h = 80 ; la = 39 ; d = 28. La largeur est celle des rayons et le diamètre est celui du support, pieds compris.

L'ostensoir repose sur quatre supports en forme de dragons, la gueule ouverte. Le pied est orné de plusieurs motifs identiques associant une amphore axiale posée sur un socle et des rinceaux de style Renaissance s'achevant en tête de dauphin. Ces compositions alternent avec quatre médaillons circulaires occupés par des saints auréolés, vus à mi-corps. On reconnaît sur deux d'entre eux saint Gervais et saint Protais, lisant dans un livre et tenant la palme du martyre, représentés à partir des statues des mêmes saints sculptées par Gilles Guérin pour le deuxième jubé de la cathédrale. Sur le troisième, un saint évêque mitré et crossé écrit avec une plume dans un recueil ouvert. L'absence d'attribut ne permet pas son identification. Il pourrait peut-être s'agir de saint Ambroise (Docteur et Père de l'Église), qui a présidé à l'invention du corps des martyrs Gervais et Protais à Milan. Enfin le quatrième médaillon est réservé à un jeune saint martyr anonyme, qui regarde le crucifix qu'il tient, et serre contre lui une palme.

À la base de la tige, se détachent les quatres symboles des évangélistes, sous la forme des traditionnelles têtes ailées : une humaine et trois animalières. Au-dessus, des feuilles d'acanthe s'élèvent contre la tige dont le nœud est remplacé par un globe céleste constellé d'étoiles. Immédiatement au-dessus du globe, deux rinceaux servent de socle à deux anges vus de face, les ailes éployées, présentant un phylactère à hauteur d'épaules.

La gloire circulaire, dominée par une croix, est entourée de rayons en forme de piques et d'une bordure de vases et de rinceaux de style Renaissance, comparables à ceux qui agrémentent le pied. Ici, l'ouverture centrale vitrée n'est pas environnée - comme souvent - par des nuées ou des chérubins, mais par huit médaillons encadrés par des écoinçons feuillagés. Ces médaillons comportent la figuration à mi-corps d'un saint personnage, entretenant un étroit rapport avec le diocèse, ou dont l'action spirituelle a concerné le sacrement de l'Eucharistie. La statue de Notre-Dame de Liesse couronnée est suivie à droite par un religieux régulier, à l'habit de couleur claire. Il s'agit sans doute de saint Norbert, fondateur de l'ordre des prémontrés, vainqueur à Anvers de l'hérésie de Tanquelin, concernant les sacrements et en particulier l'Eucharistie. Vient ensuite le pape saint Grégoire 1er le Grand (reconnaissable à la colombe du Saint-Esprit qui vole près de lui), qui fut l'instrument d'un miracle eucharistique au cours d'une messe. Lui succèdent saint Crépin, évangélisateur de Soissons, tenant un marteau de cordonnier et la palme du martyre, puis saint Joseph avec le lys symbolique de sa vertu. Saint Crépinien tenant un outil de cordonnier et la palme du martyre fait pendant à saint Crépin ; puis un pape bénissant - non identifié - vient en regard de saint Grégoire. Enfin, le dernier personnage, un jeune homme imberbe qui tient une plume et un livre, est probablement saint Jean l'évangéliste. Le revers de la gloire ne comporte qu'un bas-relief, quatre fois reproduit. Il représente, dans un style néoRenaissance, un ange à mi-corps, de face et en prière, émergeant de rinceaux.

Le poinçon de 1er titre et garantie, ainsi que le poinçon d'orfèvre, sont insculpés sur plusieurs éléments constitutifs de l'ostensoir et sur l'organe de préhension de la lunule.

Une étiquette imprimée, portant le nom et l'adresse de l'orfèvre, est collée à l'intérieur de l'écrin : BRONZES ORFEVRERIE / CHASUBLERIE / P. BRUNET / 13 Rue de Grenelle St Germ[ai]n / PARIS.

Une inscription latine, qui rappelle le contexte du don de cet ostensoir, est gravée sur un disque de bronze doré qui obture le dessous du pied :

PRÆ CLARUM ISTUD OSTENSORIUM, EBORE AURO GEMMISQUE EXORNATUM. /

SANCTORUMQUE CIRCUMDUCTIS FIGURIS DITATUM SUÆ OFFEREBAT PAROECIÆ /

R.-D. GUSTAVUS LANDAIS, ARCHIPRESBYTER SUESSIONENSIS ; /

ÆTATIS SUÆ ANNO SEPTUAGESIMO TERTIO. /

CONSECRATIONIS SUÆ SACERDOTALIS ANNO QUINQUAGESIMO ET ANNIVERSARIO /

DIE 15 OCT. 1876-1926. /

ARCHIPRESBYTERATUS SUI TRIGESIMO ANNO 1896-1926.

LAUS DEO, ET S.S. EUCHARISTIÆ SUPREMUS HONOR.

L'inscription dit en substance que Gustave Landais, archiprêtre de Soissons, a offert à sa paroisse cet ostensoir étincelant, orné d'ivoire, d'or et de pierres et enrichi de figures de saints disposées en cercle. Ce don a été fait, à l'âge de 73 ans, pour célébrer l'anniversaire de ses cinquante ans d'ordination (15 octobre 1876-1926) et celui de ses trente années passées à la tête de l'archiprêtré de Soissons. Louange à Dieu et suprême honneur à la très sainte Eucharistie.

Les deux statuettes d'anges qui ornent la face antérieure de l'objet présentent un phylactère portant une inscription en relief. Sur le premier, on lit : VENITE (venez), et sur le second : ADOREMUS (adorons).

L'ostensoir est en parfait état. Néanmoins, le globe céleste et un médaillon ont perdu chacun un éclat d'émail.