L´inventaire de la collégiale de Saint-Quentin (architecture, décor et mobilier) - cahier des clauses scientifiques et techniques
1) Descriptif scientifique
a) Définition de l´aire d´étude
Terre d´accueil et d´épanouissement de l´architecture gothique, la Picardie est riche d´un grand nombre d´édifices médiévaux, religieux ou civils, publics ou privés, qui constituent aujourd´hui un atout exceptionnel pour l´attrait touristique de ce territoire.
Dominant toute la ville circonvoisine, la collégiale royale de Saint-Quentin, qui constituait jadis le choeur d´un quartier canonial, remplace les lieux de culte et de pèlerinage successifs qui accueillirent le corps du martyr Quentin, premier évangélisateur du Vermandois au début du IVe siècle. Reconstruit en plusieurs campagnes distinctes, entre le XIIe siècle et les premières années du XVIe siècle, l´édifice actuel offre au regard l´évolution ininterrompue de l´architecture gothique depuis son avènement jusqu´à l´aube de la Renaissance. Les profondes restaurations, parfois étendues sur des décennies, qui ont succédé à l´incendie de 1669, au vandalisme révolutionnaire et aux terribles dégâts de la Première Guerre mondiale, ont respecté l´harmonie du bâtiment. Néanmoins, chacun de ces drames est à l´origine d´une transformation dans le goût de son époque. Les restaurations de l´époque classique ont été suivies d´une modernisation des aménagements intérieurs, antérieure à celle des cathédrales. Au XIXe siècle, le rétablissement de la collégiale, entrepris méthodiquement dès les années 1840, a permis non seulement de retrouver de précieuses peintures murales, mais s´est accompagné d´un renouvellement du décor porté et de l´ameublement, dans le style néogothique, tandis que le lieu de culte, orné du titre de basilique mineure par Pie IX le 5 décembre 1876, devenait le centre d´une dévotion ravivée pour le saint patron du Vermandois. Enfin, dans l´entre-deux-guerres, l´architecte Emile Brunet n´a pas hésité à faire appel au béton pour donner à l´édifice des murs solides et une nouvelle charpente. Ces aléas de l´Histoire ont fortement amputé le décor et le mobilier. Mais les témoins qui en subsistent, souvent de très grande qualité, relèvent de techniques de création variées et témoignent de l´intervention des affectataires et des fidèles dans l´ameublement du monument, tout au long de ses neuf siècles d´existence.
Peu d´études approfondies ont été publiées sur la collégiale, jusqu´aux travaux de Pierre Héliot à la fin des années 1950 et pendant la décennie suivante. Toutefois, ces ouvrages de synthèse et articles sont centrés sur l´édifice médiéval, dont la construction fait encore actuellement le sujet de mémoires universitaires (Lille 3) et dont la recherche des origines a occasionné de récentes et fructueuses campagnes de fouilles archéologiques (CNRS-Centre d´études médiévales d´Auxerre). En revanche, les historiens n´ont fait qu´effleurer les restaurations dont a bénéficié l´édifice aux époques moderne et contemporaine, et abordent rarement l´étude de son aménagement liturgique, de son décor et de son mobilier.
Ce dernier a cependant fait l´objet de plusieurs recensements partiels, soit à l´initiative du CNRS, pour l´inventaire des verrières anciennes (Corpus vitrearum), qui a donné lieu à une publication sous la direction de Louis Grodecki, en 1978, soit à l´initiative du ministère de la Culture et de la Communication pour le recensement des peintures murales effectué en 2001 (9 notices ont été versées dans la base Palissy en 2004), soit enfin pour le récolement des objets classés de l´Aisne réalisé de 1999 à 2001 par le service de l´Inventaire du patrimoine culturel (44 notices ont été rédigées). 687 photographies (dont 602 en couleurs) sur l´édifice et son mobilier sont déjà indexées dans les bases Illustration du service régional.
Le contrat de projets Etat-Région 2007-2013 définit comme une priorité la mise en valeur du patrimoine picard, par l´amplification de la dynamique du réseau « Villes et Pays d´Art et d´Histoire », la mise en place de centres d´interprétation du Patrimoine et l´amélioration de l´accueil des visiteurs et de la signalétique dans les sept monuments gothiques majeurs de Picardie. L´étude de la collégiale de Saint-Quentin constitue la réponse du service régional de l´Inventaire du patrimoine culturel aux priorités du Conseil régional de Picardie en matière de connaissance et de valorisation du patrimoine gothique, exprimées dans ce contrat de projets.
b) Les buts de l´enquête
L´opération présente l´intérêt de compléter la connaissance des lieux de culte gothiques majeurs de Picardie, qui ont constitué l´un des sujets d´enquête privilégiés du service régional de l´Inventaire du patrimoine culturel depuis sa création. Elle permet en outre d´étendre et de parfaire l´étude du décor et du mobilier de l´édifice, précédemment amorcée.
Dans le cadre de la mission de diffusion de la connaissance qui incombe à l´Inventaire, les résultats de l´enquête, consultables dans les bases de données du ministère de la Culture et sur le site internet du Conseil régional, font également l´objet d´un ouvrage publié dans la collection nationale des « Parcours du Patrimoine », afin de faciliter aux visiteurs la découverte du monument. Enfin, la réalisation d'une "visite virtuelle" offre aux internautes une autre voie d'accès à cet édifice.
c) La définition du mode d´approche
L´architecture
La collégiale constitue le sujet d´une monographie synthétique retraçant l´histoire du bâtiment jusqu´à nos jours, en s´appuyant sur les travaux existants, pour l´époque médiévale, et sur les documents d´archives, pour les périodes les moins étudiées.
Le mobilier
Une liste la plus exhaustive possible de l´ameublement et du décor de l´édifice a été dressée et annexée au dossier « sommaire objets mobiliers » de l´édifice. Cette liste comprend la dénomination des objets, leur matériau, leur datation, et un relevé des inscriptions déchiffrables. Les objets bénéficiant d´une protection au titre des Monuments historiques (incluant les oeuvres classées déjà étudiées), ainsi que les plus remarquables par leur qualité artistique, leur intérêt historique, leur technique de création, leur rareté ou leur représentativité font l´objet de dossiers individuels.
La richesse de la documentation conservée le permettant, une approche de l´évolution de l´ameublement de la collégiale a été également tentée dans sa globalité.
d) Les composantes de l´étude
La recherche documentaire
La documentation, considérable, est consultable, pour l´essentiel, aux Archives nationales, à la Bibliothèque nationale de France (cabinet des Estampes et cabinet des Manuscrits), aux Archives départementales de l´Aisne, aux Archives communales de Saint-Quentin, aux Archives diocésaines de Soissons, à la Société académique de Saint-Quentin, à la Médiathèque du Patrimoine, à la DRAC de Picardie (service des Monuments historiques et service de l´Archéologie).
La recherche documentaire (bibliographique et archivistique), limitée aux sources pertinentes en fonction des délais fixés à l´opération, a été poursuivie pendant toute la durée de l´opération. Elle avait pour objectif de faciliter la compréhension de l´édifice et la sélection pertinente des objets remarquables pendant l´enquête de terrain, puis d´apporter des réponses aux questions qui n'ont pas manqué de se poser à l´occasion de la constitution des dossiers et de la rédaction du texte de l´ouvrage. Il faut ici préciser que, pour des raisons sanitaires, une grande partie des archives du chapitre collégial de Saint-Quentin, conservées aux Archives départementales de l'Aisne, ont été interdites de consultation et n'ont donc pu être interrogées dans le cadre de cette étude.
L´enquête de terrain
Cette enquête, qui a débuté en novembre 2008, a été menée jusqu'à la fin de l'année 2010. Elle a permis d´analyser l´édifice, et d´appréhender son évolution, extérieure comme intérieure, par comparaison entre l´état actuel et la documentation graphique ou photographique. Par ailleurs, elle a facilité la vérification sur place des informations contenues dans les travaux historiques, ainsi que l´observation de détails techniques.
La production, le traitement et la diffusion des données
Les données recueillies ont été mises en forme en « dossiers électroniques » (Renabl6), constitués d´une notice d´oeuvre, d´illustrations, de références documentaires et d´annexes éventuelles. Ces dossiers sont consultables sur le site Internet du Conseil régional donnant accès au site du service régional de l´Inventaire du patrimoine culturel (Patrimoine architectural et mobilier en Picardie) et sont versés, au format xml, dans les bases documentaires du ministère de la Culture et de la Communication (Architecture, Mobilier, Images).
Les photographies numériques, utiles à la constitution des dossiers, sont indexées dans le dossier électronique ; les clichés numériques excédentaires et la totalité des photographies argentiques sont indexés dans la base locale de gestion des illustrations.
Une publication dans la collection nationale des « Parcours du Patrimoine » a été réalisée (n° 373).
2) Les moyens mobilisés
L´étude a été conduite par un chercheur du service régional de l´Inventaire du Patrimoine culturel. Tout au long de l´opération, une couverture photographique a été effectuée par le chercheur, selon les techniques numérique ou argentique, en fonction de ses besoins. Par ailleurs, pour illustrer les dossiers électroniques et la publication, une couverture photographique a été réalisée par un photographe du service, sous forme de clichés argentiques en grand et moyen formats, qui ont ensuite été numérisés.
L´indexation des photographies dans le dossier électronique a été réalisée par le chercheur, et les notices ont été reversées dans la base de données locale à l´issue de l´opération. La saisie des notices d´illustration dans la base de données locale a été effectuée par les photographes pour les prises de vue qu´ils réalisent et par la gestionnaire de bases de données Illustration pour les prises de vue de chercheur non utilisées dans le dossier mais que le service jugerait utile de conserver.
3) Bilan de l'opération
L´opération qui a commencé en septembre 2008 s'est achevée en février 2012, tant pour la mise en forme des dossiers électroniques que pour la parution de l'ouvrage consacré au monument. Elle aboutit à la constitution de 2 dossiers architecture et 173 dossiers d'objets mobiliers.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.