I. Contexte institutionnel et objectifs
Dans le cadre d'un stage conventionné par la Direction de l'Inventaire et du Patrimoine culturel de Picardie et l'Université de Picardie Jules-Verne, les œuvres illustrant les litanies de la Vierge ont fait l'objet d'une enquête thématique.
L'opération avait pour objectif de publier sous forme de dossiers électroniques d'inventaire le catalogue du corpus des œuvres étudiées au sein d'un mémoire de Master 2, ayant pour sujet : L'iconographie des litanies de la Vierge à la fin du Moyen-âge (15e -16e siècle).
Pour la Région Picardie, il s'agissait donc :
- d'élaborer un corpus thématique regroupant des œuvres de natures différentes mais d'identité régionale commune.
- d'approfondir les connaissances iconographiques et scientifiques d’un patrimoine méconnu.
- de diffuser cette connaissance afin de créer un engouement patrimonial permettant la préservation de œuvres.
Pour l'Université de Picardie Jules-Verne, il s’agissait :
- de créer des liens professionnels et scientifiques avec le service de l'Inventaire permettant d'autres collaborations dans le futur.
- de faire connaître professionnellement le travail de recherche d'une étudiante.
Pour l’étudiante-stagiaire, il s'agissait :
- de créer un catalogue raisonné des œuvres recensées dans la région.
- de renforcer son travail de recherche au contact de professionnels et grâce aux méthodes de l'Inventaire général.
- de publier, sous forme de dossier électronique d’inventaire, le résultat de deux années de recherche.
II. Descriptif de l’opération
a) Définition du corpus (iconographie, aire d’étude, limites chronologiques)
Le corpus des œuvres étudiées s’appuie sur un travail de recensement commencé en Master 1 et complété en Master 2. Ce corpus se base sur des données iconographiques, topographiques et historiques.
Du point de vue iconographique, le corpus comprend toutes les œuvres représentant la Vierge debout entourée des emblèmes de ses litanies, mais aussi les œuvres ne représentant que des fragments des litanies (ex : emblèmes, inscriptions, ...).
Le mémoire de Master ayant pour limites géographiques celles de la France métropolitaine, plus d'une centaine d’œuvres, réparties sur les 22
régions, ont été inventoriées. Or environ 1/10 d’entre elles sont aujourd'hui en Picardie, ce qui fait de la région le 2ème foyer de conservation le plus
important. Cette exemplarité, s'expliquant par la situation géographique de la région. En effet, située entre la Haute-Normandie, berceau des pratiques liturgiques liées aux litanies mariales, et le Bassin parisien, berceau de leur iconographie, la Picardie est donc dans l'ère de rayonnement du modèle.
De la petite église paroissiale aux cathédrales, les édifices où des œuvres ont été recensées se situent dans 16 communes picardes : Amiens, Baugy, Beauvais, Chaumont-en-Vexin, Clermont, Coincy, Ercourt, La Ferté-Milon, Montdidier, Rouvres-en-Multien, Saint-Bandry, Saint-Sauveur, Saveuse, Tourly, Vignacourt et Villers-sur-Authie.
Il y a donc :
- 3 œuvres dans le Grand amiénois (Amiens, Saveuse, Vignacourt) ;
- 2 dans le Vexin (Chaumont-en-Vexin, Tourly) ;
- 2 dans le sud de l’Aisne (Coincy, La Ferté-Milon) ;
- 2 en Picardie Maritime (Ercourt et Villers-sur-Authie) ;
- 1 dans le Valois (Rouvres-en-Multien) ;
- 1 dans le Clermontois (Clermont) ;
- 1 dans le Compiégnois (Saint-Sauveur) ;
- 1 dans le Soissonnais (Saint-Bandry) ;
- 1 dans le Beauvaisis (Beauvais) ;
- 1 dans le Santerre (Montdidier) ;
- 1 dans le Pays des sources et vallées (Baugy).
Les limites chronologiques du corpus se situent de la fin du 15e siècle à la fin du 16e siècle, période de transition entre Moyen-âge et Renaissance. Elles coïncident avec l'apparition du 1er modèle illustrant la thématique, comme l'a démontré Émile Mâle dans son ouvrage L'Art religieux de la fin du Moyen Âge en France, mais aussi avec son développement et sa diffusion à travers la France. A partir de la fin du 16e siècle, la production d'œuvres s'amoindrit et le modèle tend à disparaître. Néanmoins, des œuvres plus tardives ont pu être rattachées à l'enquête dans la mesure où elles présentaient une volonté de pérenniser le modèle qu'il s'agisse de créations modernes ou de copies d'œuvres disparues.
Les litanies de la Vierge étant figurées sur différents supports, le corpus s'étend à différentes catégories techniques (vitrail, sculpture, arts graphiques). L'art du vitrail est cependant représenté plus largement, puisque 13 des œuvres inventoriées sont des verrières ou des fragments de vitraux (dont 2 ont aujourd'hui disparus).
b) Les enjeux scientifiques
L'iconographie des litanies de la Vierge étant un thème peu abordé dans l'histoire de l'art, probablement par faute d'études récentes et d'un corpus complet, cette opération a concouru à la diffusion de connaissances permettant la découverte du thème et par son intermédiaire celle d'un patrimoine méconnu. Elle a permis d'appréhender une partie du patrimoine picard sous un angle de vue différent en abordant des problématiques liées à des données historiques, sociologiques, théologiques et iconographiques.
Il s'agissait aussi de renouveler le regard du spectateur, en associant les représentations à des données topo-historiques. En effet, le thème était-il lié à des commanditaires, des artisans ou des particularités locales ? Quels étaient les principes théologiques auxquels il concordait ?
Devant l'importance numérique des représentations en Picardie et face à la variété des supports et techniques employées, nous nous sommes aussi interrogés sur les différents foyers de production et leurs acteurs : l'iconographie répondait-elle à un schéma traditionnel et donc à un modèle statique, ou au contraire était-elle différente selon son médium ? La représentation évoluait-elle au cours du temps ? Le modèle disparaissait-il complètement à la fin du 16e siècle ? Toutes ces problématiques ont également alimenté une réflexion plus large sur la diffusion et le rayonnement des modèles en Picardie à la fin du Moyen-âge.
c) Les modes d'approche et leur application
Les données prises en compte pour l'élaboration du corpus étaient d'ordre iconographique, il s'agissait de répertorier les œuvres répondant au modèle originel des litanies de la Vierge, c'est-à-dire, la Vierge en prière entourée des emblèmes de ses litanies. Le choix des œuvres s'est aussi fait en fonction des données chronologiques, les œuvres devant être comprises entre la fin du 15e siècle et la fin du 16e siècle, sauf si elles montraient une volonté de pérennité du modèle. Pour chaque œuvre un dossier individuel a été créé.
Les dossiers ont ensuite été complétés grâce aux informations élémentaires dont nous disposions (localisation, catégorie technique, éléments de description, datation, commanditaires, statut juridique, bibliographie, etc.). Ils ont été géolocalisés et illustrés grâce aux photographies dont disposait le service de l’inventaire du patrimoine culturel, puis complétés grâce à une recherche documentaire en bibliothèque et sur internet grâce à des sites tels que Gallica et Persée. Les dossiers disposant de peu de références et n'ayant pas d'illustrations ont ensuite été répertoriés afin d'établir le calendrier prévisionnel des enquêtes de terrain.
d) Le contenu des différentes phases
La 1ère phase a fait suite aux données récoltées dans le cadre du Master 1 entre septembre 2012 et septembre 2013. Les données avaient été classées au préalable dans une base de données sous forme de tableau Excel, pour lequel plusieurs champs avaient été pris en compte : la localisation, l'emplacement, le support, les dimensions, l'état, le commanditaire, l'artiste, le lieu de création, les données iconographiques, le statut juridique et les références documentaires. Ce tableau a permis d'établir précisément le corpus des œuvres à étudier, corpus pouvant s'élargir si d'autres œuvres non répertoriées étaient découvertes. Une fois le corpus établi, un dossier thématique nommé "Les litanies de la Vierge" a été créé. Chaque œuvre du corpus a fait l'objet d'un dossier individuel, lié au dossier source.
La 2e phase a été consacrée aux enquêtes de terrain ainsi qu'aux campagnes photographiques les accompagnants.
La 3e phase a été dédiée à l'achèvement des dossiers individuels qui ont ensuite été diffusés sur le site de l’Inventaire du Patrimoine Culturel de Picardie.
La 4e phase a été celle de la valorisation des recherches puisqu'elles ont été exposées lors de la soutenance du mémoire de l’étudiante-stagiaire.
e) Calendrier
Les recherches concernant le mémoire de Master 1 et Master 2 se sont déroulées de septembre 2012 à juin 2014.
L'élaboration des dossiers en ligne, commencée en octobre 2013 lors de l'arrivée de l'étudiante-stagiaire au sein de la DIPC, s'est achevée en juillet 2014, date de fin de stage de ladite personne, et s'est prolongée jusqu'en janvier 2015, date de la mise en ligne des dossiers.
L'enquête de terrain ainsi que les campagnes photographiques se sont déroulées de mars 2014 à juin 2014 à raison d'un jour ou deux par semaine.
Enfin, l'automne 2014 a été consacré aux dernières relectures ainsi qu'aux opérations de valorisation.
III. Moyens scientifiques et techniques
L'étude a été menée par Léa Vernier, étudiante en Master 2 Recherche à l'Université de Picardie Jules Verne, et le suivi scientifique par :
- Isabelle Barbedor, chercheur, responsable du service de l’Inventaire du Patrimoine Culturel de Picardie
- Christiane Riboulleau, chercheur, DIPC
- Étienne Hamon, professeur d'histoire de l’art médiéval à l’UPJV
L'assistance méthodologique et technique a été assurée par :
- Isabelle Barbedor, Christiane Riboulleau, Frédéric Fournis (chercheurs) pour les enquêtes de terrain et pour la relecture des dossiers ;
- Hélène Schill-Fenninger (administratrice et coordinatrice du dossier électronique) pour la formation sur l’application Gertrude et l’élaboration des dossiers ;
- Marie-José Carle (documentaliste en charge des images fixes) pour la recherche d’images, ainsi que pour la formation sur le logiciel de gestion documentaire Superdoc ;
- Anne Diraison (médiatrice du patrimoine) pour les opérations de valorisation des recherches.
La couverture photographique a été réalisée par Marie-Laure Monnehay-Vuillet et Thierry Lefébure, photographes de la direction de l’Inventaire du Patrimoine Culturel.
IV. Suivi et évaluation
L'opération a été suivie tout au long de la durée du stage (octobre 2013 à juillet 2014) par Isabelle Barbedor, Christiane Riboulleau, Renaud Benoît-Cattin et Hélène Schill-Fenninger qui ont relu et validé les dossiers ; elle a aussi donné lieu à la rédaction d'un rapport de stage, évalué par Étienne Hamon et d'un bilan destiné à la DIPC. L'évaluation finale a été faite lors de la soutenance du mémoire en septembre 2014.