Origines
Le Quesnel-Aubry est mentionné pour la première fois sous la forme de « Kesneel » au 12e siècle dans les titres de Saint-Pierre de Beauvais (É. Lambert, 1982). Ce toponyme renvoie au normano-picard « Kaisne » (chêne) accompagné du diminutif « -ellus ». Quesnel signifierait donc « petit chêne ». Le terme Aubry s’ajoute à partir du 16e siècle, reprenant certainement le nom du seigneur local connu à la fin du 12e siècle.
L’emplacement de l’ancien cimetière, situé à environ 1 km à l’est du Quesnel-Aubry pourrait indiquer la localisation primitive du village (L. Graves et témoignages oraux).
L. Graves a en outre relevé deux tours à l’entrée d’une ferme, renvoyant à la présence d’un manoir seigneurial, également signalé par des habitants. L’entrée de ce dernier se trouvait au carrefour de la rue de la Cense, de la Grande Rue et de la rue du Plessis-sur-Bulles. Il reste aujourd'hui plusieurs bâtiments qui devaient faire partie de la ferme du manoir (voir ill.). La carte de Cassini (1757) figure bien la présence d’un manoir seigneurial au Quesnel-Aubry. La représentation d’un bois clos sur ce même document confirme l’implantation d’un domaine seigneurial. Ce parc est en outre mentionné sur le plan d’état-major au milieu du 19e siècle. Surtout, le cadastre de 1808 permet de comprendre que le logis en pierre qui longe l’actuelle rue de la Cense faisait en fait partie d’un domaine plus grand qui comprenait deux cours dont l'une (celle de la ferme ?) comptait un pigeonnier de plan carré et une mare (implantés entre les deux bâtiments rue de la Cense). Deux tours (mentionnées par Louis Graves) fermaient la cour située à l'est.
Louis Graves indique enfin l’existence d’une chapelle fondée en 1299 dont il ne reste rien.
Évolution de la morphologie et du parcellaire
Le village forme une croix inscrite dans un quadrilatère. Il se divise ainsi en quatre quartiers réguliers. La Grande Rue semble être l’axe originel du village qu’il traverse du sud-ouest (vers Coiseaux et la rivière de la Brêche) au nord-ouest (vers Bucamps). Au sud, une route aujourd’hui fermée menait au Plessier-sur-Bulles.
L’église se trouve dans la partie est de l’agglomération, sous l’ancien manoir seigneurial. Ces deux éléments constituaient les pôles d’attraction primitifs du village. D’après le plan d’état-major (milieu du 19e siècle), l’habitat s’est surtout concentré dans les parties sud et sud-ouest du village. Le cadastre de 1808 figure de nombreuses maisons aujourd'hui disparues, le long de la rue d'En-Bas. La rue de la Cense est tracée après le milieu du 19e siècle, après la disparition du manoir seigneurial (vendu et démantelé ?).
Au 19e siècle, une place publique est aménagée derrière l’église et une mairie-école est construite rue d’En Bas.
Le parcellaire visible sur le cadastre de 1808 forme de fines bandes perpendiculaires à la rue et correspondent à la forme d’habitat traditionnel du plateau picard, siège de petites exploitations agricoles. Sur le cadastre de 1966 toutefois, les parcelles sont plus irrégulières et plus larges. Conséquence de l’exode rural, elles sont nombreuses à être vides et remembrées. Ainsi, le bâti est moins dense qu’il ne l’était au début du 19e siècle. Il faut attendre les années 2000 pour que des pavillons s’installent dans la partie nord-ouest du village, le long de la section nord de la rue des Poissonniers et de la partie ouest de la rue des Jardins.
Lieux partagés et structurants
Les croix de chemin
Éléments marquants du paysage du plateau picard, les croix de chemin sont le plus souvent implantées à des points stratégiques comme les intersections ou les entrées de village. Le travail de l’association pour la conservation et la connaissance des croix et calvaires du Beauvaisis a permis de documenter celles situées sur le territoire communal du Quesnel-Aubry. Cinq croix ont été relevées.
Trois croix sont érigées aux extrémités du village. La croix dite « calvaire Tachenon » se situe au carrefour de la Grande Rue et de la rue de Plessier-sur-Bulles. Elle a été érigée par Clément Tachenon en 1926 après que ses fils sont revenus sains et saufs de la guerre. De l’autre côté, au bout de la rue des Jardins, s’élève une croix rénovée en 1992 : le coq qui la surmontait a alors été remplacé par une poule sans queue. D’après le cadastre napoléonien, une croix se trouvait déjà à cet emplacement en 1809. Enfin, la croix Dufour se trouve à la sortie sud-ouest du village, au bord du sentier prolongeant la Grande Rue au sud. Il a été financé par les époux Dufour en 1861. L’épitaphe aujourd’hui disparue indiquait également qu’il a été confectionné par Lefèvre fils, maréchal au Quesnel-Aubry.
Au centre du village, au croisement de la Grande Rue et de la rue Pauvrette, une croix est connue sous le nom de « calvaire de la Maison Théron », certainement en raison de la maison contre laquelle elle se trouve. Enfin, une croix est placée contre le chevet de l'église. Est-elle issue de l'ancien cimetière ?
Deux autres croix ont pu être inventoriées sur le territoire communal du Quesnel-Aubry. La première dite « Théron-Plessier » du nom de la famille qui l’a érigée se trouve sur la route menant à Nourard, au croisement avec le chemin menant à Bucamps. Elle a été élevée en 1920. Le « calvaire de Sion » se trouve sur la route de Bucamps-Fresneaux. Il a été construit en mémoire d’un jeune laboureur tué à son emplacement par un orage en 1780, puis restauré pendant la guerre de 1914-1918.
Gérer et partager l’eau : puits et mares
La nature sèche et poreuse des sols calcaires du plateau picard font de l’eau un enjeu essentiel pour les habitants des villages. La Notice statistique de 1902 signale quatre mares et cinq puits au Quesnel-Aubry. Les mares les plus anciennes relevées apparaissent sur le cadastre de 1808. Elles sont toujours visibles aujourd’hui : l’une se trouve au croisement de la rue des Jardins et de la rue des Poissonniers. Il semble que l'affaissement situé au carrefour des rues de la Cense et de la Grande Rue était une mare à l'origine. La dernière mare, figurée sur le cadastre de 1966 mais dont l’ancienneté n’a pas pu être déterminée, est implantée juste au nord du croisement de la Grande Rue avec les rues du Temple et de l’Église. Enfin, la dernière, aujourd’hui disparue, se situait au sud du village, à l’intersection des rues de l’Angle, des Poissonniers et de la Grande Rue.
Deux puits sur les cinq cités dans la Notice statistique de 1902 ont pu être identifiés. Bien que remaniés, ils se trouvent certainement à leur emplacement d’origine. Protégés par une structure en bois, ils se situent tous les deux rue de la Cense : le premier au carrefour des rues du Plessis, de la Cense et de la Grande Rue ; le second en face du chevet de l’église, proche de la place publique.
Équipements communaux
La série O des archives départementales permet d’éclairer l’histoire de la construction des édifices communaux du Quesnel-Aubry.
En 1721, Mme Pocholles (ou Rocholles) fait don d’une maison pour y installer une école de charité pour filles avec un logement pour l’institutrice. En 1851, elle est transformée en école mixte. Toutefois, dix ans plus tard, elle est en très mauvais état et sa reconstruction, avec logement d’instituteur et salle de mairie, est décidée par la commune puis validée par le préfet en 1862. Les plans sont dressés par l’architecte Villain. Elle est bâtie sur un terrain communal, rue d’En Bas où elle se trouve toujours aujourd’hui. En 1878, un mur est construit autour du jardin et en 1903 un second côté « garenne » est élevé par Sélame, maçon domicilié à Bucamps. Enfin, un préau est installé en 1937.
Le presbytère se trouvait au n°18 rue Pauvrette. Le bâtiment en brique visible aujourd’hui est en réalité la reconstruction de l’ancien presbytère en 1880 par le maçon Sélame à Bucamps. C’est ce même entrepreneur qui édifie un mur de clôture en 1887 ainsi qu’un trottoir en 1903.
Après les deux guerres mondiales, des monuments commémoratifs sont érigés par la commune. Le premier est implanté dans le cimetière en mémoire des habitants morts pendant la Première Guerre mondiale. Le second est érigé à l’emplacement du crash d’un avion français lors d’un combat aérien avec sept chasseurs allemands en mai 1940. Cette stèle surmontée d’une croix se trouve dans un champ sur la route menant à Fresneaux.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).