Le territoire de Jeantes s´étend, au sud de la Haye d´Aubenton, sur une superficie de 15,61 km2 et présente une densité de 13,65 hab./km2, inférieure à la moyenne du canton.
Le village de Jeantes se situe à 12,8 km d´Aubenton, ce qui représente un trajet à pied d´environ 2h 40 mn, et à seulement 3,3 km de Plomion (hors étude). Il est également séparé deCoingt par une distance de 2,9 km (soit un trajet à pied d´environ 35 mn), de Besmont par 6,7 km (1h 25), de Landouzy-la-Ville par 8 km (1h 40 mn) et de Martigny par 5 km (soit environ 2 h).
La population, qui s´élevait à 864 habitants en 1800, a progressé de 27% durant le 1er tiers du 19e siècle pour atteindre son maximum (1098 habitants) dès 1836, comme Saint-Clément et Iviers, et son seuil le plus bas (213 habitants) en 1999. Elle compte actuellement 215 habitants (recensement de 2006).
La notice rédigée par l´instituteur de la commune en 1869 souligne la baisse de population depuis 1845 ; celle de 1884 signale qu´il y a « une migration vers les centres industriels et [que] les familles nombreuses se raréfient ».
Le territoire communal est desservi par un réseau de voies secondaires aboutissant à la D 29 qui longe la forêt. Il est structuré par de nombreux ruisseaux formant des petites vallées.
Implantation du bâti
L´habitat est regroupé dans le village, qui comptait 292 maisons en 1866, et dans plusieurs hameaux, reliés par un réseau de chemins partiellement conservés :
- Coutenval, hameau représenté sur la carte de Cassini, qui compte 49 feux en 1824.
- Le Coq-Banni, qui compte 32 feux en 1824.
- La Longue-Rue de Bas, hameau représenté sur la carte de Cassini, qui compte 41 feux en 1824.
- La Longue-Rue de Haut
- La Sablonnière, hameau représenté sur la carte de Cassini, qui compte 69 feux en 1824.
- L´Epinette, ancien fief noble représenté sur la carte de Cassini, qui compte 12 feux en 1824.
Il existe également quelques fermes isolées :
- Jeantes-la-Cour (étudié) et Le Robinet, représentés sur la carte de Cassini.
- Nogémont
- La Folie, ferme détruite vers 1805, représentée sur la carte de Cassini.
Edicules et équipements
Jeantes a compté trois écoles primaires. Celle du village est installée dans une salle de la mairie, en 1899. L´école de la Sablonnière, ouverte vers 1845, a été supprimée à la veille de la Première Guerre mondiale. L´école de Coutenval, attestée en 1842, est transférée au hameau de Longué-Rue en 1853. Plus importante que celle du village, elle est reconstruite au début du 20e siècle, sur des terrains acquis en 1902.
Les sources conservées aux archives départementales (série R) mentionnent cinq fontaines en usage au lendemain de la Première Guerre mondiale : celles de Jeantes, où le lavoir est reconstruit en 1897, celle de Coutenval, reconstruite en 1889, celles de Longué-Rue et de la Sablonnière, enfin celle du Coq-Banni, dont la clôture est réparée en 1914.
Ces fontaines sont signalées sur la carte IGN :
- Fontaine Routelet
- Fontaine Bertaux
- Fontaine Sonnette
- Fontaine Saint-Martin
- Fontaine au Bac, proche des hameaux de Longué-Rue.
Artisanat et industrie
Les moulins disparus sont attestés par différents documents, trois sont représentés sur la carte de Cassini. Ceux de Jeantes (dont la carte IGN conserve le toponyme) et de la Cour-de-Jeantes étaient établis sur le ruisseau des Crénois ; celui du Robinet, sur le ruisseau de Nogemont. Le moulin de Barizeau, qui appartenait aux religieux de Saint-Nicaise de Reims, était construit en bois et couvert d´ardoises ; il est décrit comme ruiné en 1748. Le moulin à bacq appartenait au chapitre de Laon.
Une tannerie était en activité jusqu´en 1737, en aval du lavoir du village.
L´activité signalée par la statistique du contrôle de Vervins de 1830 est la fabrication de toiles.
La notice de l´instituteur sur la commune de Jeantes, rédigée en 1869, signale la présence d´une briqueterie.
En 1888, date de la seconde monographie sur Jeantes, deux moulins à farine sont encore en activité. Aux vanniers, déjà signalés en 1869, s´ajoutent les cordonniers et les bûcherons.
Le dernier tisserand a cessé son activité en 1892.
Habitat
La statistique du contrôle de Vervins de 1830 signale la présence de 245 maisons dans la commune.
La notice de 1869 signale un habitat très dispersé. Carpentier (1903) signale la diminution sensible du nombre de maisons, qui passe de 292 en 1866 à 229 en 1901.
Les maisons et les fermes recensées à Jeantes
Datation
Le nombre très important de dates portées sur l'habitat de Jeantes, quantitativement et statistiquement le plus élevé de l'ensemble du canton d'Aubenton, en fait vraisemblablement la commune la plus à même de se prêter à l'étude de l'évolution du bâti architectural. Si la présence d'une datation par brique vernissée de la 1ère moitié du 17e siècle s'explique par l'implantation de la ferme d'abbaye de Jeantes-la-Cour, seul édifice de ce type dans le canton, Jeantes a également conservé un habitat rural datant du 18e siècle. La grange datée de 1795 est la seule du canton d'Aubenton à porter une datation si ancienne. De même, la datation par essentage d'ardoise de 1821 sur une grange d'une ferme en fait l'exemple le plus ancien à avoir été recensé dans le canton. Les autres modes de datation, par fers d'ancrage, brique vernissée, inscription sur bas-relief calcaire, sont plus traditionnels. La date de 1902 en relief de brique, accompagnée des initiales du propriétaire, sur le mur pignon d'un logis est par contre unique. L'habitat de Jeantes est également marqué par la présence fréquente de fers d'ancrage représentant les initiales du propriétaire ou du constructeur. Si l'habitat en pan de bois et torchis est majoritaire pour la 1ère moitié du 19e siècle, la deuxième partie de ce siècle, marquée par d'actives campagnes de construction comme en témoigne l'abondance des chronogrammes, voit la généralisation de la brique comme matériau de construction.
Description
Certaines fermes présentent un appareil mixte brique et silex ou moellon calcaire et silex. L'habitat en pan de bois et torchis comporte un enduit ou un essentage d'ardoise et de planches, ce dernier élément étant le plus fréquent. Les solins sont en brique ou en silex. L'habitat de la 2e moitié du 19e siècle et de la 1ère moitié du 20e siècle est en brique. Il présente souvent une importante modénature architecturale en relief de brique. Outre pour les linteaux des ouvertures, la pierre bleue est également présente dans l'encadrement de portes, principalement du logis mais aussi de dépendances agricoles. La couverture est en ardoise, souvent complétée ou remplacée par de l'ardoise synthétique ou de la tôle ondulée. La totalité des types de datation portée est présente sur la commune de Jeantes. Si le type le plus fréquent de la forme de l'habitat est celui du logis et dépendances sous le même toit, certaines fermes offrent également celui de l'édifice à plusieurs corps de bâtiment formant cour fermée. La présence de pigeonnier-porche, encore en place ou actuellement détruit, est également attestée.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.