Un orgue est mentionné dans l'église d'Aubenton dès 1636, on retrouve les mentions de ses organistes titulaires jusqu'en 1789. Il est également fait mention de restaurations : en 1677 le serrurier Jacques Dupin remplace la ferronnerie, en 1756-57 et 1759, Antoine Finet répare les soufflets avec de la peau de veau. Ce premier orgue sera vendu à la Révolution à une commune thiérachienne, la tradition locale veut qu'il s'agisse de l'orgue aujourd'hui conservé dans l'église de Neuve-Maison. Ce dernier semble cependant provenir de l'abbaye de Montreuil. A Aubenton, seul subsiste de cet orgue primitif, la tribune datant de la 2e moitié du 17e siècle, qui sera remaniée lors de l'installation du nouvel orgue. Celui-ci provient de l'abbaye prémontrée Saint-Pierre de Bucilly. Dès la 2e moitié du 17e siècle, lors des travaux de reconstruction de l'église, il est démonté et entreposé. En 1735, le facteur d'orgues Thierry y travaille (restauration ou remaniement) : l'orgue d'Aubenton, de style rocaille, doit vraisemblablement sa forme actuelle à cette campagne de travaux. Lors de la dispersion du mobilier de l'abbaye en janvier et février 1791, l'oeuvre est alors achetée par la municipalité d'Aubenton. L'acte de vente mentionne " l'orgue et tout ce qui en dépend avec les soufflets adjugé à Mr Dappremont, officier municipal à Aubenton, à la somme de quatre mille livres ". Il n'est cependant transporté et installé à Aubenton qu'au cours des années 1791-92, sous la direction du facteur d'orgue Michel Kerst. L'orgue est en service en 1793, servant lors des fêtes données en l'honneur de la Déesse Raison puis de l'Etre Suprême. Les deux bas-reliefs rapportés ornant la tribune ont été sans doute mis en place à cette période, ils proviennent vraisemblablement de l'orgue ou de lambris de revêtement de l'abbaye de Bucilly. L'oeuvre connait de nombreuses restaurations au cours du 19e siècle, principalement en 1854-55 par le facteur d'orgues laonnois Sébastien Zeiger qui transforme sa partie instrumentale, puis de nouveau en 1879-83 par le parisien Dejardin. En 1917 les tuyaux de façade sont réquisitionnés par les Allemands. L'orgue, en mauvais état, est aujourd'hui dans l'attente d'une restauration.