Le territoire d´Iviers s´étend, au sud de la Haye d'Aubenton, sur une superficie de 15,61 km2 et présente une densité de 23,9 hab./km2, supérieure à la moyenne du canton. Il est desservi par un réseau de voies secondaires aboutissant à la D 29 qui longe la forêt. Il est structuré par de nombreux ruisseaux formant des petites vallées.
Le village d´Iviers se situe à 7,6 km d´Aubenton, ce qui représente un trajet à pied d´environ 1 h 35 mn. Il est également séparé de Coingt par une distance de 4,7 km (soit un trajet à pied d´environ 1 h), de Saint-Clément par 6,3 km (1 h 15 mn), de Mont-Saint-Jean par 5 km (environ 1 h) et de Brunehamel (hors étude) par seulement 3,6 km.
Iviers était une des communes les plus peuplées du canton. La population, qui s´élevait à 1010 habitants en 1800, a progressé de 12% durant la 1ère moitié du 19e siècle pour atteindre son maximum (1140 habitants) dès 1836, comme Jeantes et Saint-Clément, et son seuil le plus bas (168 habitants) en 2006, date du dernier recensement.
Dans le village, un monument (étudié) a été élevé à la mémoire de l´aviateur Paul Codos, pionnier de l´aviation commerciale, né à Iviers le 1er mai 1896 et mort à Paris en 1960.
Implantation du bâti
L´habitat est regroupé dans le village et dans plusieurs hameaux, reliés par un réseau de chemins partiellement conservés :
- Corneaux : fief et maison attestée en 1439, signalé en 1657 comme cense et grand hameau avec moulin à eau et vivier. Le hameau compte 37 feux en 1824 et 189 habitants en 1842. On y signale un atelier fabrique de chaussure et une école, au début du 19e siècle.
Il existe une chapelle (étudiée) dans le hameau et une petite chapelle privée, également dédiée à Saint-Joseph, au Moulin de Corneaux, petite construction de 3 m sur 2 m élevée en 1868 pour le meunier Legros à la suite d´une apparition miraculeuse de la Sainte-Famille sur sa propriété.
- Aurieux
Il existe quelques isolés, notamment la ferme du Bois des Nuées (étudiée), élevée sur un site gallo-romain, et la chapelle Saint-Joseph construite en 1882.
Dans le village, la ferme dite Maison ou Cense de Carnière, est connue par une description du début du 17e siècle, qui indique la présence d'une retenue. Elle comprenait un logis à étage en briques et couvert d´ardoises avec tours, écuries, étables et fournil en briques couverts d´ardoises et une grange en pan de bois et chaume.
Il existait un château, élevé avant 1647 et décrit en 1720, comme « une maison bâtie de briques, couverte d´ardoises, contenant chambre haute, cuisine et chambre et grenier au-dessus ; bergerie, cour et jardin ». La propriété fut acquise en 1742 par Pierre le Proux qui fit partiellement démolir la demeure pour l´agrandir (date portée : 1744 en briques vernissées).
Inhabité depuis 1885, le bâtiment en briques couvert d´ardoises (de 18 m de long sur 9 m de large) ne présente aucun système défensif (ni tour ni fossé). Il comprend deux grandes pièces, une cuisine, une relaverie et une petite remise, au rez-de-chaussée, quatre pièces à l´étage, grenier et latrines dans les combles. La propriété comprend également une grange, un colombier assez vaste et des étables.
Il est construit à l´emplacement de la ferme Carnière par Catherine Le Picart ou 1744 par Leproux.
Les sources signalent également le fief disparu de Blanchesne, attesté en 1600 et affermé en 1611, date à laquelle existaient une maison en briques, grange, étable, cour et jardin, avec une retenue. Vendue en 1730, la propriété est encore appelée Château-Mercier en 1737.
En 1685, il existait à Iviers une petite communauté protestante regroupant cinq familles.
Edicules et équipements
Il existait trois écoles, deux dans le village et une au Corneaux.
L´école de garçons est installée momentanément dans l´église, en 1794, puis dans la mairie-école aménagée en 1857. L´école de filles, créée en 1848, est installée dans une maison acquise rue d´Aurieux, en 1878.
L´école mixte du Corneaux est installée en 1813 dans une maison louée pour cette destination, puis créée officiellement en 1843, au Franc-Bois. Elle sera transférée dans plusieurs maisons avant la construction d´un bâtiment et supprimée avant 1914.
En 1896, on dénombrait huit fontaines principales servant de lavoirs. Ces lavoirs se composent alors d´un bac de 3 à 6 m de longueur, formé d´un demi-tronc d´arbre creusé, qui reçoit l´eau à une de ses extrémités et qui s´échappe de l´autre.
La commune comptait quatre abreuvoirs, trois dans le village et un sur la place du hameau des Corneaux (cité en 1864).
Artisanat et industrie
Deux moulins établis sur la rivière de Blonde sont représentés sur la carte de Cassini. Un moulin à vent, décrit comme « tour de moulin en briques », fonctionnait au sud du village (toponymie) jusqu´à sa démolition en 1845 ; il dépendait du château, comme le moulin à eau, en 1620. En 1896, il reste un seul moulin à blé en activité sur la Blonde, entre Corneaux et Iviers.
Les autres moulins mentionnés sont :
- Le moulin Goujon, sur la rivière du même nom.
- Le moulin à eau d´Iviers, bâti de bois et couvert de paille, en 1720.
- Le moulin à vent de Corneaux, construit en 1833 et anéanti par l´ouragan de 1865.
- Le moulin à eau de Corneaux, attesté 1439, fonctionne jusqu´en 1879 ; il sera détruit par un incendie en 1892
- Le moulin Remoulu sur la rivière d´Iviers et le moulin à vent de Remoulu
La liste des cinq familles protestantes, vivant à Iviers en 1685, comprend un tailleur d´habit, un ouvrier de toile.
En 1791, sur les 47 volontaires, on compte 9 tisserands, 2 vanniers et 2 sabotiers mais également de nombreux métiers du bois 3 menuisiers et 3 charpentiers, 3 scieurs de longs et 2 fendeurs.
L´activité artisanale est encore attestée par la toponymie du cadastre napoléonien : dans les quartiers de Corneaux (Briqueterie Féré, la Poterie, la Briqueterie, le Moulin de Corneaux, Au-dessus de la Forge) et d´Aurieux (Poterie Féré, le Moulin à vent, le Chemin du Moulin au Bois, rue de la Vieille-Poterie). L´étang le plus important de la commune est également signalé à l´emplacement de l´ancienne briqueterie d´Aurieux.
Sont également signalées des poteries (rue de la Vieille-Poterie) ; celle du chemin du Bois, près du moulin Goujon, en activité jusqu´en 1887, est transférée chemin de Cuiry.
Il existait aussi plusieurs briqueteries. Seule, celle de Corneaux, en activité en 1896, pratique la cuisson à la houille.
En 1869, les principales activités dans la commune sont la saboterie et la fabrique de chaussures établie à Corneaux. Sa fermeture, en 1889, accentuera la baisse de la population.
En 1884, on signale encore la saboterie, une scierie au Corneaux, enfin la production d´osier pour les vanneries d´Origny-en-Thiérache.
En 1896, il ne subsiste que 44 cordonniers sur les 100 signalés en 1880 ; on compte 47 sabotiers, 17 vanniers, 18 bûcherons et 12 scieurs de long. Cependant, H. Carpentier déplore le défaut de communication ferroviaire qui « a contribué puissamment à enlever à Iviers les quelques industries qui y florissaient ».
Habitat
H. Carpentier indique dans sa monographie sur la commune, que jusqu´au milieu du 19e siècle, les maisons étaient construites en pan de bois hourdé en torchis sur fondations et solins de silex et de pierre blanche. L´essentage de planches ou « bauchage » qui protégeait les murs a souvent été remplacé par un enduit au mortier ou au plâtre. L´ardoise a progressivement remplacé le chaume en couverture à partir du milieu du 18e siècle ; en 1896 il ne restait que 5 maisons couvertes en chaume. En 1850, seuls l´église, le château et la maison du notaire étaient en briques. Les maisons construites en briques durant la 2e moitié du 19e siècle sont encore peu nombreuses.
Les maisons et les fermes recensées à Iviers
Datation
Le mur pignon d'une ferme reconstruite après 1950 présente un décor de brique vernissée qui pourrait dater du 18e siècle voire du 17e siècle. Le bâti d'Iviers date cependant majoritairement du 19e siècle. Le logis d'une des fermes porte une datation en ardoise sur l'essentage de sa demi-croupe. Ce mode de datation est l'un des plus anciens (1825) à avoir été repéré dans le canton d'Aubenton. Iviers est l'une des rares communes de ce même canton à ne posséder ni fermes ni maisons avec une datation par fers d'ancrage. Les matériaux traditionnels de construction et de mise en oeuvre ont été très dénaturés au cours de la 2e moitié du 20e siècle.
Description
L'habitat est en pan de bois et torchis, le plus souvent revêtu d'un essentage d'ardoise ou de planches. Un nombre assez important de logis de ferme comportent un essentage de planches, assemblées horizontalement dans le sens de la longueur, couvrant la totalité de l'élévation antérieure voire des autres élévations. Le type majoritaire de la forme de l'habitat est celui du logis et dépendances sous le même toit. Une seule ferme est à cour fermée.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.