Les usines textiles et d'habillement dans l'arrondissement de Compiègne - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

Chercheur au service régional de l'Inventaire de 1985 à 1992, en charge du recensement du patrimoine industriel.

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

A l´issue des recherches documentaires préalables au repérage, neuf usines textiles -filatures et tissages- et trois usines de confection ont été identifiées dans l´arrondissement de Compiègne. Cinq d'entre-elles ont été sélectionnées et ont fait l'objet d'un dossier d'étude.

L'activité textile se caractérise par le travail de plusieurs plantes ligneuses, comme le lin et le chanvre, dont Graves souligne encore l'importance dans les années 1830, notamment à Lacroix-Saint-Ouen, au Plessis-Brion, à Estrées-Saint-Denis ou à Cuise-la-Motte. L'activité y apparaît de manière saisonnière, après la période des moissons. Une grande partie des ateliers sont de petites unités de tisserands à domicile qui travaillent pour le marché local et écoulent leur production de toiles de chanvre sur les foires et les marchés de l´arrondissement (Lassigny, Ressons-sur-Matz, Roye-sur-Matz) et destinent une petite partie pour le marché parisien.

Progressivement, cette production de toiles de chanvre tend à être remplacée par celle des cotonnades, appelées rouennerie ou calicots. Elle forme un véritable foyer d'industrie cotonnière, qui associe aussi bien les filatures que le tissage. Le canton de Ribécourt-Dreslincourt possède à lui seul quatre manufactures de coton : deux à Carlepont (filature de coton et tissage Dulud Frères), une à Tracy-le-Val (filature de coton Bernard) et une autre installée dans l'ancienne abbaye cistercienne à Chiry-Ourscamp. Si là encore le recours au tissage à domicile reste important durant tout le 19e siècle, la volonté de regrouper les unités de filature, de carderie et de tissage est de plus en plus marquée au fil des décennies. De véritables ensembles industriels prennent corps et rassemblent plusieurs centaines d'ouvriers. La manufacture d'Ouscamp devient d'ailleurs l'usine du département de l'Oise qui emploie le plus d'ouvriers.

Dans la mesure où le coton employé arrive des Etats Unis par les ports du Havre et de Saint-Valery, l'implantation de ces filatures et fabriques de calicots s'affranchit des zones de ressources locales. Leur implantation est ainsi assez éloignée des zones agricoles, pour privilégier la rive gauche de l'Oise et la proximité de la forêt.

Contrairement au reste du département, l'industrie lainière est quasiment absente du territoire compiégnois, à l'exception de la commune de Carlepont, qui possédait une filature de laine importante (filature de laine peignée Lefebvre), dont l'activité n'a cependant pas été au delà du premier tiers du 19e siècle. Une autre petite filature (filature de laine Warnier) a existé également dans un ancien moulin à huile de Ressons-sur-Matz. Mais son activité s'est arrêté en 1840 et le site a été entièremennt remanié pour laisser place à une sucrerie.

Au 20e siècle, l'activité textile est surtout marquée par la filature de viscose de Clairoix, avant qu'un autre destin industriel se dessine pour le site à partir de 1936. Il en fut de même pour la Société Anonyme pour l'industrie lainière (SAPIL) à Ribécourt-Dreslincourt, fondée en 1924 et qui laissa sa place en 1929 pour permettre le développement d'une usine de produits chimiques.

AD Oise. Série M ; Mp 2404, 2440, 2447, 2479, 2481, 2509, 2538, 2567, 2573, 2561. Etablissements dangereux, insalubres ou incommodes.

AD Oise. Série P ; 3 P Pp 3376, 3536, 3732, 3935, 4009, 4121, 4122, 4145, 4152, 4417, 4636, EDT 96, 99, 99/ IG16. Matrice des propriétés bâties. 1882-1911.

Chambre Régionale du Commerce et de l'Industrie de Picardie. Panorama des industries de l'Oise, 1983.

BRANCOTTE, Didier. L'industrie brossière dans l'Oise. [s.l.] : association pour le musée des brosseries de l'Oise : 1989. Mémoire de maîtrise, 1989.

GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton d'Attichy, arrondissement de Compiègne (Oise). In Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1840.

GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Ribécourt, arrondissement de Compiègne (Oise). In Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1839.

GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton d'Estrées-Saint-Denis, arrondissement de Clermont (Oise). In Annuaire de l'Oise. Beauvais, Achille Desjardins, 1832.

GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Ressons-sur-Matz, arrondissement de Compiègne (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1838.

Chercheur au service régional de l'Inventaire de 1985 à 1992, en charge du recensement du patrimoine industriel.

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Annexe 1 : Liste complémentaire des filatures et tissages de coton documentés ou identifiés lors de l'enquête de 1990.

CARLEPONT

- Filature et tissage de coton Dulud Frères, fondée dans le canton en 1809 par M. Dulud père. De vastes ateliers furent construits à cette époque. MM. Dulud frères ont remplacé leur père dans la direction de la manufacture qui occupe, en 1839, 10 hommes, 10 femmes et 14 enfants. Les machines employées ont fait réduire le nombre des ouvriers, qui variait entre 60 et 75. Une machine à feu de la force de 6 cv est l´agent principal ; elle met en jeu 16 cardes, un grand laminoir 4 nouvelles machines à retordre et 13 métiers à filer, représentant environ 3.000 broches. Les cotons viennent des Etats-Unis par la voie du Havre. La production annuelle est évaluée à 40 à 45 t. Ce produit est employé à la confection du calicot qui est fabriqué au domicile des ouvriers et préparé à la manufacture. Le nombre de tisserands qui était de 60 à l´origine est de 125 en 1839. Les deux tiers appartiennent à Carlepont, le reste à Bailly et aux villages voisins. Cette entreprise est la cause principale de l´accroissement d´1/5e de la population depuis trente ans. 1850 : 1 machine à vapeur, 1 fourneau, 13 métiers, 7 machines diverses ; 1850 : 146 ouvriers. (Graves, Précis statistique sur le canton de Ribécourt, 1839, p 113-114.)

- Filature de coton Capelle Bayart (1815). La filature, fondée en 1815, fonctionnait avec 35 bobineuses et alimentait 130 tisseurs et tisseuses à domicile. Selon Graves, en 1839, la production est de 2500 pièces de calicots, 1500 de retords, 1000 de cotonnades, 500 de coutil, 500 de siamoises. (Graves. Précis statistique sur le canton de Ribécourt, 1839, p 114).

REMY

- Tissage de coton Flamant. Ce petit atelier de tissage, spécialisé dans la fabrication de calicots, est fondé en 1823 avec une dizaine d´employés. Mais dix ans plus tard, l´atelier ne fonctionne plus qu´avec un seul ouvrier et tente de faire évoluer la production vers le tissage de « siamoise » : étoffe associant coton et soie, souvent rayés et en imitation de mousselines. (Graves. Précis statistique sur le canton d´Estrées-Saint-Denis, 1838, p 102).

TRACY-LE-MONT

- Filature et tissage de coton et calicots Poittevin, fondé en 1806. En 1826, de nouveaux ateliers sont construits au bord du ruisseau, en complément des premiers bâtiments industriels, situés davantage sur les hauteurs du village. Cette implantation permet à la filature, munie de 15 métiers, de fonctionner avec un moteur hydraulique (Graves, Précis statistique sur le canton d´Attichy, p. 159). Mais à partir de 1845, Laurencot, nouveau propriétaire, convertit le site en brosserie. L´usine qui emploie 44 ouvriers en 1850, continue de fonctionner grâce à l´énergie d´une roue hydraulique (Brancotte, p. 19). La date de cessation d´activité de cette brosserie est inconnue.

TRACY-LE-VAL

- Filature de coton Bernard. Cette filature, qui emploie 8 ouvriers, est signalée en 1839 comme étant en cours de construction, mais ayant une capacité de production de 320 pièces par an (Graves. Précis statistique sur le canton de Ribécourt, 1839, p 113-116).

CARLEPONT

- Filature de laine peignée fondée par Lefebvre, manufacturier à Cires-les-Mello et Cramoisy. L´usine fonctionne avec 120 personnes. Mais vers 1835, Lefebvre est mis en liquidation. Son usine de Carlepont est reprise par le directeur Thuilleux-Objois, qui l´exploite alors pour son propre compte. L´effectif de l´usine est ramené à 45 personnes en 1839. L´entreprise, qui se fournit en laine de Reims ou de Paris, produit annuellement environ 1000 pièces (Graves. Précis statistique sur le canton de Ribécourt, 1839, p 116). L´industriel avait également formé une autre usine du même type avant 1839, et l´avait cédé à Casse. Cette seconde filature n´employait qu´une quinzaine de personnes et fabriquait 300 pièces par an (Graves. Précis statistique sur le canton de Ribécourt, 1839, p 116).

L´importance de l´industrie lainière à Carlepont est souligné également par la mention en 1817 d´un lavoir à laine (Graves. Précis statistique sur le canton de Ribécourt, 1839, p 116).

COMPIEGNE

- Tissage de jute Saint Frères (21, rue Béranger) succursale mentionnée dans la base INSEE des établissements industriels de 1962. Elle y emploie plus de 20 salariés.

LE PLESSIS-BRION, lieu-dit La Planchette

- Tissage de lin Maizier (lieu-dit le Montchevreuil et la Montagne à Grillons). Tissage sans doute présent en 1882 où Maizier est autorisé par arrêté préfectoral du 27 février 1882 à rouir du lin dans l´Oise (AD Oise ; Mp 2492/4). L´établissement est attesté l´année suivante, où le même propriétaire s´adresse à nouveau au préfet de l´Oise pour "continuer comme par le passé à procéder au rouissage en eau courante de ses lins", en précisant que "l´usine du Plessis-Brion occupe sur le bord de l´Oise deux espaces nécessaires pour sa fabrication, qui comporte au à peu près douze cent mille kilogrammes de lin chaque année, savoir : un espace de vingt mètres de longueur après du pont du Plessis-Brion ; un autre de deux cent cinquante mètres à Montchevreuil lieu-dit ; Montagne à Grillons. Une industrie qui répand dans le Plessis-Bourré plus de soixante mille francs de salaires annuels" (AD Oise ; Mp 2492/4 ; Pp 4070). En 1885, au moment où les bâtiments sont détruits en grande partie par un incendie, elle est la propriété de Mac Geagh et Cie. L´activité est arrêtée. La production reprend en 1889 sous la direction de l´industriel Desmazure.

MONCHY-HUMIERES

- Corderie Leviel (1831), fabricant des cordes de tille et de chanvre, établie en 1831 par M. Leviel. L´atelier artisanal n´emploie que deux ouvriers en 1838 et travaille à partir du chanvre acheté au marché de Compiègne (Graves. Précis statistique sur le canton de Ressons-sur-Matz, 1838, p 123).

COMPIEGNE

- Usine de confection Bremard vêtements (24, rue de la Préfecture) repérée sur la base INSEE de 1962, dans la catégorie des établissements industriels employant entre 20 et 49 personnes.

CUVILLY

- Usine de confection textile Helle Augustine Confection, (route de Flandre) repérée sur la base INSEE de 1962, sous cette appellation et convertie ensuite en usine de sacs en papier et cartonnage manuel de luxe, mais toujours dirigée par Helle et Lefebvre. EN 1983, l´usine emploie 30 salariés (Panorama des industries, 1983, p 141.)

LONGUEIL-SAINTE-MARIE

- Fabrique de cols et manchettes Brunschwig (Port-Salut). Usine de confection textile, spécialisée dans la fabrication de cols et manchettes, installée par Léopold Brunschwig (aussi orthographié Brunschivig), domicilié à Paris. Le site industriel, composé d´un atelier, d´un logement patronal et de logements ouvriers (9 ouvertures) est construit en 1875 et 1879. Avant 1880, Brunschwig est associé à Raudvitz (AD Oise ; EDT 99).

MARGNY-LES-COMPIEGNE

- Teinturerie Bellorgey-Chir (lieu-dit La Sablière, avenue de Clairoix). Etablissement fondé par Désiré Auguste Bellorgey-Chir, qui est imposé pour une construction neuve en 1895 et agrandie l´année suivante. (AD Oise ; Pp 4121, 4122).

Documents d'archives

Bibliographie

Annexes