L’œuvre de Guise est une copie ancienne d'un tableau du peintre anversois Pierre Paulus Rubens (1577-1640). L’œuvre originale, datant du 1er quart du 17e siècle, est aujourd'hui conservée au Museum of Fine Arts de Boston. Rubens exécute une autre variante, vers 1620-25, dans une œuvre aujourd'hui conservée au Musée du Louvre. Le tableau de Rubens, dans sa richesse de coloris, son inventivité formelle et son savoureux orientalisme connaît très vite une grande notoriété, renforcée par la diffusion de gravures. Cette notoriété est attestée par le grand nombre de copies ou de tableaux s'inspirant totalement ou pour partie du tableau de Rubens.
Le tableau de Guise, attribuable à un peintre relevant de l'école flamande, est dans le sens inverse de la composition originale, il a probablement été exécuté d'après la gravure de l'anversois Paulus Pontius (1603-1638). Collaborateur de Rubens, il a en effet reproduit sous forme d'estampes une grande partie de l’œuvre de celui-ci, dont cet épisode de l'histoire de l'Empire perse.
La copie de Guise a vraisemblablement été réalisée vers le milieu du 17e siècle. Son iconographie est liée au développement des œuvres illustrant les valeurs des femmes fortes de l'Antiquité, que le 17e siècle, à la suite de nombreux exemples littéraires ou artistiques depuis le Moyen-Âge et la Renaissance, s'est plu à exalter. Présentant encore des réminiscences de la peinture maniériste anversoise dans les attitudes des personnages, le décor architecturé aux colonnes salomoniques, et l'accent mis sur un orientalisme de fantaisie, particulièrement perceptible dans les costumes issus de l'observation des Turcs, ce tableau est aussi un prétexte à opposer les figures masculines et féminines, le groupe des guerriers à celui de la reine Thomyris accompagnée de sa cour. Ce dispositif théâtralisé laisse au centre la figure du bourreau exécutant sa macabre besogne, l'horreur d'un tel acte étant renforcée par le détail pittoresque d'un chien, un lévrier, semblant s'approcher du baquet pour le renifler. L’œuvre témoigne du grand talent de coloriste du copiste, dans sa large gamme chromatique assourdie dans les rouges, ocres et gris. La figure du bourreau semble avoir fait l'objet de restaurations anciennes. Le tableau a été restauré et reverni en 1996-1997, tout comme son cadre qui ne paraît pas remonter au-delà du 19e siècle.
Photographe du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.