Les peintures du narthex forment l'ensemble le plus grand exécuté par Eyck dans l'église de Jeantes. Centré sur la vie du Christ et la figure de la Vierge, ce cycle narratif frappe par sa profonde originalité. Juxtaposant ou superposant des épisodes sans toutefois les délimiter par un cadre architectural, Eyck retrouve ici l'esprit de la peinture médiévale dont il reprend également le goût pour le détail pittoresque ou symbolique qui n'exclut pas des notes d'humour (particulièrement perceptibles dans le groupe des enfants de la parabole du Christ laissant venir à lui les enfants ou dans le saint Joseph semblant se briser en deux pour esquisser un geste protecteur envers la Vierge à l'Enfant juchée sur un âne). Les compositions d'Eyck sont d'une grande inventivité formelle, très expressionnistes (dans la Pieta en particulier) et marquées par une vigoureuse stylisation des traits et des formes, tout en étant souvent proches du primitivisme des dessins enfantins. L'emploi de la technique du sgraffitte pour les élévations nord et sud, monochromes, l'utilisation d'éléments de verre colorés pour sertir les figures de l'Annonciation et de la Vierge à l'Enfant montrent un souci d'exploiter tous les matériaux et mises en oeuvre. Les médaillons de la voûte ont été exécutés par l'un des assistants de Eyck, Hans Smeet, originaire de Maastricht qui les réalisa sous le contrôle de l'artiste, d'après des calques grandeur nature dessinés effectivement par Charles Eyck. Ces peintures monumentales ont fait l'objet d'une restauration en 1994-1995 par l'atelier hollandais Bisjmans.