L'ancienne église paroissiale Saint-Martin "simple et vieille, a été construite au XIIe siècle et restaurée au XVIe". Cette brève description, rédigée par Alexandre Michaux dans le troisième quart du 19e siècle, est peu étoffée par les rares auteurs - parfois très sévères - qui ont mentionné l'édifice. On n’en connaît aucun plan détaillé, dessin ou description, qui soit antérieur au milieu du 19e siècle. À la fin du 18e siècle, L'abbé Houllier, peu intéressé par l'apparence des lieux de culte, signale juste l'existence de deux cloches dans un clocher implanté sur la nef.
Dans le tableau de la paroisse qu’il brosse en 1805, le desservant souligne uniquement l’état désastreux de l’édifice. La toiture et le clocher qui menacent ruine sont à réparer de toute urgence, leur dégradation ayant été accrue par un ouragan en décembre 1803. Les délibérations du Conseil municipal, qui ne sont pas conservées avant 1821, ne permettent pas de connaître les suites immédiates données à cet alarmant constat. Toutefois, d’importants travaux concernant la nef sont entrepris en 1825. Les délibérations du Conseil municipal n'apportent malheureusement aucune précision sur l’étendue de cette intervention. Le cahier des charges qui y figure spécifie juste que les candidats devront avoir "des connaissances dans l'art de construire", qu'il s'agit d'effectuer des constructions neuves et que ces travaux devront être réalisés dans l'espace de quatre mois. Même si la monographie communale rédigée dans les années 1880 évoque alors une reconstruction complète de la nef, il faut plutôt comprendre cette campagne de travaux comme une réédification partielle ou un renforcement de maçonneries déficientes. La conservation de la voûte en berceau lambrissée, attestée par Leclercq de Laprairie en 1862, et l'apparence assez homogène de la façade, transmise par le dessin d'Amédée Piette en 1875, en témoignent.
D’après les rares documents qui s’y rapportent, l’église, vers le milieu du 19e siècle, est un édifice de plan rectangulaire, bâti en pierre. Elle est protégée par un toit à longs pans, à pignon découvert (au moins du côté de la façade), réalisé sans doute en tuile plate. Un clocher en charpente, coiffé d’une flèche carrée en ardoise, surmonte la nef. Le monument se compose d’un chœur de plan carré, à chevet plat, voûté d’ogives, bâti au 12e siècle. Ce chœur est prolongé à l’ouest par une nef de quatre travées, voûtée en berceau avec charpente apparente et lambris de couvrement. La nef, qui date au plus tard du 16e siècle et a donc été restaurée en 1825, est longée au nord par un unique bas-côté "de style ogival", généralement daté du 16e siècle. L’église se complète d’une sacristie, antérieure au 19e siècle, qui prend place, soit à l’arrière du sanctuaire, soit (plus probablement) sur son côté. Comme le révèle le dessin d’Amédée Piette, le comble est accessible, depuis l’élévation nord, par une porte ménagée à la base de la toiture, peut-être desservie par un escalier extérieur en pierre – comme semble l'indiquer le dessin d'Amédée Piette. Un cimetière clos de murs précède l’édifice, voire l’entoure en partie.
Malgré les travaux réalisés en 1825, l’église manque de solidité et le maire doit se résoudre à en interdire l'accès en mai 1887. Dans le courant des mois suivants, un architecte et un entrepreneur élaborent plusieurs projets allant de la réparation intégrale - et onéreuse - à la suppression partielle de l’église, solution plus économique. Finalement, obligé de désigner un architecte chargé de dresser les plans, devis et cahier des charges, le conseil municipal confie la responsabilité des travaux à l'architecte cotterézien Émile Pottier le 27 octobre 1888 et approuve son projet le 18 novembre suivant. Pendant que la municipalité aux revenus modestes se préoccupe de trouver le financement des travaux, un pavillon dépendant du château de Noroy est aménagé en oratoire en 1889, pour les besoins du culte catholique. Grâce à une aide financière de l’État et après un ajustement du projet, les travaux commencent en avril 1890. Les besoins d’agrandissement du cimetière, soulignés avec insistance par la population, sont alors résolus par la suppression de la première travée occidentale de l’église. Le bâtiment rénové - entièrement reconstruit ou presque - est enfin rendu au culte le 15 novembre 1891.
Les bombardements de la Première Guerre mondiale détruisent cet édifice, n’en laissant que des pans de murs disloqués. La clôture et la croix en pierre du cimetière partagent le même sort. Au lendemain du conflit, les parties ruinées de l’église sont démolies en ne laissant que quelques traces au sol, puis un nouveau lieu de culte est édifié à partir de 1928 en face de la mairie-école. En revanche, le cimetière, restauré lui-aussi à partir de 1928, a été conservé au même emplacement et sert depuis de cimetière communal.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.