Dossier d’œuvre architecture IA80002685 | Réalisé par
Barbedor Isabelle (Rédacteur)
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
Ancien hospice d'Athies (actuelle résidence Sainte-Radegonde)
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Santerre Haute-Somme
  • Commune Athies
  • Adresse 2 rue Sainte-Radegonde
  • Dénominations
    hospice
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, cour jardin, maternité

Dans la tradition hagiographique, la reine Radegonde, épouse de Clotaire Ier, transforme la maison royale, que son mari lui a donnée en dot, en hospice pour les femmes indigentes, dans les années 530. La mémoire de Radegonde et de ses œuvres charitables est maintenue à Athies par le nom donné à l’hospice construit par la suite.

D’après Marie-Claude DINET et Pascal MAUTAUBIN (2014), la première mention de l’hospice Sainte-Radegonde date de 1380, apparaissant dans les textes comme "Domus hospitalis Sancte Radegundis". A la suite des ravages causés par les Espagnols dans le bourg, en 1649, l’Hôtel-Dieu est refondé sous Louis XIV, à la demande des habitants. Un arrêt du Conseil du roi du 18 avril 1698 ordonne de réunir à l’Hôtel-Dieu les biens et revenus de maladreries environnantes d’Athies, de Cartigny, de Monchy-Lagache, de Morchain, de Pargny, etc. Les biens sont donc transférés ainsi que les malades des différentes localités. Le 14 juin 1698, Pierre de Bucourt, laboureur à Athies, donne une maison, rue du Morchevaux, pour abriter le nouvel hôpital. Ce dernier est donc rétabli à Athies l’année suivante. D'une capacité de quatre lits au départ, le nombre augmente à six en 1754. En 1752, les revenus annuels de l’hôpital s’élèvent à 792 livres tandis que les dépenses, elles, s’élèvent à 854 livres. La juridiction revient à l’évêque de Noyon, jusque dans les années 1750. Ensuite, et ce jusqu’à la Révolution, l’administration est aux mains des officiers du marquis de Nesle avec le curé et quatre régisseurs triennaux.

Pendant la période révolutionnaire, l’établissement prend le nom d’hospice civil d’Athies tout en gardant l’intégralité de son patrimoine. L’établissement ne perçoit de ce fait plus ses redevances et est obligé de demander aux administrateurs du district de Péronne le paiement de la pension de l’officier de santé qui lui est affecté. Les soins sont également fournis par une garde malade, qui n’avait pas de salaire mais de quoi se nourrir.

Suivant la loi du 27 frimaire an V, l’hospice d’Athies doit prendre en charge les enfants abandonnés.

Les états de sections indiquent que l'Hospice possède une maison et un jardin (A 689, 690), à l'angle des rues Morchevaux et Pavée. Les bâtiments sont reconstruits entièrement en 1864 et la direction est assurée par quatre religieuses. Pendant la guerre de 1870, l’hospice est occupé par les Allemands. En 1897-1899, d’après la monographie communale, l’Hospice est au revenu de 10 335 francs.

Les cartes postales du début du 20e siècle montrent un vaste bâtiment en retrait d'une cour plantée fermée d'un haut mur, ainsi qu'un petit bâtiment à usage d'ouvroir ou de conciergerie, à l'angle nord-ouest de la propriété. L'hospice, construit en briques et couvert d'ardoises, compte un étage de soubassement dans sa partie sud, permettant de racheter la pente de terrain et d'optimiser la surface utile. Des lucarnes en maçonnerie sont visibles dans le toit, la principale surmontant la porte d'entrée.

La France charitable et prévoyante : tableaux des oeuvres et institutions des départements de 1896 indique qu'il est desservi par les Soeurs de l'Immaculée-Conception et qu'il "reçoit gratuitement les malades indigents de la ville, et, aux frais de leurs communes respectives, ceux des communes de Devise, Pertain, Ennemain, Tertry et Monchy-Lagache".

D’après Henri DOUCHET (2014), pendant la Grande Guerre, les personnes âgées sont expulsées de l’Hospice pour laisser place aux Allemands qui occupent le village. Le maire Henri Théry doit prendre des mesures en urgence pour hospitaliser ailleurs les personnes expulsées. Le bâtiment est détruit au cours du conflit, comme plusieurs bâtiments de la région très exposée aux combats.

En 1923, Fréderic Vermont, architecte à Athies, établit le dossier de dommages de guerre pour Henri Théry, président du conseil d'administration de l'Hospice. Le 3 avril 1930, les travaux sont autorisés par le Préfet pour l’hospice d’Athies. Arthur Demarquet, entrepreneur de menuiserie à Athies réalise le mobilier de la chapelle (autel, 4 bancs, 3 chaises et 3 prie-Dieu), pour lequel il demande le paiement en 1933. En 1935, le coût de la reconstruction de l’hospice s’élève à 121 695 francs. Restent, pour finaliser les travaux, l’éclairage de l’hospice la même année et les travaux de peinture en 1936. 20 lits sont de ce fait accessibles.

D’après Sophie Carton (2016), en parallèle de la reconstruction de l’hospice, une maternité est installée à proximité ; d'une capacité de 8 lits, elle est tenue par quatre sœurs polonaises. Le bâtiment en rez-de-chaussée, connu par des photographies réalisées lors de l'inauguration en 1925, était situé à l'est de l'hospice ; il est encore visible sur les vues aériennes IGN de 1958. La maternité est mentionnée dans le recensement de population de 1921, date à laquelle y résident une sage-femme, une bonne et 5 pensionnaires.

L’hospice est de nouveau occupé par les Allemands en 1940. Il n’est pas remis en service tout de suite après la guerre du fait de la difficulté à trouver des sœurs soignantes. En 1949 et en 1952, il sert à l’accueil des colonies de vacances d’enfants de l’orphelinat d’Amiens tenu par des religieuses de la rue Laurendeau. La réouverture de l’hospice, dans sa fonction initiale, n’a lieu qu’en septembre 1952, tenu par deux sœurs de la congrégation de Louvencourt. Les difficultés de fonctionnement et le taux d’occupation faible le menacent de fermeture.

En 1963, un projet d’agrandissement et de modernisation est proposé ; les travaux commencent en 1967 et la maison de retraite, d'une capacité d'accueil de 60 lits (42 chambres individuelles et 9 à deux), ouvre ses portes en 1970. En 1987, la rue Sainte-Radegonde est ouverte au nord de la maison de retraite, à l’occasion du quatorzième centenaire de sa mort. De 1995 à 2003, de nouveaux travaux sont réalisés et la maison de retraite devient à cette époque un Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes publics (EHPAD). De 2012 à 2016, l’établissement engage des grands travaux de restructuration afin d’augmenter la capacité d’accueil à 84 lits.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle , (incertitude), , (détruit)
    • Principale : 3e quart 19e siècle, 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle, 4e quart 20e siècle

La maison de retraite occupe une vaste parcelle à l’angle de la rue du Morchevaux et de la rue Sainte-Radegonde. L’édifice comprend un bâtiment de plan allongé parallèle à la rue, prolongé au sud-est par des bâtiments modernes de l’extension effectuée en 1970 et des constructions toutes récentes (hors étude). Le bâtiment d'origine, en briques et couvert de tuiles, compte un étage de soubassement destiné à racheter la pente et un étage de comble ; il présente une élévation à six travées. Les traces de remaniement sont visibles (en particulier l'aménagement de l'étage de comble). La jonction des bâtiments permet une circulation interne.

  • Murs
    • brique
    • béton béton armé enduit
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    étage de soubassement, étage de comble
  • Statut de la propriété
    propriété privée

La construction d'un nouvel hospice à Athies, en 1864, témoigne de l'accroissement des équipements destinés aux habitants d'un village en pleine croissance industrielle, sous le mandat de Louis Théry, maire d'Athies de 1851 à 1878. Lourdement endommagé durant la première guerre mondiale, l'hospice est restauré et complété d'une maternité, inaugurée en 1925, dont l'initiative est attribuée à Madame Louis Nouguier, fille d'Henri Théry.

Sa transformation en maison de retraite, puis en EPAHD en a permis la conservation.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99O 428. Athies. Administration communale.

  • AD Somme. Série 3P ; 3P 34/3. Athies. Etat des sections.

  • AD Somme. Série 10R ; 10R 142. Athies. Dossiers de dommages de guerre.

  • AD Somme. 2NUM 100. Notice historique et géographique sur la commune d’Athies (1897-1899).

  • La France charitable et prévoyante : tableaux des oeuvres et institutions des départements. Paris : E. Plon, Nourrit.

    n°78, 1896, p. 12.

Bibliographie

  • CARTON Sophie, Athies en photos de 1900 à 2016, Péronne, 2016.

    p. 53 à 57.
  • CARTON Sophie, Athies en Vermandois, de la ville fortifiée au village. Saint-Quentin, 1992.

    p. 104.
  • DECAGNY, Paul (abbé). Histoire de l'arrondissement de Péronne. 1865. Péronne : Quentin.

  • DINET Marie-Claude, MONTAUBIN Pascal. Les hôpitaux de Picardie du Moyen-Âge à la Révolution, Amiens : Encrage Edition, 2014.

    p. 134 à 136.
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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