Synthèse des observations sur les monuments aux morts
Sur les 13 communes du canton, seules 12 possèdent un monument aux morts. La commune de Saint-Clément n'ayant eu aucun mort, militaire ou civil, lors de la 1ère guerre mondiale, elle est l'une des rares communes de France à n'avoir pas édifié de monument commémoratif. Les morts de la 2e guerre mondiale et de la décolonisation sont célébrés sur celui de la commune voisine de Coingt.
Les 12 autres communes ont élevé des monuments qui vont de la simple plaque commémorative (Besmont, Logny-lès-Aubenton) à un ensemble plus conséquent, comportant socle, obélisque, décor symbolique ou figuré (palmes, coq gaulois, casque ou décoration militaire), clôture en fonte ou statue de Poilu. La modestie de la plaque commémorative de Besmont, apposée sur la mairie, a conduit la commune à s'approprier dans les années 1930 le monument funéraire de René Bador (étudié), jeune soldat mort au combat, dans le cimetière de Besmont et à le transformer en monument aux morts.
La date d'érection varie selon les communes, la première (27 septembre 1920) est celle de Leuze, les dernières (11 novembre 1923) sont celles de Landouzy-la-Ville et Coingt. Les différences de chronologie sont liées aux problèmes financiers et administratifs et aux choix par les conseils municipaux, des marbriers ou fondeurs. Les marbriers sont ceux que l'on retrouve pour les monuments funéraires civils, établis à Hirson : la dynastie des Laffineur, François et son fils Félix (Landouzy-la-Ville, Besmont, Mont-Saint-Jean, Aubenton, Leuze, Any-Martin-Rieux, Jeantes et sans doute Logny-lès-Aubenton), Arthur Leleux (Coingt, Iviers et peut-être Beaumé) . L' auteur du monument de Martigny n'a pu être identifié. Les statues de Poilu de Coingt, Iviers et Beaumé reprennent le modèle commercialisé par Jacomet et fabriqué par la Maison Camus de Toulouse. Aucun édicule ne présente une originalité iconographique qui puisse les distinguer d'autres monuments élevés dans d'autres communes, si ce n'est l'emploi de la pierre bleue.
Matériaux et typologie
L' ensemble des monuments aux morts repérés et étudiés est en pierre de taille calcaire de Tournai dite pierre bleue, à l'exception de la partie supérieure de celui d' Any-Martin-Rieux qui est en marbre noir veiné blanc, tout comme celui d' Aubenton et de Martigny. Ils comportent tous un décor en relief dans la masse. Deux de ces monuments sont des obélisques surmontés d'une croix de guerre (Jeantes et Any-Martin-Rieux), trois sont surmontés d'une statue en fonte de Poilu au repos ou dans le feu de la bataille (Beaumé, Coingt, Iviers, Landouzy-la-Ville). Celui d' Aubenton est surmonté d'un coq gaulois en fonte. Le monument de Martigny est un obélisque dont le seul décor est une palme en bronze. Ceux de Mont-Saint-Jean et de Leuze adoptent la forme d'un amas de rocher surmonté d'un tronc d'arbre décharné orné de symboles patriotiques. Cet amas de rochers est surmonté à Coingt et Beaumé d'une statue de Poilu. Les monuments aux morts comportent parfois une clôture en fonte (Aubenton, Iviers, Jeantes, Martigny, Mont-Saint-Jean, Landouzy-la-Ville). La plupart de ces monuments aux morts sont ornés d'éléments en relief rapportés en fonte ou en bronze.
Thèmes iconographiques représentés
Le soldat ou Poilu est représenté debout, l'arme à la main, semblant s'opposer dans un geste énergique à l'avancée ennemie (Landouzy-la-Ville), ou au repos, appuyé sur son fusil (Coingt, Beaumé, Iviers) . Les monuments en forme d'obélisque sont surmontés d'un coq gaulois (Aubenton) ou de la croix de guerre (Any-Martin-Rieux, Jeantes) . Le socle d'Aubenton comporte un buste en médaillon, de profil, d'un poilu casqué. Certains monuments, affectant la forme d'amas rocheux (Leuze, Mont-Saint-Jean, Coingt) surmontés d'un tronc d'arbre décharné couronné par la croix de guerre (Mont-Saint-Jean) ou pourvu d'un drapeau français (Leuze) . D'autres éléments, comme le casque, les feuilles de chêne, la couronne mortuaire ou autres symboles patriotiques figurent aussi sur certains monuments.
Photographe du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.