Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.
- mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
-
Lefébure ThierryLefébure Thierry
Photographe du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
-
Aire d'étude et canton
Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
-
Commune
Soissons
-
Adresse
Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais
,
place Cardinal-Binet
-
Emplacement dans l'édifice
chœur (baies 105 et 106)
-
Dénominationsverrière
-
Titres
- Saint évêque
- Saint pape
-
Dossier dont ce dossier est partie constituante
La plus ancienne mention de ces verrières n'est pas antérieure au milieu du 19e siècle. Elle est due au baron F. de Guilhermy qui, au cours de cette période, visite à plusieurs reprises la cathédrale de Soissons et la décrit en détails. À ce moment, le visiteur remarque dans deux fenêtres hautes à l'est du croisillon nord du transept, une tête d'évêque nimbée et un "buste d'évêque" tenant une croix et bénissant. Il s'agit alors des deux seules représentations de pontifes présentes dans les oculi des fenêtres hautes, et que l'on peut voir aujourd'hui surplombant le chœur. Contrairement à ce qu'affirme le baron de Guilhermy, induit en erreur par l'éloignement du vitrail, le personnage qui domine actuellement la baie 106 n'est pas un évêque mais probablement un pape, comme le signalent sa coiffe caractéristique et la grande croix qu'il tient. Le traitement de la chevelure de l'évêque renvoie à un style datable de la fin du 13e siècle ou du début du 14e siècle. La construction du bras nord du transept étant généralement datée de la fin du 13e siècle, il est probable que ces rosaces ont bien été créées vers 1300 pour cette partie de l'édifice.
Ces rosaces, comme toutes les verrières de la cathédrale, souffrent d'un manque d'entretien pendant la Révolution et profitent d'une réparation vers 1807. Une seconde restauration est menée en 1816 ou 1817, après l'explosion de la poudrière du bastion Saint-Remy le 13 octobre 1815. Toutefois, cette catastrophe a provoqué les plus graves dommages au sud, à l'est et à l'ouest de la cathédrale, et ces rosaces situées au nord de l'édifice ont peut-être peu souffert de la déflagration. Le vitrage de la cathédrale est réorganisé, restauré et complété dans la seconde moitié du 19e siècle. Au sein de ce grand chantier, bien documenté par les archives provenant de l'administration des Cultes, la réfection des verrières du croisillon nord du transept est entreprise dès la fin des années 1860, en lien avec l'installation de la chapelle du Rosaire en ce lieu. Plusieurs fois interrompue, elle semble achevée dans le courant des années 1880, les archives témoignant de réfections, probablement en 1875-1876, et assurément en 1882 et 1885-1886. La partie en verre incolore est alors confiée au vitrier soissonnais Jules Hermerie, tandis que la restauration ou la création de vitraux incombe à l'atelier parisien d'Édouard Didron.
La Première Guerre mondiale détruit le résultat de ces nombreux efforts. Les verrières encore présentes dans les baies de l'édifice sont déposées au retour de la paix. Le chœur de la cathédrale, moins atteint que la nef, est rapidement restauré. Les baies 105 et 106 reçoivent chacune deux lancettes constituées de losanges, tandis que les rosaces polylobées représentant l'évêque et le pape, une fois restaurées, prennent place dans les oculi. Ce travail est exécuté par le peintre-verrier parisien Emmanuel Daumont-Tournel, en 1923 semble-t-il.
Le programme de restauration et de création a été poursuivi tout au long du 20e siècle, destiné à remettre en place les éléments anciens conservés, ou à poser des verrières de complément qui respectent l'unité chromatique générale. Il a abouti, en 1967, à l'installation de compositions abstraites dans les lancettes de ces deux fenêtres, œuvres de Jacques Le Chevallier, peintre-verrier à Fontenay-aux-Roses (d'après la documentation du Service des Monuments historiques).
-
Période(s)
- Principale : 4e quart 13e siècle
- Principale : 3e quart 20e siècle
-
Dates
- 1967, daté par source
-
Lieu d'exécutionCommune : Fontenay-aux-Roses
-
Auteur(s)
- Auteur : peintre-verrier, restaurateur attribution par source
- Auteur : vitrier attribution par source
-
Auteur :
Tournel, ou Daumont-Tournel Emmanuelpeintre-verrier, restaurateur attribution par sourceTournel, ou Daumont-Tournel EmmanuelCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
- Auteur : peintre-verrier attribution par source
Les baies 105 et 106, identiques, sont formées chacune de deux lancettes en arc brisé, surmontées d'un oculus à six lobes. Les deux oculi sont ornés d'un vitrail figuré, réalisé en verre antique rehaussé de grisaille. Les quatre lancettes (12 registres superposés) sont occupées par une composition abstraite, à dominante gris, bleu et rouge, constituée à l'aide d'un assemblage de verres teintés dans la masse. Des dégradés de coloris, aisément visibles sur les verres rouges, proviennent probablement d'un travail de gravure à l'acide.
-
Catégoriesvitrail
-
Structures
- lancette, 2, juxtaposé, en arc brisé
- oculus de réseau, polylobé
-
Matériaux
- verre transparent, soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre
- plomb, réseau
-
Précision dimensions
Mesure approximative de la baie : la = 370. Une lancette mesure 772 cm de hauteur pour 161 cm de largeur. L'oculus doit avoisiner 193 cm de diamètre.
-
Précision représentations
Les deux personnages auréolés sont représentés en buste et de face, portant l'habit de leur fonction. À la verrière 105, l'évêque est coiffé d'une mitre, tandis qu'à la verrière 106, le pape porte le bonnet pontifical, prédécesseur de la tiare. Ce saint pape bénit de la main droite et est accompagné d'une grande croix dans laquelle il faut probablement reconnaître la férule papale. Aucun attribut ne permet de connaître leur identité précise. Les lobes sont occupés par un décor de feuillage.
-
État de conservation
- oeuvre restaurée
- plombs de casse
- partie remplacée
- altération chromatique de la surface
- oeuvre complétée
-
Précision état de conservation
La rosace polylobée des deux verrières a été restaurée à plusieurs reprises, et pour la dernière fois, après la Première Guerre mondiale. En témoignent les plombs de casse et les verres remplacés. Néanmoins, la rosace de la baie 106 conserve encore beaucoup de verres d'origine. Les verres anciens médiévaux sont opacifiés par la présence, à la surface, d'une couche provenant de la décomposition du verre sous l'effet des agents atmosphériques. La grisaille a disparu sur le visage de l'évêque de la baie 105, produisant un effet caractéristique d'image en négatif. Les deux verrières ont été complétées par l'installation de compositions abstraites colorées dans les lancettes.
-
Statut de la propriétépropriété de l'Etat
-
Intérêt de l'œuvreÀ signaler
-
Protectionsclassé au titre immeuble partiellement, 1862
-
Référence MH
La cathédrale ayant été classée par liste de 1862, les objets qui, comme les verrières médiévales, étaient incorporés à l'édifice à cette date, profitent de la même protection. Les deux rosaces sont donc les seuls éléments classés de ces verrières.
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Documents d'archives
-
AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7889 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1884-1886).
Devis du 29 juin 1875, rapport du 17 juin 1882, rapport du 27 février 1885. -
AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 193. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, Correspondance : renseignements (1836-1975) ; Travaux, Subvention, mauvais état (1905-1994) ; Vitraux (1910-1992) ; Faits de guerre (1915-1918) ; Autres ; (1919-1941) ; Dégagement (1922-1930) ; Plaques commémoratives (1923-1984) ; Mobilier (1932-1941) ; Orgues (1934-1976) ; Aliénation d'un terrain (1936) ; Dégâts (1959) ; Fouilles (1970) ; Abords (1977) ; Dépôt lapidaire (1985-1993) ; Statue (1987) ; Mécénat (1994).
Dossier vitraux (compte-rendu de visite, daté du 9 avril 1992). -
AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 195. Réparations diverses (1923).
Dossier Travaux 1923 (Mémoire des travaux de réparation de vitraux exécutés sous la direction de M. Brunet). -
BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).
folio 256 r°.
Bibliographie
-
ANCIEN, Jean. Vitraux de la cathédrale de Soissons. Réédition du livre du 24 juillet 1980. Neuilly-Saint-Front : imprimerie Lévêque, 2006.
p. 178-180. -
FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.
p. 171.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.
Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.