnisation des sinistrés. Il laisse place à une nouvelle râperie, qui est construite sur le même emplacement et qui est destinée à alimenter la sucrerie de la C.N.S.R. Les bâtiments de cette "fraction de sucrerie", sont achevés en 1922. L'usine est mise en service dès 1923.