Cette croix peut être rapprochée d'un ensemble de Christ en croix datant de la 2e moitié du 16e siècle conservé dans les églises paroissiales de Logny-lès-Aubenton, Grandrieux et Vincy-Reuil-et-Magny. Ces quatre oeuvres présentent en effet le même traitement du Christ au corps décharné et aux côtes saillantes, à l'identique perizonium aux plis droits et cassants, au même visage tragique encadré d'une chevelure aux mèches tombantes et bouclées, à la même couronne d'épines saillantes et à la même forme de croix. Les trois croix de Logny-lès-Aubenton, Grandrieux et Vincy-Reuil-et-Magny comportent toutes à leurs extrémités en fleur de lys, des médaillons circulaires contenant une représentation des symboles des évangélistes. Ce décor ne figure pas sur la croix d'Aubenton mais elle paraît avoir été coupée à ses extrémités. De telles similitudes permettent d'avancer l'hypothèse, sinon d'un atelier, d'un artiste, du moins de signaler la circulation d'oeuvres, de modèles voire de créateurs, ces quatre christs ayant été exécutés par un ou plusieurs sculpteurs ou menuisiers actifs en Thiérache à cette époque. Les caractéristiqes formelles de cette croix la rattachent aux ateliers de sculpture du Nord de la France de la 2e moitié du 16e siècle. Enfin une description de l'église Saint-Nicolas d'Aubenton (AD Aisne E337) atteste de la présence en 1624, d'un " crucifix " qui doit être peint par " Charles Ghoizet, Maître peintre à Fumay Pays de Hainaut, il devra peindre à l'huile en fin or de ducat les 3 fleurs de Lys et les 4 évangélistes qui figurent dans ladite croix et parsemer de fleurs d'or de ducat l'image de Notre-Dame et de St Jean qui sont au côté de cette même croix ". Si cette croix, faisant partie d'une poutre de gloire, est peut-être aujourd'hui conservée dans l'église Saint-Remi de Logny-lès-Aubenton, elle peut aussi être rapprochée de celle d'Aubenton. L'oeuvre a été surpeinte au cours du 19e siècle ou de la 1ère moitié du 19e siècle, altérant ainsi ses qualités plastiques.