Implantation humaine
Selon le Service Régional de l´Archéologie, il y avait un port gallo-romain sur le territoire, des habitats et fermes gallo-romains à plusieurs endroits ainsi que plusieurs fermes de l´âge du Bronze et de l´âge du fer. Du 3e au 7e siècle, les grandes invasions marquèrent le territoire. Une motte circulaire, probablement vestige d´un camp viking, fut mise au jour au « Platon ».
Limites administratives
Par le biais de mariage, Ponthoile devint terre espagnole en 1237. En 1279, Eléonore de Castille et de Ponthieu, femme du roi Edouard 1er d´Angleterre, hérite de sa mère : le Ponthieu devint terre anglaise, jusqu´en 1337, début de la guerre de Cent Ans. Une seconde période anglaise eut lieu entre 1360 et 1369.
S'appuyant sur l'étude de sources notariales, Rodière développe la généalogie de la famille à laquelle elle appartient, entre la fin du 13e et la fin du 18e siècle. D'après l´auteur, le territoire était au 18e siècle divisé en trois grandes seigneuries ainsi que de nombreux fiefs. La seigneurie principale "consistait en 8 journaux de bois, et 68l. 8s. de censives, appartenant au Roi à cause de sa châtellenie de Noyelles".
Durant le Moyen Age, plusieurs familles seigneuriales furent à la tête du village. Quand les seigneurs n´étaient pas directement les comtes de Ponthieu, les familles étaient les suivantes : famille de Ponthoiles, de Saint-Blimond, de Polhoy ou Domqueur.
D´après Cendrine Bula, suite à trois arrêts du 7 juin 1780, le comte d´Artois fut autorisé à retirer plusieurs domaines engagés dans le Ponthieu dont le fief de Ponthoile.
Le 19e siècle est marqué par de nombreux conflits entre Noyelles et Ponthoile concernant la délimitation du territoire puisque les marais communs, au tracé fluctuant, établissaient la frontière entre les deux communes. Dès 1881, la commune de Ponthoile fut entièrement propriétaire de ces marais. L´élargissement et le prolongement du canal d´égout servirent de limites entre les parties de ce marais revenant à chacune des deux communes. La jouissance des terres est également revendiquée par le comte d´Artois, apanagiste d´une partie du territoire, ainsi que par les habitants.
D´après le cadastre napoléonien, l´est du territoire était bordé par des bois : le bois de Romaine, celui de Ponthoile et celui du Roi. La partie ouest dite « Maison Hamel » (feuille E2) appartient aujourd´hui à Favières et est appelée le « Pont Plimont ». Le tracé des routes à cet endroit a totalement été modifié si bien qu´il est difficile de superposer les deux cadastres (tout comme au Hamel).
Evolution de la population
D´après le recensement de population, au début du 18e siècle, le territoire regroupait environ 300 individus. Le chiffre passa à 460 en 1760. Nous ignorons la raison de ce développement fulgurant. Dix ans plus tard, le chiffre était redescendu à 400 individus. Au début du 19e siècle, il avait quasiment doublé (728 habitants en 1831). La population s´éleva à 904 en 1866 et ne cessa d´augmenter de façon régulière jusqu´en 1881 (878 âmes) pour baisser ensuite régulièrement jusqu´à nos jours (547 individus en 1999). Une majorité des habitants (généralement les trois quarts) était dispersée sur le territoire.
Le nombre de maisons augmenta de façon significative au 18e siècle (entre 1724 et 1760, il passa de 98 à 120, directement lié à l´augmentation de la population). Ce chiffre augmente ensuite de façon régulière au 19e siècle pour atteindre les 241 maisons en 1886. Il baissa ensuite constamment jusqu´au milieu du 20e siècle (201 maisons en 1946).
Evolution de l´économie
Coquart, ingénieur à Saint-Valery, indique la présence de salines sur le territoire en 1635 encore présentes sur la carte de Cassini vers 1756 (au sud). Nous ignorons si elles représentaient un revenu conséquent pour le village.
Agriculture et élevage
L´élevage des moutons était la principale activité des agriculteurs. L´Etat racheta les pâturages qu´il estimait être domaine public. Ponthoile et Morlay, qui possédaient 6000 moutons en 1742 (répartis dans la douzaine de fermes du territoire) n´en avaient plus que 300 en 1763 (mémoire judiciaire). En 1899, l´espèce bovine occupait une place importante dans l´économie du territoire (439 dont 276 vaches laitières). Le nombre des moutons (900) avait diminué depuis le début du 19e siècle. Plusieurs marchés aux animaux furent créés dans le dernier quart du 19e siècle dans les environs (marché à bestiaux à Abbeville, marché de veaux gras à Abbeville, réouverture du marché d´Ault) prouvant ainsi l´activité du commerce d´élevage. Abbeville et Rue étaient les centres principaux des relations. Une partie du lait était livrée à la laiterie de Noyelles.
En 1899, d´après la monographie communale, sur les 1803 hectares de la commune, le territoire agricole comptait 1238 ha de terres à labour, 120 ha de pâtures, 226 ha de marais, 20 ha de jardins, 40 de vergers et 29 de bois. 950 ha étaient cultivés annuellement en céréales (blé, avoine), 40 en pomme de terre, 108 en betteraves à sucre, 100 en prairies artificielles (luzerne, sainfoin et trèfle), 40 en légumineuses (féveroles).
En 1899, les 1692 parcelles du territoire appartenaient à 413 propriétaires et se répartissaient en 160 exploitations (dont 80 inférieures à 5 ha). En effet, le sol des anciens fiefs avait été largement divisé.
Professions
D´après le recensement de population, les professions les plus rencontrées en 1836 étaient : serrurier, cultivateur, domestique, cabaretière, berger, tisserand, cultivateur, meunier, vacher, journalier, douanier, tonnelier, garde noquetier. Une majorité de la population était propriétaire ou ménager. L´artisanat textile était présent à Ponthoile jusqu´en 1867. L´essoufflement de l´artisanat engendra la conversion des artisans en ménager. Suite à l´ouverture de la ligne de chemin de fer passant par Ponthoile en 1847, les premiers employés des chemins de fer (cantonniers, gardes-barrières, chefs de station) s´installèrent dans la commune. D´après l´instituteur, à la fin du 19e siècle, les habitants ne possédaient plus d´activité pour compléter leur revenu pendant la morte saison.
Revenus communaux
Ponthoile louait ses mollières afin d´assurer un revenu important à la commune. Jusqu´au 19e siècle, les habitants menaient leurs bestiaux paître sur ces terres. Peu à peu, la commune interdit cette pratique afin de convertir ces pâtures en terres cultivables. En 1890, une réglementation divisa le territoire de Ponthoile en cinq cantonnements pour la vaine pâture : Romaine, Romiotte, Ponthoile, Bonnelle et Morlay. Chaque propriétaire ne pouvait y mettre plus de quinze bêtes.
Les tourbières étaient exploitées dans les marais communaux pour le chauffage. L´an 12 (1803) vit la mise en place d´un règlement sur l´extraction des tourbes, punissant ceux qui en extrayaient sans autorisation.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.