Dossier d’œuvre objet IM02004592 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • enquête thématique régionale, la basilique de Saint-Quentin
Verrière légendaire (verrière hagiographique) : scènes de la vie de saint Etienne et invention de ses reliques (baie 0)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération du Saint-Quentinois - Saint-Quentin
  • Commune Saint-Quentin
  • Adresse Ancienne collégiale royale, actuellement basilique Saint-Quentin
  • Emplacement dans l'édifice chapelle axiale dite de la Vierge actuellement chapelle du Saint-Sacrement baie 0
  • Dénominations
    verrière
  • Titres
    • Scènes de la vie de saint Etienne et invention de ses reliques (baie 0)
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

La verrière consacrée à saint Etienne peut être datée stylistiquement des années 1220-1225. D'après un document du chapitre, cité par l'architecte Pierre Bénard en 1859, cette verrière aurait garni à l'origine la baie centrale de l'actuelle chapelle Saint-Louis, située au nord de la chapelle de la Vierge. Bénard attribue sa commande à un certain Roger, se fondant sur un début d'inscription alors lisible sur la verrière. La chapelle Saint-Louis n'a pu recevoir ce vocable qu'après la canonisation du roi Louis IX en août 1297. Ayant été bâtie avec les autres chapelles absidales à la limite des 12e et 13e siècles, elle était donc consacrée à un autre saint avant la fin du 13e siècle. S'appuyant sur la présence de la verrière de saint Etienne dans sa baie d'axe, certains auteurs pensent donc que l'actuelle chapelle Saint-Louis était consacrée à l'origine au protomartyr, patronage qui a perduré au moins pendant tout le 13e siècle. Quoi qu'il en soit, la verrière est démontée en 1838, puis est restaurée et gagne la chapelle axiale en 1839, à l'occasion d'un remaniement complet des vitraux de la collégiale. Les panneaux qui la composent sont désassemblés et servent alors à orner deux baies. D'après un rapport de l'époque, les verrières 5 et 6, qui étaient en verre blanc uni, sont donc remplacées par d'autres vitraux comportant un fond en verre blanc dépoli, entouré d'une bordure neuve de couleur à vignette, au milieu desquels sont intercallés à chaque fenêtre quatre panneaux en forme d'écaille. A la partie supérieure, est placé un écusson restauré, et la partie inférieure est composée de petits carreaux de verre sur lesquels sont peints des cadres et des branches de vigne ou de chêne, au trait seulement. En ce qui concerne ce dernier détail, peut-être s'agit-il de la réutilisation d'anciennes pièces de verre, peintes à la grisaille ? En 1859, Pierre Bénard précise qu'une des fenêtres avait reçu quatre panneaux entiers en forme d'écaille, tandis que l'autre était ornée de huit demi-panneaux assemblés deux à deux. Le vitrail est recomposé au cours du 3e quart du 19e siècle, lors de la restauration de la chapelle, et complété par les épisodes de la fabrication de la verrière, les scènes du martyre de saint Etienne et par une bordure, probablement réalisés par le peintre-verrier parisien Didron. Elle occupe alors la baie 6. Une brève description de 1879 atteste que les compartiments sont alors disposés dans un ordre plus respectueux du déroulement de l'histoire et que leur assemblage diffère donc de la disposition actuelle. En l'absence d'archives de la fabrique pour le troisième quart du 19e siècle, un doute subsiste quant à l'auteur des scènes complémentaires et à leur date de création. Néanmoins, en 1852 ou 1853, Adolphe-Napoléon Didron avait créé pour cette chapelle une verrière représentant un Arbre de Jessé, verrière destinée à la baie d'axe. Il serait donc logique qu'on se fût adressé à lui pour recomposer la verrière de saint Etienne et pour la compléter par une composition "archéologique". Si tel est le cas, le travail a dû être accompli en 1860 ou peu après : la chapelle vient alors d'être redécorée et dotée d'un nouveau mobilier, et Didron meurt en 1867. En 1879, cette verrière est restaurée par le peintre-verrier saint-quentinois Auguste Tallon. Au cours de la Première Guerre mondiale, la verrière est démontée par les Allemands en 1917, puis envoyée à Maubeuge. Restituée à son propriétaire une fois la paix revenue, elle regagne la chapelle de la Vierge au début de l'année 1939, après une restauration effectuée par un peintre-verrier parisien, soit Auguste Labouret, soit Georges Bourgeot, qui se partagent en cette période le travail de restauration et de création des vitraux de la basilique. Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, elle est déposée à nouveau en septembre 1939 et vite entreposée dans un sous-sol profond à Saint-Quentin. Après la Seconde Guerre mondiale, elle est une fois encore restaurée, par Georges Bourgeot, puis remontée en 1946 dans la baie axiale de la chapelle (d'après les archives des Monuments historiques). C'est sans doute au cours de cette dernière restauration que les compartiments ont été regroupés en fonction de leur date de création, ceux du 19e siècle occupant le tiers inférieur, au mépris du déroulement logique de l'histoire de saint Etienne. Il faut ici préciser qu'il n'existe pas à notre connaissance de dessin ou de photographie de cette verrière, antérieur à la guerre de 1914, probablement à cause de l'obscurcissement des verres médiévaux, altération qui n'a fait que s'accroître au cours du 20e siècle.

La verrière est formée de douze registres superposés, en forme d'écailles et de demi-écailles. Une grisaille plus ou moins diluée donne les détails.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • baie libre, rectangulaire vertical, en arc brisé
  • Matériaux
    • verre transparent, soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Dimensions fournies par les dossiers de restauration de la basilique après la guerre : h = 522, la = 102.

  • Iconographies
    • cycle narratif, saint Etienne vie
    • scène, fabrication, spectateur, enthousiasme artisan, assis, vitrail
    • scène, cuisson, four, jeune homme, pelle, charbon artisan, vitrail
    • scène, saint Etienne, de trois-quarts, homme, arbre, ville, porte de ville
    • scène, main, bénédiction saint Etienne, couché sur le dos, mort, lion, ours, rapace, nuée, Christ
    • scène, enterrement, homme, nuée, Christ saint Etienne
    • scène, saint Etienne, agenouillé, lapidation, homme, en pied, pierre, saint Paul, assis, épée
    • scène, transport, voiture à attelage, mulet homme
    • scène, homme, assis, controverse, conversation
    • scène, phénomène mystique ou surnaturel homme, équestre passant, de profil, ciel
    • scène, saint Etienne, assis, de face, discours, pupitre, phylactère, jeune homme
    • scène, tête nappe d'eau, bateau, ange, homme
    • scène, prêtre vue d'intérieur, homme
    • scène, tombeau, crâne homme, en pied, penché, rayons lumineux, trouver
    • scène, ?, prêtre, livre, clerc non prêtre, croix de procession, enfant de choeur, bénitier office funèbre
    • scène, présentation, couple, de profil, désigner, prière vue d'architecture, autel, homme, en pied, de trois-quarts, vitrail
    • scène, de profil, transport à pied homme
    • figures bibliques, ange, de profil, de trois-quarts, encensoir
    • scène, église, industrie du bâtiment, homme, échelle, portage, mortier construction
  • Précision représentations

    Premier registre, scène de gauche : un verrier, assis de trois-quarts dans son atelier, est en train de fabriquer la verrière ou de la peindre. Derrière lui, un observateur debout et de face fait un geste d'étonnement admiratif. Scène de droite : un verrier debout et de profil place la verrière dans un four. A droite, un jeune homme debout et de trois-quarts à côté d'un seau rempli de charbon, s'appuie sur une pelle destinée à alimenter le four en combustible. Deuxième registre : saint Etienne, debout et de trois-quarts, maintenu par deux hommes, est mené au supplice. Le groupe sort d'une ville ceinte de murailles, évoquant Jérusalem. A droite, un arbre symbolise la nature. Troisième registre, scène de gauche : le corps d'Etienne, allongé sur le sol, est exposé aux bêtes sauvages, ici représentées par un lion, un ours et un rapace. Dans une nuée, la main du Christ bénit le martyr. Scène de droite : Gamaliel et un membre de sa famille (son fils Abilas ou son neveu Nicodème), debout et de trois-quarts, placent le corps d'Etienne dans un sarcophage. Dans une nuée, la main du Christ les bénit. Quatrième registre : saint Etienne, agenouillé et de trois-quarts, prie pour ses bourreaux. Deux hommes, debout et de face, lui lancent des pierres. A gauche, un homme assis observe la scène, une épée à la main. Il s'agit probablement du futur saint Paul qui, selon la tradition, aurait gardé les manteaux des bourreaux. Cinquième registre, scène de gauche : on y voit deux personnages dans un char. Un autre homme, debout et de face, semble s'apprêter à cravacher l'animal attelé au véhicule. La comparaison avec une verrière de la cathédrale de Bourges permet d'y reconnaître une scène (mal restaurée) de la translation du corps du martyr. Sur la route de Constantinople, les mules ou chevaux qui tirent le chariot contenant le corps de saint Etienne, s'arrêtent et refusent d'aller plus loin malgré les coups. Ce signe divin décide de l'endroit où reposeront les reliques. Scène de droite : on distingue péniblement trois personnages assis de face. Celui de gauche, le buste tourné, s'adresse à une personne invisible. Les deux autres conversent entre eux. Pierre Bénard y a reconnu trois membres du Sanhédrin écoutant le discours de saint Etienne. Sixième registre : trois hommes à cheval se dirigent de gauche à droite.. L'un d'eux est étrangement assis face à nous. Ils semblent converser entre eux et désigner un phénomène céleste. Il peut s'agir de la recherche de la sépulture du martyr. Ellen Shortell y voit plutôt la chevauchée d'un roi et de deux chevaliers décidés à contrecarrer le voyage de Juliana. Il pourrait également s'agir d'un autre passage de la légende. Septième registre, scène de gauche : saint Etienne est assis de face, flanqué d'un personnage également assis. Le saint, installé devant un pupitre, est en train de prêcher. Cette scène peut avoir constitué le pendant de la représentation des trois juges du Sanhédrin. Scène de droite : sur une mer agitée, un ange, vu de trois-quarts, les ailes déployées, semble tenir dans ses mains la proue d'un ou deux navires. Des têtes humaines sont représentées devant l'ange. La scène est très endommagée, sans doute mal restaurée et les verres sont altérés. Mais une scène identique sur une verrière de la cathédrale de Bourges permet d'y reconnaître un passage de la translation des reliques du martyr, de Jérusalem à Constantinople. Au cours de la traversée, un ange précipite dans la mer une flotte de bateaux hostiles et calme la tempête. Huitième registre : dans une salle voûtée, un homme, assis de face dans une cathèdre, semble donner un ordre à un personnage vu de trois-quarts, qui s'éloigne. Entre eux deux, une créature debout et de profil, vêtue seulement d'un pagne (un démon ?) présente un phylactère. Il s'agit sans doute de la scène où saint Etienne est accusé faussement de blasphème et où il est décidé qu'il comparaîtra devant le Sanhédrin, tribunal du grand prêtre. Ellen Shortell y voit un emprunt à une autre verrière (non documentée), consacrée à la légende de Théophile. Neuvième registre, scène de gauche : invention des reliques de saint Etienne. Deux personnages, un de profil et un de trois-quarts, sortent un crâne d'une tombe. Derrière eux, un personnage debout et de face lève les bras en signe d'émerveillement. Un rayon lumineux, venu du ciel, désigne la tombe du martyr. Scène de droite : trois personnages sont représentés debout et de profil. Au premier plan, un prêtre tient dans ses deux mains un livre ouvert. A côté de lui, un acolythe présente une croix de procession, tandis que devant eux, un enfant de choeur (?) vêtu d'une aube tient un bénitier et un goupillon. Il faut y voir le complément de la scène de l'invention des reliques, c'est à dire la reconnaissance officielle et la bénédiction des restes du martyr. Dixième registre : à l'intérieur d'un édifice religieux symbolisé par des colonnes et un autel central (?), deux hommes de face et de trois-quarts présentent un vitrail. Il s'agit probablement des donateurs de la verrière. La scène est limitée par un homme et une femme agenouillés de profil. Onzième registre, scène de gauche : précédés par un ange, deux hommes vus de profil portent en procession le reliquaire de saint Etienne. Un petit démon s'intercale entre les deux porteurs, tandis qu'un autre vole au-dessus de la châsse. Il s'agit là d'une scène de la translation des reliques, soit à Jérusalem, soit plutôt de Jérusalem à Constantinople, en dépit de l'opposition de démons. Scène de droite : le panneau est occupé par deux anges, l'un thuriféraire vu de profil, et l'autre dépeint de trois-quarts. Enfin, le dernier registre, très altéré, représente la construction d'une église ou d'une chapelle. On reconnaît péniblement au centre un homme de profil qui monte à une échelle, et à gauche un autre qui prépare du mortier.

  • Inscriptions & marques
    • inscription concernant l'iconographie, peint, sur l'oeuvre, latin, illisible, connu par document
  • Précision inscriptions

    Au 7e registre, le phylactère à côté de saint Etienne porte l'inscription peinte : ST STE/PHAN / DISPVT/AT (saint Etienne discourt). D'après la description de Pierre Bénard, dans le Journal de Saint-Quentin, on pouvait lire d'autres inscriptions, vers le milieu du 19e siècle : S. STEPHAN. TRAXIT (saint Etienne est livré), sur la scène où saint Etienne est accusé de blasphème, S. STHAN, sur la scène de la translation du corps du martyr à Constantinople, et enfin ROGI[...] sur la scène de la présentation du vitrail.

  • État de conservation
    • grillage de protection
    • oeuvre restaurée
    • plombs de casse
    • oeuvre complétée
    • mauvais état
    • manque
  • Précision état de conservation

    Les parties d'origine sont très altérées et ont perdu leur transparence. Les quatre registres inférieurs et la bordure ont été refaits, probablement dans le 3e quart du 19e siècle par le peintre-verrier Didron.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre immeuble, 1840
  • Référence MH

Documents d'archives

  • AC Saint-Quentin : 6 S 3. Registre des délibérations du Conseil de Fabrique (17 septembre 1875-12 décembre 1906).

    p. 111 (séance du 30 mai 1879)
  • AMH (Médiathèque du Patrimoine) : 81/02, carton 159.

    Correspondance des années 1837-1839 entre Lemasle et le ministère de l'Intérieur
  • AMH (Médiathèque du Patrimoine) : 81/02, carton 168.

    dossier 14 (travaux de 1945 à 1950) ; sous-dossier : repose de vitraux anciens
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) ; naf 6108. Collection Guilhermy.

    folios 320 verso-321 recto

Bibliographie

  • BENARD, Pierre. Les vitraux de la collégiale. Journal de Saint-Quentin.

    26 juin 1859 p. 3, 13 juillet 1859 p. 3
  • FLEURY, Edouard. Antiquités et Monuments du département de l'Aisne. Paris : imprimerie A. Quantin, 1882, t. 4.

    p. 130-133
  • FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.

    p. 167
  • HACHET, Jules. La basilique de Saint-Quentin. Son Histoire - Sa Description. Troisième édition. Saint-Quentin : Imprimerie moderne, 1926.

    p. 36
  • HADELN, Detlev von. Das Museum AU PAUVRE DIABLE zu Maubeuge. Ausstellung der aus St. Quentin und Umgebung geretteten Kunstwerke. Im Auftrage eines Armee-Oberkommando herausgegeben von D. Frh v. Hadeln Lt. d. Res. Stuttgart : Verlag von Julius Hoffmann, 1917.

    p. 3
  • SHORTELL, Ellen Marie. The choir of Saint-Quentin. Gothic structure, power, and cult. New-York : Columbia University, 2000.

    p. 289-314, 333-350
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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