Dossier d’œuvre architecture IA00067088 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • inventaire topographique, canton de Villers-Cotterêts
L'ancien château de Noroy-sur-Ourcq (détruit)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Sud de l'Aisne - Villers-Cotterêts
  • Commune Noroy-sur-Ourcq
  • Adresse 41, 43 rue Principale
  • Cadastre 1835 B1 109 à 124  ; 1987 B2 130, 132 à 136, 384, 385
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    parc, colombier, communs

Les rares documents qui représentent le château de Noroy ne permettent pas de remonter au-delà de la fin du 18e siècle et donc de retracer l'évolution de ce domaine avant la Révolution française. Les bâtiments ayant en outre disparu après le premier conflit mondial, on ne peut aborder cette propriété qu'à l'aide d'un plan joint au contrat de vente de la seigneurie en 1786, du plan-masse intégré au plan cadastral du village dressé en 1835 et de quelques photographies éditées en cartes postales vers 1900. D'après ces derniers documents, le corps de logis principal semble avoir été édifié au 17e siècle, puis encadré par deux petites ailes, construites dans son prolongement dans le premier quart du 18e siècle. Le colombier, dont subsiste encore le niveau inférieur, paraît contemporain de la construction centrale.

Contrairement à l'histoire du château, la liste de ses propriétaires est bien connue à partir du début du 17e siècle. Il s'agit d'une branche de la famille de Garges, dont les membres se succèdent en ligne directe par les hommes jusqu'au début du 18e siècle, puis en ligne directe ou collatérale par les femmes jusqu'à la seconde moitié du 18e siècle. En cette fin de l'Ancien Régime, les diverses parties de la seigneurie - fragmentée par des successions - ont été réunies par Louise Renée Pulchérie Gauné de Cazeau, mariée à Henri-Emmanuel de Lonlay, baron de Villepail (ou Villepaille). Toutefois, quand éclate la Révolution, la seigneurie de Noroy n'appartient plus au baron de Villepail, contrairement à ce qu'on peut lire dans tous les ouvrages consultés. Elle a été vendue le 3 juin 1786 à Claude-Christophe Lorimier de Chamilly, premier valet de chambre du roi Louis XVI, qui va accompagner le souverain à la prison du Temple, puis être condamné à mort le 23 juin 1794. À la différence d'autres châteaux de l'Aisne, aucun procès-verbal de visite d'époque révolutionnaire, permettant de connaître la distribution intérieure du logis seigneurial, n'est conservé aux Archives départementales. Il ne s'y trouve qu'un acte daté du 30 fructidor an 2 (16 septembre 1794), dressé lors de la vente à l'encan de quelques meubles et effets trouvés dans une chambre du château, peu après la condamnation à mort du propriétaire.

Les deux enfants du condamné héritent de ses biens à part égale. Mais sa fille, Adélaïde Marie Octavie Lorimier de Chamilly, se révèle créancière sur la succession bénéficiaire de son père. Décision est alors prise de vendre la terre de Noroy et de dédommager l'héritière avec le prix de la cession. Le 3 vendémiaire an 5 (24 septembre 1796), la vente a lieu au tribunal du département de la Seine, où Adélaïde Marie Octavie Lorimier de Chamilly peut ainsi racheter le château et les anciennes possessions de son père (fermes et terres) à Noroy.

Quand, devenue veuve de Louis Aymon de Pernon (administrateur général des Loteries), elle revend la totalité du domaine le 10 avril 1823 à sa fille Agathe-Aimée et à son gendre Théodore-Guillaume Marc de Saint-Pierre, aucune description du château n'est rédigée. L'acte mentionne seulement : "le château ou maison de chef, cour, jardin, bâtiments, clos et vergers". Il y est toutefois observé que la venderesse a fait construire une partie des bâtiments - du château comme des fermes -, soit en remplacement d'autres, soit par augmentation de la propriété. Peut-être faut-il comprendre dans ces travaux la surélévation du corps de logis central du château par un étage attique ?

Six mois plus tard (le 13 octobre 1823), le domaine est revendu à René-Claude Geoffroy, explorateur puis docteur en médecine de la Faculté de Paris, et à son épouse, Angélique-Ambroise Germain, issue d'une célèbre famille d'orfèvres parisiens et sœur de l'éminente mathématicienne Sophie Germain.

La comparaison entre le plan joint à l'acte de vente de 1786 et le plan cadastral de 1835 révèle quelques-unes des modifications subies par la propriété au cours de ce demi-siècle, sans qu'il soit possible de les dater plus précisément. Si l'ancien logis seigneurial en fond de cour a conservé le même plan-masse, en revanche, les écuries et granges qui bordaient la cour sur les trois autres côtés ont été partiellement détruites ou transformées. Enfin, la pointe occidentale du domaine - jadis dépourvue de bâtiments - est désormais occupée par plusieurs petites constructions.

Par la suite, la documentation nomme, à l'occasion, certains propriétaires du château, tel Henri du Trochet ou Dutrochet - second mari d'Angélique-Ambroise Germain -, savant naturaliste qui aurait aménagé un laboratoire au château. Bien qu'aucune information ne l'assure, il est possible que le château ait continué à faire partie des biens de Madame Dutrochet jusqu'à sa mort, survenue le 26 janvier 1875.

Après cette date, le domaine passe dans les mains de Louis-Alexandre Yvon (parfois nommé d'Yvon) - ancien inspecteur du mobilier de la Couronne - et de son épouse Mary Ann Smith, jusqu'au décès de cette dernière le 7 février 1892. Le château leur doit la construction de communs vers 1876, campagne de travaux pour laquelle est à nouveau exploitée la carrière de pierre à bâtir du village. L'instituteur, qui donne cette précision dans les monographies communales, laisse entendre que le parc a été sans doute réaménagé vers la même époque, puisqu'il s'y trouve dans les années 1880 deux petits étangs "de construction récente" alimentés par des sources. Les dernières transformations apportées au bâtiment précèdent de peu 1914 et consistent dans l'embellissement des trois lucarnes centrales donnant sur le parc, travaux dont le commanditaire n'est pas encore identifié, mais que révèle la comparaison entre diverses cartes postales.

Le domaine est ravagé par les bombardements et les combats de la Première Guerre mondiale, et les restes du château sont rasés lors de la reconstruction du village. Il n'en subsiste que le niveau inférieur du colombier et quelques communs, ces derniers fortement restaurés, voire reconstruits. Des bâtiments modernes ont été édifiés sur l'emplacement du château, après 1987 puisqu'ils ne figurent pas encore sur le cadastre de cette année-là.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle , (détruit)
    • Secondaire : 1er quart 18e siècle , (détruit)
    • Secondaire : 1er quart 19e siècle , (incertitude), , (détruit)
    • Secondaire : 4e quart 19e siècle , (détruit)
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle , (détruit)
  • Auteur(s)

Le domaine, qui s'étendait au sud de la rue Principale, occupait un terrain en déclivité entouré d'un mur. D'après le plan de 1786, une allée perpendiculaire bordée d'arbres, donnait accès à la rue principale du village, puis à la cour rectangulaire du château, presque entièrement bordée de bâtiments. Au nord-ouest, le long de la rue, prenaient place des écuries, une remise et une lingerie, de part et d'autre de l'entrée centrale. Deux granges se faisaient face sur les côtés de la cour, tandis qu'en fond de cour se dressait le logement seigneurial. Un colombier circulaire avoisinait la grange nord-est. À l'exception du colombier surmonté d'un toit qui paraît conique, tous les bâtiments étaient couverts de toits à longs pans et à croupes, en tuiles.

Le château était encadré par plusieurs clos, l'un d'entre eux accueillant la glacière. Au sud-est, le logement seigneurial ouvrait sur une longue et étroite terrasse, puis sur plusieurs jardins pourvus en eau par des bassins. La terrasse se prolongeait par une cour irrégulière qui renfermait une fontaine alimentant un lavoir et un canal. Au sud de ce cadre naturel très compartimenté, le terrain était occupé par une vigne et deux clos, dont un de vaste étendue.

D'après la description de l'instituteur, illustrée par les cartes postales éditées avant la Première Guerre mondiale, l'habitation comprenait un corps de logis central rectangulaire de 14 m sur 8 m, de quatre travées, formé d'un étage carré surmonté d'un étage attique, puis d'un toit à longs pans et pignons couverts. Deux petites ailes plus basses et symétriques de 8 m sur 8 m s'adossaient aux deux murs-pignons, implantées en léger retrait du côté de la cour et en légère saillie du côté du parc. Ces ailes, de deux travées sur le parc, ne possédaient qu'un étage carré et étaient couvertes d'un toit à deux pans et à croupe. Elles étaient prolongées par deux constructions de moindre hauteur, l'une en rez-de-chaussée avec un étage en surcroît, et l'autre en simple rez-de-chaussée.

Les vues d'ensemble reproduites sur les cartes postales ne permettent pas de bien distinguer les matériaux de construction. Comme le suggère la présence d'un enduit, les murs étaient vraisemblablement bâtis en moellons de calcaire et de grès - appareil mixte caractéristique du village - avec des chaînages en pierre de taille calcaire. Les toitures des parties visibles semblaient principalement réalisées en tuile plate. Les façades étaient presque entièrement dépourvues de décor, ce dernier consistant en bandeaux moulurés séparant les différents niveaux, en chaînages harpés, et en quelques devants de lucarne ornementaux du côté du parc.

Il ne subsiste actuellement que le niveau inférieur du colombier circulaire, édifié en moellon de calcaire et de grès avec chaînages harpés, et couvert d'un toit polygonal en tuile plate.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • grès moellon enduit
    • appareil mixte
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    2 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit à deux pans croupe
    • toit polygonal
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • AN. Série MC (minutier central des notaires de Paris) ; sous-série étude XXXV : MC/ET/XXXV/1071 (notaire : Pierre-Amable Viault ; avril-juin 1823).

    Acte du 10 avril 1823 : Vente de la terre de Noroy par Adélaïde Marie Octavie Lorimier de Chamilly, veuve Pernon, à M. et Mme Marc de Saint-Pierre.
  • AN. Série MC (minutier central des notaires de Paris) ; sous-série étude XCII : MC/ET/XCII/915 (notaire : Jean-Louis Bro ; juin-juillet 1786).

    Acte du 3 juin 1786 : Vente de la terre de Noroy par M. et Mme de Villepail à M. de Chamilly.
  • AN. Série MC (minutier central des notaires de Paris) ; sous-série étude XCVII : MC/ET/XCVII/744 (notaire : Henry Agasse ; octobre-décembre 1823).

    Acte du 13 octobre 1823 : Vente de la terre de Noroy par M. et Mme Marc de Saint-Pierre à M. et Mme Geoffroy.
  • AD Aisne. Série Q (Documents de la période révolutionnaire) : Q 859 (Meubles ; procès-verbaux d'adjudication, novembre 1792-fructidor an II).

    Dossier 1 : Lorimier Chamilly, condamné.
  • AD Aisne. Série T (Enseignement, affaires culturelles, sports) ; Sous-série 13 T : 13 T 323 ([Anonyme]. Département de l'Aisne. Arrondissement de Soissons. Canton de Villers-Cotterêts. Commune de Noroy-sur-Ourcq. Monographie. [ca 1884], non paginé).

  • AD Aisne. Série T (Enseignement, affaires culturelles, sports) ; Sous-série 13 T : 13 T 324 ([Anonyme]. Aisne. Arrondissement de Soissons. Canton de Villers-Cotterêts. Monographie de la commune de Noroy-sur-Ourcq. Monographie. [1888], non paginé).

Bibliographie

  • CHOLLET, abbé François. Un serment mal gardé ou Villers-Cotterêts et ses environs. Villers-Cotterêts : Obry, libraire ; Soissons : Mme Lalance, libraire, 1853.

    p. 135-136.
  • ECK, Francis. Il était une fois des châteaux dans l'Aisne... Coll. Histoires de l'Aisne. 2 volumes. Laon : Graines d'Histoire, 2003-2004.

    t. 1 (Du Moyen Age au XVIIIe siècle), p. 95.
  • MICHAUX, Alexandre. Histoire de Villers-Cotterêts. La ville, le château, la forêt et ses environs. Deuxième édition, augmentée et mise au courant des événements jusqu'en 1885. Paris : Marchal et Billard, libraires-éditeurs, 1886.

    p. 176.
  • NEZELOF, Christian. Un chercheur dans son jardin : Henri Dutrochet (1776-1847), le découvreur de la cellule. La Revue du Praticien, 2003, n° 53, p. 588-592.

    p. 592.
  • SEYDOUX, Philippe. Gentilhommières des pays de l'Aisne. Tome 2 : Soissonnais, Tardenois, Brie. Paris : La Morande, 2013.

    p. 145, 265.

Documents figurés

  • PLAN DU CHATEAU DE NOROY, dessin à l'encre aquarellé, sur papier à dessin, [sn], 1786 (AN : MC/ET/XCII/915).

  • Noroy. Plan cadastral parcellaire [cadastre napoléonien]. Section B des grandes grèves, 1ère feuille (n° 1 à 377), Demoulin, géomètre du cadastre, encre et lavis sur papier, terminé sur le terrain le 10 juin 1835, 1/2500 (AD Aisne : E_Dépôt_0411_1G1_03).

  • NOROY-SUR-OURCQ. - Le Château, carte postale, Béfort-Dupuis, imprimeur-libraire à La Ferté-Milon, [vers 1910] (coll. part.).

  • NOROY-sur-OURCQ avant 1914 - Entrée du Château, carte postale, Laroche, éditeur, [vers 1914] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 1985; Date(s) de rédaction : 1989, 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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